mercredi 5 décembre 2012

Les Contes de Terremer (2006)

Premier long-métrage d'animation de Gorô Miyazaki, fils du maître Hayao Miyazaki. Ce dernier cherchant toujours désespérément un successeur, pour prendre sa relève.

Les Contes de Terremer est l'adaptation du troisième volume du cycle de Terremer, roman médiéval fantastique d'Ursula K. Le Guin

Ce projet d'adaptation par le Studio Ghibli ne date pas d'aujourd'hui, en 1984, Hayao Miyazaki, venant de terminer la production de Nausicaa de la vallée du vent, avait fait une demande pour l'achat des droits, mais l'auteure a déclinée, ne connaissant pas le travail du maître. 

Au début des années 2000, La romancière tombe sous le charme de l'univers du réalisateur. Cette dernière décide de le contacter en 2003, suite au succès aux oscars du Voyage de Chihiro, pour adapter son oeuvre.

Gorô Miyazaki, utilise également quelques éléments du Voyage de Shuna de son père, graphic-novel (Roman) de 156 pages, récit pré-publié dans Animage en 1983 posant les futures  bases de Nausicäa de la Vallée du Vent & de Princesse Mononoke

En 2005, la production des Contes de Terremer débute. Malheureusement, elle devient vite chaotique, Hayao Miyazaki refuse catégoriquement que son fils réalise ce métrage, le jugeant novice de l'animation. Les conflits s’enchaînent à répétitions notamment sur les choix artistiques, le patriarche claque la porte. D'ailleurs Toshio Suzuki, producteur, jouera souvent entre la rivalité des deux parties, alimentant ainsi la promotion du film.

Outre Atlantique, Ursula K. Le Guin, est finalement déçu d'apprendre que le maître ne s'occupe pas, lui même du long-métrage, confiant son œuvre à un débutant ... Lors de la projection, Miyazaki père sort de la salle au bout d'une heure de film, alimentant ainsi, les critiques négatives de la presse nippone.


Sur le continent de Terremer, la peur s'installe, des évènements étranges se produisent, la sécheresse s’accrut, les récoltes pourrissent & même les dragons se dévorent entre eux. Quelqu'un ou quelque chose d'inconnu, détruit petit à petit l'équilibre et la paix des royaumes ... Nous faisons connaissance d’Épervier, un mage et du prince Aren, exilé de son royaume, tout deux partent à la recherche de l'origine du mal ...


Les Contes de Terremer est une œuvre malheureusement bancale. Ce premier long-métrage de Gorô Miyazaki à des problèmes de narration dans son déroulement. Le spectateur a du mal à cerner Aren et ses troubles schizophréniques, même si le réalisateur novice avoue en entretiens, le personnage est entre une quête identitaire et une crise d'adolescence, le syndrome anti-héro à la Shinji Ikari, touche le Studio Ghibli... N'oublions pas, Hideaki Anno (Réalisateur de Neon Genesis Evangelion) est un ami proche de la famille.

Le déroulement de l'intrigue est assez sombre, le métrage ne disposant d'aucun humour, contrairement au autres œuvres du studio. Sur certain point, le scénario nous montre la noirceur de l’âme humaine notamment avec les marchands d'esclaves ou encore Arachneide, méchant diabolique au design gothique... Miyazaki fils, montre au spectateur qu'il est assez loin de l'esprit des films d'aventure/comique, un peu enfantin de son père, le jeune novice revenant plus à l'esprit sérieux d'un Nausicaä de la Vallée du Vent.


La tour de Babel de Pieter Bruegel l'Ancien.
Autre déception, la mise-en-scène : Les graphismes et l'animation sont assez simplistes, et peu détaillés, les Contes de Terremer à même quelques légers mouvements saccadés par moment, chose extrêmement rare pour une oeuvre du studio, certainement dû à des réductions de plan demandé par Toshio Suzuki lors de la production pour maintenir les délais. Mais certaines scènes de full animation sont présentes, pour les amateurs de sakuga, malheureusement, il faudra attendre à la toute fin, lors du duel Aran & Aracneide.



Le travail sur les différents décors est magnifiques, certainement les plus beaux du studio Ghibli. L’architecture de la cité est inspiré par plusieurs grandes toiles, comme la tour de Babel de Pieter Bruegel l'Ancien. N'oublions pas que Gorô Miyazaki est urbanisme & architecte de métier, le jeune cinéaste a d'ailleurs dessiné les plans du Musée Ghibli.

Une chose ma frappée au visionnage des Contes de Terremer, outres les références évidentes Au Voyage de Shuna. Le long-métrage fait penser à Horus prince du Soleil, d'Isao Takahata, un des fondateurs du Studio Ghibli, ou au manga de Nausicäa de la Vallée du Vent. Gorô Miyazaki a-t-il voulu rendre un hommage aux premières œuvres de son père & de son ami ?! Certainement.

Les Contes de Terremer est un long-métrage médiocre pour un film du studio Ghibli, malheureusement dû certainement à une production malade & calamiteuse. Mais ce n'est pas tout Gorô Miyazaki a certainement voulu faire trop d'hommage aux oeuvres de ses maîtres - Isao Takahata son père -, le jeune homme c'est perdu en cours de route, en racontant au fond une histoire peu passionnante... Pour résumé : Un Ghibli moyen / un bon film d'animation.

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