dimanche 24 juin 2012

New-York 1997 (1981)

Réalisé deux ans plus tôt que Les Guerriers de la Nuit de Walter Hill, John Carpenter signe avec New-York 1997 un véritable comics-book d'anticipation décrivant la déliquescence d'une grande mégalopole. Et tout comme son confre, le B-Movie est porteur du regard aiguisé d'un cinéaste sur la société Américaine.

Méprisé par la critique de l'époque comme réalisateur de "seconde zone", Big John n'a pourtant jamais cessé d'inventer ou de se réapproprier le 7éme Art. Sa réponse au Psychose d'Alfred Hitchcock donne Halloween, la Nuit des Masques, le cinéaste devient ainsi l'un des pères fondateurs à la fin des seventies, du Slasher Movie - Genres particulier du film d'horreur -, sa créature, Michael Myers, est le premier Boogeyman moderne de l'histoire du cinéma, inspirant par la suite d'autres croque-mitaines comme Jason de la saga Vendredi 13. Grand cinéphile devant l'éternel, bercé par les Westerns de l'Âge d'Or Hollywoodien John Carpenter transcende son hommage du Rio Bravo d'Howard Hawks avec son Western Urbain, Assaut.

Scandalisé au début des seventies par l'affaire du WaterGate. John Carpenter rédige, en 1976, sous l'impulsion du moment le scénario de New-York 1997. Le cinéaste prend rendez-vous avec différents studios de cinéma de Los Angeles, le verdict tombe : "Trop violent, trop effrayant, trop bizarre". Big John range son script dans un tiroir en attendant le moment propice... Après avoir eux quelques beaux succès et une certaine notoriété à Hollywood, le réalisateur remet sur la table son projet. L'Avco Embassy, voulant garder son poulain après Fog, décide de financer ce long-métrage en lui laissant carte blanche. Mais le caractère gauchiste de John Carpenter pose problème au studio, surtout en transformant Manhattan, l'un des symboles économique du pays, en prison forteresse. Les producteurs cherchent alors à adoucir certains passages ou personnages jugés trop anarchistes à leurs yeux. Mais le cinéaste tient bon, en arrivant tout de même à imposer sa vision.


Pour le rôle du célèbre Snake Plissken, le réalisateur recrute Kurt Russel, comédien échappé de l'écurie des films familiaux de Walt Disney Company, ce dernier veut briser son image. Avec l'anti-héros de New-York 1997, l'acteur effectue un tournant à 180 degré, une belle prise de risque dans laquelle, l'homme au bandeau devient alors son tremplin parfait, pour la suite de sa carrière.

 













Affiche Italienne
Dans un 1997 dystopique, Air Force One, l'avion présidentiel, s'écrase en plein coeur de Manhattan. Cette partie de la mégalopole de New-York, est devenue une véritable prison forteresse depuis l'explosion de la criminalité aux États-Unis depuis 1988. Seul espoir des autorités pour retrouver le président Américain est d'envoyer Snake Plissken. Le responsable de la sécurité Bob Hauk convoque alors l'ancien membre des forces spéciales devenu depuis un redoutable criminel. Le prisonnier accepte à contre coeur la mission, en échange de sa grâce. L'homme dispose de vingt-quatre heures pour rechercher le dirigeant dans une ville ou l’anarchie et la loi du plus fort règne.

Scénario écrit à quatre mains par John Carpenter, & son fidèle collaborateur Nick Castle - Réalisateur de Starfighter, également comédien à ses heures perdues en interprétant Michael Myers dans Halloween, la Nuit des MasquesL'idée d'origine est basée sur le souvenir d'un vieux roman de Science-Fiction.




L’œuvre de Big John est inscrite dans les eighties avec ce regard pessimiste sur notre propre futur "proche". Bien des longs-métrages de cette décennie abordent également cette thématique, de Terminator, à Blade Runner en passant par RoboCop.

New-York 1997 est une dystopie, offrant une critique sur les institutions des États-Unis. John Carpenter livre ici son œuvre la plus politique et antimilitariste jusqu'alors. La plongé de Snake Plissken dans l'enfer de Manhattan devient une autopsie de cette Amérique qui vient de porter Ronald Reagan au pouvoir, Amérique de la ghettoïsation dont l'île prison n'est qu'une extrapolation à peine exagéré...  Cet anti-héros icône libre & anarchiste, refuse d'obéir dans un premier temps aux ordres du gouvernement incarné par Bob Hauk. L'ancien membre des forces spéciales accepte finalement le contrat par pur intérêt personnel et non par patriotisme. Ce tueur froid, sans conscience, n'hésite pas à abattre tout ceux lui barrant la route, écrasant ses ennemis sans remord… La parfaite machine de guerre Américaine. À la fin, Snake Plissken ne rend pas service à sa patrie en sauvant le monde à sa façon, en privant les politiques et les militaires du feu nucléaire.

Cet anti-héros charismatique et légendaire, digne des cow-boys de Sam Peckinpah, devient ainsi l'un des portes étendards d'une génération de cinéphile, d'Hideo Kojima (la saga Metal Gear Solid) à Marvel Comics (Nick Fury) en passant par Luc Besson, cinéaste & producteur décrié avec Banlieue 13.

Véritable aventure d'anticipation aux airs de "Western Urbain" avec notre "lonesome cow-boy" allant en territoire "peau-rouge". Après AssautJohn Carpenter offre à nouveau un vibrant hommage à ce genre mythique du cinéma Hollywoodien. L'intrigue de New-York 1997, est similaire à celle de La Prisonnière du Désert de l'immense John Ford - Un héros  à la recherche d'une personne prisonnière dans un milieu hostile. Comme cette fameuse réplique "Je te croyais mort Snake" comme si notre anti-héros était une figure mythique de la légende de l'Ouest surgissant soudainement des brumes du passé Américain. Mais les temps ont changé, le héros incarné en son temps par John Wayne ou Garry Cooper est devenu un personnage cynique, amoral, qui pousse encore plus loin les limites déjà franchies par les modèles de Snake Plissken que sont l'homme sans nom de la Trilogie des Dollars ou L'inspecteur Harry.

Avec un budget dérisoire de six millions de dollars, Big John transforme un vulgaire B-movie, à première vue, en ambitieux Blockbuster. Tourné en CinémaScope, format de prédilection de son cinéaste. Sa mise en scène est une leçon de cinéma : Découpage dynamique, minimum de plan avec emploi de travellings, scènes d'actions efficaces et lisibles…

La photographie maîtrisée de Dean Cundey (Retour vers le Futur, Jurassic Parknous confronte réellement dans cet avenir sinistre. Conférant ainsi une ambiance apocalyptique de ce New-York futuriste, par ce bi-chromatique lugubre, sa noirceur implacable mêlée à des couleurs vives irréelles. Atmosphère encouragée par des effets-spéciaux certes vieillissant, des Matte-Paintings - Participation de James Cameron à la peinture - et de nombreuses maquettes pour accentuer l'envergure de la mégalopole Américaine.


New-York 1997 possède de véritable gueules. Le chanteur de Soul-MusicIsaac Hayes, convaincant maître de Manhattan. Brain, l'ancienne connaissance de Snake Plissken interprété par Harry Dean staton (Alien, le 8éme passager), sa petite amie Maggie est incarnée par Adrienne Barbeau - Compagne du cinéaste à l'époque - & le président des États-Unis est le comédien Donald Pleasance, un habitué de Big John depuis Halloween, La Nuit des Masques. A noter, la participation en narratrice de Jamie Lee Curtis - Laurie Strode dans la saga Halloween. 

John Carpenter prouve son amour aux Westerns en engageant deux artistes incontournable du genre. Adorateur des longs-métrages de Sergio Leone, le cinéaste veut absolument dans son œuvre, Lee Van Cleef - Le machiavélique Sentenza dans Le bon, la Brute et le Truand - L'acteur interprète Bob Hauk, responsable de la sécurité. Quand à Cabbie, le chauffeur de taxi féru de jazz, celui-ci est l'une des gueules mythiques du cinéma Hollywoodien : Ernest Borgnine La Horde Sauvage de Sam Peckinpah -.


À la composition on retrouve bien évidemment John Carpenteraidé cette fois par Alan Howarth. Ses différentes mélodies électroniques épousent parfaitement l'atmosphère menaçant & inquiétant du ghetto de Manhattan.

Témoignage de l'époque "No Future", New-York 1997, est une B-movie d'anticipation aux allures de Blockbusters. Oeuvre aujourd'hui culte, véritable pierre angulaire dans sa filmographie, le cinéaste offre aux spectateurs un vibrant hommage à son genre de prédilection : Le Western. Quand à l'homme au bandeau, l'iconique Snake Plissken, ce cow-boy solitaire est de nos jours devenu une icône de la culture populaire & cinéphilique.

Affiche Américaine

Affiche japonaise

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