lundi 19 mai 2014

Godzilla (2014)


Legendary Pictures & Warner Bros raniment le monstre sacré inventé par Tomoyuki Tanaka et le studio Toho : Godzilla. Le père fondateur d'un nouveau genre sur l'archipel, le Kaiju-EigaSa date de sortie en Mai 2014, coïncide avec soixantième anniversaire de la sortie du long-métrage d'Ishiro Honda

Une nouvelle tentative Américaine donc, après la désastreuse adaptation de Roland Emmerich, en 1998. Garreth Edwards est rattaché au projet, ce jeune cinéaste Anglais est connu pour son film indépendant Monsters. Alors réussite ou échec ?

Le scénario a été écrit par David S. Goyer - scénariste connu pour sa participation à la trilogie Batman de Christopher Nolanavec l'aide de Max Boreinstein & David Callaham. De son coté le cinéaste Frank Darabont, - La ligne verte & Les évadés - retravaille l'intrigue principale.

Mais en Mars 2011, la catastrophe nucléaire de Fukushima freine la production du long-métrage. Ce dernier est encore au stade de pré-production "il a fallu choisir : renonce-t-on a faire un film sur la radioactivité et le Japon, ou assume-t-on ce sujet au sein de notre film ? Mais c'est le boulot de ce genre de films de refléter les problèmes de leur temps" Avoue Garreth Edwards. Du point de vue, esthétique, le célèbre monstre retrouve sa forme originelle, grâce à la participation des artistes de Weta Workshop et de l'acteur Andy Serkis, pour la captation des mouvements.



En 1999 au Japon, le physicien nucléaire Joseph Brody est victime d'un drame familiale. Sa femme meurt dans l'effondrement d'une centrale. Quinze ans après cette épreuve douloureuse, qui a irradié la région. Le scientifique refuse de croire à la thèse officielle, évoquant un tremblement de terre. L'homme, accompagné de son fils Ford soldat dans la Navy, se rend dans la zone de quarantaine. La-bas, ils découvrent un monstre endormi dans un cocon, surveillé par l'organisation Monarch, mais bientôt la sécurité de l'archipel Nippone est en danger.

Apres Monster, Garreth Edwards reste tout de même proche de ses thématiques collant de près à ses pères : Steven Spielberg & la saga Godzilla. Quid du respect de l'oeuvre originale et de l'humilité d'un cinéaste sans grosse expérience ?

Ce nouvel opus Américain se veut profondément respectueux des origines du mythe - Le Japon - et proche de l'esprit du long-métrage originel de 1954. Le monstre redevient ce titan préhistorique cher dans le coeur des cinéphiles, nous pouvons donc dire adieu au T-Rex du Roland Emmerich. Ce Godzilla ne cherche pas à occulter ses racines Japonaise, en effet toutes les affiches officielles ainsi que le titre sont à la fois en anglais et en Japonais. Dés l'introduction du long-métrage, on voit un poster de films de Kaijus-Eiga, une partie se déroule au Japon, la mère patrie de notre reptile. Ces différents clins d'oeil ou hommages prouvent le respect des gens ayant travaillés sur ce projet, et montre également une certaine évolution de la mentalité Américaine, plutôt hermétique aux oeuvres étrangère.


Ce coup-ci, notre grosse bestiole doit affronter des créatures du nom de MUTO, se nourrissant des radiations nucléaires. Comme dans le films d'Ishiro Honda en son temps : L'après-guerre et la peur de l'atome au sein de la population. Les principaux thèmes abordés ici, sont post-Fukushima avec la responsabilité de l'homme face à cette boite de pandore - Le feu nucléaire -. Le film tente ainsi de délivrer un message écologique sur les conséquences dans notre environnement et sur la planète.

Les spectateurs attendant avec impatience un Godzilla détruisant tout sur son passage, désirant l'extinction de l'espèce humaine, seront vite déçus. Nous sommes devant une version du gentil papa reptilien digne des productions Toho, défendant ainsi la terre contre les vilains monstres et ses envahisseurs, que devant l'effrayant destructeur sauvage de mégalopole.


Malheureusement la où le bat blesse, cette nouvelle intrigue à la sauce Américaine, est dans l'air du temps. Avec ce ton très premier degré possédant aucun humour, comme les récents long-métrage de super-héros - La trilogie Batman de Christopher Nolan ou Man of steel

Hommage aux affiches originales de Godzilla 
Toute la première partie de ce Godzilla, n'est pas si différente des Dents de la mer ou d'un King-Kong. Exposition des personnages, de la famille, du rapport entre le père et le fils, thématique cher à Steven Spielberg. L'ensemble possède plein de bonne intention, malheureusement nous suivons les péripéties d'un couple transparent, voir insignifiant, un militaire sans charisme et une gentille infirmière, parents d'un gentil garçon, bref des ingrédients post-11 Septembre, le spectateur peine réellement à s'intéresser à leur sort. Cette intrigue n'apporte rien de croustillant, contenant son lots de personnages vides, mention spéciale aux scientifiques avec leurs têtes d'ahuris pendant les trois quart du film. Un scénario principal aux abonnés absents ici, l'un des éléments reprochés par certains spectateurs, lors de la sortie de Pacific Rim mais heureusement rattrapés par la mise-en-scène et le dynamisme du Mexicain.

Le sous-texte est évidemment ce message sur l'homme et la nature : L'humanité n'a aucune emprise sur les Kaijus. L'homme ne peut rien contre eux, les personnages subissent plus qu'il ne participe à ce combat de titans préhistoriques. Ces monstres se moquent de l'humanité, ils ne cherchent ni à tuer les hommes, ni à les sauver. Les MUTOs cherchent à s'accoupler tandis que Godzilla en prédateur cherche ses deux créatures pour les tuer car c'est son rôle naturel, de restaurer l'équilibre. Les Kaijus nous surpassent donc nous renvoient à notre condition et nous rappellent que nous ne valons pas grand-chose face aux forces de la nature. Les protagonistes de Godzilla, montre enfin compte le reflet de l'humanité avec leur impuissance ! 

Affiche illustré par Thomas Walker
Affiche par Patrick Connan

Et Godzilla dans tout ça ? Le reptile pointe enfin son gros museaux, au bout d'une heure. Garreth Edwards joue avec notre frustration alors que Guillermo Del Toro, montre dés l'introduction de son long-métrage, les Jaeger contre les kaijus, sans perte de temps inutile. 

L'ambiance des films originaux se fait ressentir, le monstre reprend son graphisme, aux magnifiques écailles. Sa puissance de frappe irréprochable et son feu nucléaire aux flammes bleutés allant ainsi l'encontre de la menace MUTO. Chaque plan rend hommage à cet attachant et imposant animal.

Les ennemis du lézard, un mâle et une femelle ont une approche à la fois terrestre et aérienne. Leurs designs particuliers, changent de l'ordinaire, leurs bras tentaculaires font penser à la créature de Cloverfield

Le souci majeur de Godzilla, est un sentiment de frustration permanent dans sa mise-en-scène. A chaque fois, qu'une scène devient grandiose, nous provocant du plaisir, le cinéaste s'amuse à  la couper. Une fois ça va, deux fois ça devient pénible. Le reptile va mettre un coup de queue à son grand ennemi, détruisant une partie  d'Honolulu. Hop ! Garreth Edwards, coupe pour suivre le point de vue de l'homme, en filmant les événements sur une télévision pendant dix secondes puis enchaîne avec une ellipse temporaire, nous montrant ainsi le lendemain matin, les dégâts dans  la ville.  

Affiche illustrée par Marie Bergeron
Notre sympathique, néanmoins titanesque lézard est peu présent à l'écran, comme l'original de 1954, ou les dents de la mer, donnant cette impression à certain d'être un simple figurant face aux MUTOs.   

Quand à la scène du saut HALO avec les parachutistes, elle vaut son coup d'oeil en terme d'ambiance avec ses nombreuses couches nuageuses. La photographie excelle dans les ambiances brumeuses, poussiéreuses et apocalyptiques. Les tons gris, rouge et noir renforcent clairement cette idée de combat de longue durée, nucléaire, électrique et insaisissable. 

A noter, quelques clins d'oeil amusant à des oeuvres de la Pop-culture Japonaise, comme Akira de Katsuhiro Otomo, le lieux sanctuarisé ou Monarch renferme le MUTO, rappel la base secrète où est renfermée le puissant mutant dans le manga. De même la disposition alignée des tanks sur le Golden-Gate, avec le monstre approchant sous l'eau, fait penser au premier épisode de Neon Genesis Evangelion.

Comme d'habitude avec le Blockbuster Américain, les Yankees sont les sauveurs du monde, ce Godzilla n'échappe pas à la règle. Le long-métrage est un magnifique pamphlet sur l'armée des Etats-Unis, même si finalement  le vainqueur des deux monstres, reste notre gros reptile Nippon préféré. Mention spéciale à la Navy et ses trois portes avions escortant à dix mètres le lézard géant sous l'eau. 

La conclusion s'achève sur un hommage aux films de la saga, avec Godzilla regagnant l'océan après cette bataille éprouvante. 

La mauvaise direction d'acteur gâche un peu le plaisir de ce Godzilla. Aaron-Taylor Johnson, campant un officier de la Navy, manque vraiment de charisme, certainement dû à l'écriture assez creuse du héros. Juliette Binoche, prend son chèque au passage et apporte la dramaturgie suffisante pour débuter le film, son rôle est bien. Bryan Cranston, a quelques scènes de plus, mais sera vite évincé, et ses recherches balayées d'un coup. Dommage car il avait les épaules solides pour endosser le personnage principal. Ken Watanabe incarne le docteur Serizawa, un clin d'oeil évident à l'un des protagonistes du film original de 1954, tenu par le comédien Akihiro Hirata

Incontestablement un bel hommage à la bête sur de nombreux points. Ce nouveau reboot Américain de la franchise Nippone, n'est pas mauvais en soi comparé à l'atrocité commise par Roland Emmerich en 1998 - En même temps difficile de faire pire -. Mais l'aspect trop premier degré, un scénario transparent, un montage et une mise-en-scène assez étrange, gâche réellement le plaisir. Avec une suite d'ores et déjà annoncée, on espère ses défauts gommés à l'avenir… Et s'il vous plaît messieurs de Legendary Pictures & Warner Bros, pas de papa Godzilla ! Merci. 

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