mercredi 26 août 2015

Taxi Driver (1976)

À partir du scénario de Paul Schrader, basé sur une projection de ses frustrations, Martin Scorsese livre avec Taxi Driver sa vision de l'après Viêt-Nam, pas au sens personnel, mais parce qu'il dépeint ici un milieu qu'il connaît par coeur, les bas-quartier de New-York, au coeur de l'éclatement de la morale sexuelle avec la prolifération des cinémas pornographiques et des prostitués.

L'aventure Taxi Driver démarre en 1974, Martin Scorsese rencontre dans un premier temps Paul Schrader grâce à Brian De Palma. Les deux frères Schrader ont achevé l'écriture de Yakuza une fois terminé une guerre d'enchère est engagée entre les différents studios Hollywoodien. Ils réussissent à vendre leur scénario à Warner Bros pour la coquette somme de 325 000 dollars, un prix encore jamais atteint à cette époque. Au départ Martin Scorsese devait réaliser ce futur long-métrage, mais Paul Schrader vexe le cinéaste en s'y opposant.

Paul Schrader signe Taxi driver, écrit en seulement cinq jours - Bien que sur cette anecdote diverses sources mentionnent dix jours ou un mois. L'histoire est en partie autobiographique, avant l'écriture du scénario, l'écrivain était dans une situation similaire à celle de Travis Bickle, l'anti-héros. En effet, après son divorce, et une rupture douloureuse avec sa petite-amie de l'époque, il vit pendant plusieurs semaines dans sa voiture… Toute cette misère finit par le conduire à l'hôpital pour son hygiène déplorable. Sur place, il fait le point sur son expérience vécue et se rend compte qu'il n'a parlé à personne depuis des semaines, voir des mois. Il profite de l'absence de son ex-copine pour écrire l'intrigue dans son appartement. Paul Schrader fréquente alors les cinémas pornographiques et développe une fascination morbide pour les armes à feu. lors d'un entretien pour le magazine culturel 032c, il dira d'ailleurs à ce propos que l'écriture de Taxi Driver était une thérapie personnelle... Le scénariste s'inspire également des Carnets du sous-sol de Fiodor Dostoïevski et du journal intime d'Arthur Bremer, qui en quête de notoriété tenta d'assassiner George Wallace candidat à la présidentielle de 1972.

Affiche Mondo.
Affiche de Gabz
Trouvant son histoire sensationnelle Brian De Palma est intéressé un temps pour porter à l'écran ce long-métrage. Le réalisateur Robert Mulligan (Un été 42, Du Silence et des ombres) est d'abord pressenti par la production pour la mise-en-scène mais c'est Paul Schrader qui insiste pour que ce soit Martin Scorsese qui adapte son oeuvre, le cinéaste dira plus tard que ce film est davantage celui de Paul Schrader que le sien.

Quant aux acteurs, Jeff Bridges devait initialement incarner Travis Bickle, mais le scénariste réussi également à imposer Robert De Niro, un des producteurs suggéra même d'offrir ce rôle au chanteur Neil Diamond. Pour se mettre dans la peau de son personnage, le comédien a travaillé pendant un mois comme chauffeur de taxi dans la Grosse Pomme, alors qu'il est en plein tournage de 1900 de Bernado Bertolucci "Il terminait le tournage le vendredi à Rome... monter dans un avion et s'envoler pour New-York" comme le raconte Peter Boyle. Il  étudia aussi les enregistrements d'Arthur Bremer et également les différentes formes de maladies mentales. Robert De Niro & Martin Scorsese acceptèrent des salaires dérisoires afin de baisser le budget de Taxi Driver. L'acteur fut payé 35 000 dollars alors qu'on lui offrait cinq fois plus pour participer à Un pont trop loin de Richard Attenborough au milieu d'une distribution prestigieuse. Pour le rôle de Betsy, la productrice Julia Philips pense alors à Farrah Fawcett (Drôles de Dames), mais le cinéaste s'oppose à cette proposition et porte son dévolu sur Cybill Sheperd. A l'origine, Paul Schrader avait écrit le proxénète Sport Matthew comme un afro-américain, mais Martin Scorsese, de peur d'un sous-texte raciste crée une polémique, demande à sa plume de changer ses origines ethniques. Pour s'identifier à ce personnage Harvey Keitel fréquente pendant quelque temps de véritables souteneurs. Jodie Foster n'est pas le premier choix pour la jeune Iris. La production pense d'abord à Melanie Griffith, Linda Blair, Bo Derek & Carrie Fisher pour ce rôle. Une nouvelle auditionné, Mariel Hemingway est pressentie mais celle-ci abandonne au dernier moment suite au pression familiale. Après plusieurs défections, c'est finalement Jodie Foster qui est retenue.

Présenté au Festival de Cannes en 1976, le long-métrage remporte la Palme d'Or. Pour les Oscar, il est nommé quatre fois, dont celui de meilleur film. En 1994, la bibliothèque du Congrès Américain conserve l'oeuvre de Martin Scorsese au National Film Registry pour "son importance culturelle, historique et esthétique". Petite anecdote, il s'agit du succès commercial le plus important en France en nombre d'entrées pour le cinéaste, avant d'être détrôné par son Le Loup de Wall-Street.


Vétéran de la guerre du Viêt-Nam et insomniaque, Travis Bickle devient chauffeur de Taxi de nuit dans les bas-fond New-Yorkais. Écoeuré du spectacle quotidien, cet homme cherche à s'attirer les charmes de Betsy une jeune femme très différentes de sa personnalité, puis se prend de pitié pour une jeune adolescente prostituée. Repoussé par la première, il sombre dans une folie meurtrière…

Nous suivons un rescapé de cette guerre, qui a choisi d'être chauffeur de taxi de nuit car il est insomniaque. Au lieu d'insister sur ses traumatismes, la force de Taxi Driver est d'en suivre les conséquences (rendant ainsi ce destin universel, non uniquement dépendant des forces socioculturelles qui l'ont engendré), essentiellement traduit par une voix-off reflétant son mal être intérieur. La mise-en-scène se met alors à la hauteur de son personnage principal en épousant ses errances nocturnes au sein de ces quartiers mal-famés - à la fois symptômes et support du vide idéologique moral et politique de cette période - et surtout l'interprétation incarnée de Robert De Niro qui s'efface derrière son personnage tourmenté par un passé que l'on suggère seulement, et qui s'emmure progressivement dans une solitude faisant germer des pulsions qui le conduiront à la folie. Après une introduction qui nous plonge dans la peau de Travis Bickle, le cinéaste nous fait prendre le pouls d'une mégalopole rappelant alors par la même occasion les longs-métrages d'après-guerre sur Tôkyô - Notamment ceux d'Akira Kurosawa. Notre anti-héros se donne la mission de débarrasser New-York de toutes ses vermines. C'est pour ça qu'il travaille de nuit car le chauffeur de taxi associe la nuit à l'enfer, là où tous les vices se mettent à vivre.

En effet, quand le jour pointe le bout de son nez Travis Bickle est capable de nous dire : "Dieu soit loué, la pluie a lavé les ordures et les détritus des trottoirs". Mais lorsque la nuit revient, la jungle urbaine reprend ses droits "Y'a toute une faune qui sort la nuit. Putes, chattes en chaleur, enculés, folles, pédés, dealers, camés. Le vice et le fric. Un jour viendra où une bonne pluie lavera les rues de toute cette racaille". Dans son taxi jaune, il est bien déterminé à changer ce monde, du moins son monde. En ce sens, il devient "un ange vengeur" - Martin Scorsese le surnomme ainsi dans Scorsese on Scorsese. Le chauffeur de taxi se considère comme pur, et les ordures trainant dans les rues de New-York le salissent. D'ailleurs lorsqu'il postule pour devenir taximan, il précise son passé de conducteur à son interlocuteur aussi "Clair et net que ma conscience". Cette quête quasiment divine consiste à nettoyer la mégalopole de sa pourriture, mise-en-scène par le nettoyage journalier de son taxi souillé la veille par les dépravés qu'il transporte "Chaque matin quand je rentre le taxi, je nettoie le foutre du siège. Encore bien beau quand ce n'est pas du sang". Martin Scorsese montre à ce propos une courte scène où l'on voit dans le rétroviseur un homme et une prostitué sur la banquette arrière, impatient d'arriver chez lui pour consommer la demoiselle. Travis Bickle combat la dépravation et les moeurs libertines de la société Américaine "Écoutez bien bande de dépravés. vous avez devant vous un homme qui en a marre" "Voilà un homme pour qui la coupe est pleine. L'homme qui se dresse contre la racaille, le cul, les chiens, la crasse, la merde. voilà quelqu'un qui a refusé". Lorsqu'il renverse sa télévision alors qu'il est en train de regarder le soap-opéra, Les feux de l'amour, dans lequel une jeune femme mariée en plein divorce expliques ses problèmes amoureux : Mariée religieusement avec un homme, civilement avec un autre, elle incarne tout ce que notre chauffeur de taxi déteste.


Toujours dans sa croisade, ou sa quête de reconnaissance, qu'il n'a pas obtenu en allant combattre au Viêt-Nam. Cette guerre traumatisante et meurtrière a marqué Travis Bickle. Ainsi il se pare d'une coupe mohawk comme certains membres des Forces Spéciales pendant ce conflit. Sa nouvelle mission : Supprimer ceux qui semblent faire le mal. En se préparant à accomplir son acte de bravoure, l'appartement du chauffeur de taxi devient la chambre d'un soldat ou d'un prisonnier dans laquelle il fait des exercices physiques pour se remettre en forme. "Je dois me remettre en forme [...] Désormais je ferais cinquante pompes le matin, cinquante élévations. Finis les comprimés. Finie la mauvaise nourriture finis les destructeurs de mon corps. Réorganisation totale. Chacun de mes muscles sera trempé".

La coiffure mohawk de Robert De Niro n'est pas réelle. C'est un postiche
réalisé par le maquilleur Dick Smith célèbre pour L'Exorciste & Le Parrain.

Le long-métrage prend une direction digne de la Nouvelle Vague en affichant la relation en demi-teinte entre Betsy militante d'un parti politique et Trevis Bickle, Martin Scorsese & Paul Schrader jouent ainsi avec les différences sociales et culturelles. Après lui avoir proposé d'aller au cinéma voir un film pornographique, le spectateur comprend que ça ne va pas le faire, mais surtout cette déception amoureuse n'aurait pas la force et la pertinence qu'elle a sans un bref revirement de situation vers une puissante reprise en main de soi, se traduisant par une révolte unilatérale contre le "système" (et par extension le parti de cette jeune femme), qui ne comprend pas vraiment les marginaux comme lui ou ne fait rien pour changer la donne.

Taxi Driver comporte de nombreuses références religieuses, particulièrement Chrétiennes, qui vont parfois à l'encontre du dogme. Le chauffeur de taxis décide de se suicider, et mime avec ses doigts le geste d'un pistolet sur sa tempe. Travis Bickle avait-t-il envisagé son suicide ? Il avait en tout cas anticipé sa mort afin de devenir un martyr qui s'est sacrifié à une juste cause. Après son acte meurtrier, nous voyons bien qu'il tente de se tirer une balle mais malheureusement - ou heureusement - pour lui, le chargeur est vide. D'ailleurs le chauffeur de taxi avait laissé une lettre à la jeune Iris : "Chère Iris, voici l'argent pour ton voyage. Quand tu liras ceci je serais mort, Travis". Dans Scorsese on Scorsese le cinéaste confirme d'ailleurs l'influence religieuse sur son long-métrage "Dans Taxi Driver, Travis est une figure de l'Ancien Testament : Pour atteindre la sainteté, sa seule réponse est d'appeler la colère de Dieu". Des éléments bibliques apparaissent aussi à travers divers rituels de Travis Bickle. Le chauffeur de taxi se passe les bras sous les flammes, comme pour tester sa résistance à la douleur et les bouquets renvoyées par Betsy pourrissent dans l'appartement, cet aspect donne à son domicile une allure proche d'un tombeau. Un peu plus tard, il brûlera ces fleurs, comme pour se purifier. La chambre d'Iris remplie de bougie ressemble quant à elle, à un sanctuaire, voir une église. Sa relation éphémère avec Betsy est aussi marqué par le sceau de la religion, cette dernière apparaît en blanc symbole de la pureté, tel un ange, comme le remarque Travis Bickle lui-même avant d'ajouter : "Elle est seule. ils n'ont pas le droit de la toucher" comme si la jeune femme ne devait pas être souillée d'aucune sorte. Notre chauffeur de taxi lui fait souligner que sa vie n'est pas saine, tout en incluant une connotation religieuse : "Mais tu ne peux pas vivre comme ça, c'est l'enfer".


L'autre aspect qui fait de Taxi Driver une oeuvre mémorable, c'est bien-sûr la relation entre Travis Bickle et la jeune prostituée incarnée par Jodie Foster. D'abord à cause de son interprétation tout à fait étonnante, à la fois crédible et subtile, d'autant plus pour une fille de son âge. Elle parvient à nous faire douter de sa situation réelle : Fait-elle cela pour le plaisir, parce qu'elle est forcée, ou encore par rébellion ? Pour lui, Iris incarne une forme d'innocence à protéger à tout prix contre la souillure qui guète entièrement New-York, après l'échec de l'attentat politique. S'il ne peut agir en haut de l'échelle, au moins essaie-t-il d'en sauver une à son niveau. En outre, nous avons l'occasion d'apercevoir Harvey Keitel en proxénète - et cheveux long - un rôle vraiment atypique pour lui, qui loin des clichés, est certes décrit comme un pauvre gars, mais nourrit une relation ambiguë avec sa jeune protégée, en étant à la fois tendre et incestueux.

La sexualité et les femmes sont également abordée. Lorsqu'un client interprété par Martin Scorsese grimpe dans le taxi, raconte que la femme à la fenêtre en ombre chinoise entrain de se déshabiller est son épouse, qu'elle le trompe avec un afro-américain, ce dernier confie à Travis Bickle qu'il compte la tuer et lui "faire sauter le vagin" avec son Magnum 44. 

Notre anti-héros est écoeuré par la prostitution qu'il voit dans les rues, il dévisage d'ailleurs d'un air sévères les proxénètes, et il est réellement dégoûté par la situation d'Iris. Mais en même temps, le chauffeur de taxi va régulièrement voir des films pornographiques. Il va même jusqu'à mimer un revolver avec sa main et le porter à ses yeux, pour ne pas voir les scènes à connotations sexuelles qui défilent sur le grand-écran, comme si cette arme fictive pouvait d'un clic supprimer ces images. 

La conclusion est réellement volcanique et poisseuse, le déchaînement de violence est à la mesure de la colère et de la frustration qu'abrite le chauffeur de taxi contre la gangrène qui mine ces quartiers populaires. Les actes de Travis Bickle sont-ils condamnable ?! D'ailleurs Martin Scorsese à sa petite idée "Ses intentions étaient peut-être bonnes, mais regardez le résultat. Les souteneurs qu'il tue ne lui ont rien fait : Ils sont même gentil avec lui, ils veulent lui faire passer un bon moment. Ils ne font que leur travail, même si c'est un sale boulot". Ce plan emblématique, le montrant en train de se suicider avec une arme imaginaire, est extraordinaire et synthétise toute la bivalence de ce personnage, détruisant et détruit tour à tour par ses valeurs et son environnement anxiogène. Le dénouement frappe par son changement de ton qui apparaît plutôt comme une ironie. En effet devenu logiquement un héros, en sauvant cette adolescente des griffes de la pègre, pour les plus démunis et ceux qui ne sont pas entendus par les politiques. Nous avons l'impression que Trevis Bickle rentre dans le rang après avoir fait "son travail". Mais en réalité, cette normalisation du comportement révèle autre chose : Son action individuelle n'a eu qu'une portée réduite et que la fracture sociale demeure entière en commençant par lui. L'encensement de ses actes ne reflète ici qu'une société qui proteste contre une politique l'ayant oublié, mais qui ne fera rien pour bouger les choses.


Lorsque le générique de fin apparaît, deux idées s'opposent dans tête du spectateur. De quel côté pencher ? Les actions de Travis Bickle sont-elles réellement justes ? Ou la justice aurait dû le punir pour ses crimes héroïques ? 

Toutes ces oppositions ne sont pas étonnantes venant de cet homme, comme le remarque Betsy lors de son premier rendez-vous avec le chauffeur de taxi. Elle parle à un moment donné de la chanson de Kris Kristofferson : "C'est un prophète, un pourvoyeur moitié réel, moitié fiction, ambulante contradiction".
Selon Paul Schrader "On peut comprendre Travis, mais pas le tolérer"


Quant à "l'épilogue", quelques éléments nous laissent penser que ces coupures de presse sont fantasmées. Tout d'abord, ses collègues ne parle aucunement de ses récents exploits. Notre héros reprend normalement son taxi pour transporter une cliente. Il se trouve que cette femme est Betsy... Drôle de coïncidence ! Travis Bickle peut très bien s'imaginer qu'il  transporte cette demoiselle. Celle-ci est enfin accessible, en admiration devant ses récents exploits mais notre chauffeur de taxi prend la décision de rejeter ses avances. D'ailleurs il est assez surprenant de voir l'engouement de la presse pour lui, ce dernier a quand même tué trois hommes, comme si aucuns journalistes ne s'étaient posés la question de savoir si ses actes sont légitimes ou condamnables.

Ce dernier regard dans le rétroviseur est intéressant, ce chauffeur de taxi serait-il devenu un vigilante ? Prêt à recommencer ? Une bombe à retardement qui re-déversera sa violence bientôt. À ce propos Martin Scorsese dit : "J'ai utilisé ce son - de xylophone - pour montrer que la minuterie interne de Travis redémarre, la bombe que représente Travis est encore sur le point d'exploser".

Martin Scorsese prouvait déjà en 1976 qu'il est l'un des cinéastes majeurs du cinéma contemporain, Taxi Driver dispose d'une réalisation au diapason, marquée par une maîtrise du travelling, de la photo réaliste de Michael Chapman, et une modernité épatante. 

Tourné en  plein dans l'été 1975 par une température de 35°c "Il y avait une grève des éboueurs. Pour le tournage de Mean Street à Los Angeles, nous avions dû renverser des ordures dans les rues pour que ça ressemble à New-York. Là au contraire, il nous fallait les ramasser" se souvient le cinéaste. La ville de New-York, ses rues, ses quartiers populaires sont un véritable personnage à part entière. Le réalisateur arrive parfaitement à retranscrire ce climat d'insécurité qui régné dans la mégalopole pendant les années 70. 

La scène de la tuerie était considérée comme excessivement forte par le comité du MPAA - Motion Picture Association of America. Afin d'obtenir une classification acceptable par la censure, Martin Scorsese a atténué les couleurs de la fusillade, pour rendre le sang moins vif et visible. Détail amusant, le plan séquence avec la caméra qui s'élève après la massacre dans l'hôtel sera repris par les frères Hughes dans Génération Sacrifiée.

Le cinéaste est aussi un grand directeur d'acteurs, capable de tirer le meilleur d'une Jodie Foster débutante, et laissant improviser un Robert De Niro impérial, le cultissime monologue "You talkin to me" n'était pas écrit, le comédien avait déjà expérimenté ce texte dans Hi, Mom ! de Brian De Palma, dans ce film son personnage Rubin auditionne pour le rôle d'un policier dans une troupe de comédien-militants : "Are you talkin' to me ?" demande-t-il surexcité à un balai. Paul Schrader apporte aussi sa contribution sur le tournage en donnant ses propres vêtements à son Travis Bickle… 


L'immense Bernard Herrmann, compositeur d'Alfred Hitchcock, nous offre ses dernières mélodie, ce célèbre mélomane est décédé juste avant la sortie de Taxi Driver, qui lui est d'ailleurs dédié. Son intention est intéressante à savoir mélanger son style à une ambiance très jazzy. Une fois le générique fini, ses airs nous trottent encore longtemps dans nos petits crâne.  


Taxi Driver est l'un, si ce n'est LE long-métrage emblématique du renouveau du cinéma Américain et engagé des glorieuses années 70. Martin Scorsese & Paul Schrader nous offrent un grand film, un véritable plaisir cinéphilique qui se redévoile à chaque visionnages... Une oeuvre qui reste gravée dans nos mémoires à jamais.

Et Comme le dit si bien l'accroche Française d'époque : 
"Dans chaque rue, il y a un inconnu qui rêve d'être quelqu'un. C'est un homme seul, oublié, qui cherche désespérément à prouver qu'il existe"

Affiche Japonaise



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