jeudi 22 mai 2014

X-Men (2000)

Suite à succès phénoménale, voir planétaire, au Box-office d'X-men. Ce premier opus de la franchise est celui, ayant relancé la mode des adaptations de comics-book à l'aube des années 2000, pour le meilleur, et pour le pire…

A la fin des années 80, Chez Marvel-Comics, Stan Lee & Chris Claremont, scénariste du comics-book d'origine, sont en négociations avec James Cameron et la société Carolco Pictures, pour adapter la bande dessinée sur grand écran. Ce projet est rapidement abandonné lorsque le cinéaste commence à travailler sur l'adaptation de Spider-Man. De plus, le studio fait faillite suite à l'échec de L'Île aux Pirates en 1995. En Décembre 1992, Marvel Comics, récupère les droits d'X-men, l'éditeur rentre alors en discussion avec Columbia Pictures. Au même moment l'homme d'affaire Avi Arad, produit pour Fox Kids, le dessin-animé X-men. Impressionné par le succès de la série, 20th Century Fox, et la productrice Lauren Shuler Donner - Femme du cinéaste Richard Donner - décident d'acheter les droits en 1994.

Courant de l'année 1994, le scénariste de SevenAndrew Kevin Walker est engagé pour écrire le script. Sa première version montre le Professeur Charles Xavier recrutant Wolverine au sein du groupe X-Men composés de Cyclops, Jean Grey, Iceberg, Le Fauve et Angel. Leurs ennemis, sont la confrérie des mauvais mutants, formée par leur chef, Magnéto avec Dents-de-sabre, Crapaud et Le Colosse (The Blob). Ces derniers tentent de conquérir New-York, mais Henry Peter Gyrich & Bolivar Trask, attaquent les mutants avec les sentinelles. Le récit se focalise cependant sur la rivalité entre Logan & Scott Summers.

D'autres scénarios, sont ensuite écrit par John Logan (Hugo Cabret), James Schamus (Tigre & Dragon) et le célèbre Joss Whedon, cinéaste d'Avengers. L'idée de base est conservée, avec la possession de l'île de Manhattan par les super-vilains, mais les scénaristes rajoutent une romance entre Wolverine et Tornade. Quand à Joss Whedon, il conclut son récit avec la transformation de Jean Grey en Phénix. Une idée rejetée par la Major, la trouvant trop marquée "Pop-Culture". En 1996, 20th Century Fox engage un nouveau scénariste, Michael Chabon (Spider-Man 2), ce dernier introduit les personnages de Jubilé et Diablo.

Et côté réalisateur ?! Le projet X-Men est proposé à Robert Rodriguez, le réalisateur décline cette offre. Après la production d'Usual Suspect, Bryan Singer veut s'orienter vers la science-fiction. Le studio le contacte pour réaliser Alien, la résurrection, le producteur et ami du cinéaste, Tom DeSanto, pense à lui pour le projet d'adaptation du comics-book, le trouvant plus adéquat à son style. Le metteur-en-scène refuse l'offre, n'appréciant pas particulièrement les bandes-dessinées. En envoyant deux réponses négatives à la production, ce dernier accepte finalement après avoir lu les aventures des mutants et visionné la série télévisée d'animation. Mais le réalisateur ne sais pas qu'il va se heurter à un obstacle de taille : Thomas Rothman, patron du studio, ce dernier a toujours détesté les super-héros, on lui doit d'ailleurs les nombreux ratages d'adaptations de Daredevil, à Elektra, les deux Quatre fantastiques en passant X-Men Origins : Wolverine. L'homme puissant mettra sans arrêt des bâtons dans les roues à la production. 

Fin d'année 1996, 20th Century Fox, officialise la venu de Bryan Singer à la réalisation. Dans la foulée la major, annonce une date de sortie pour Noël 1998 et un budget de 60 millions de dollars. Le cinéaste ce concentre en attendant sur un autre projet, Un élève doué, sortant finalement en Octobre 1998.  La même année, le réalisateur et Tom DeSanto proposent au studio, une intrigue renvoyant à l'histoire des États-Unis, comme le maccarthysme avec le sénateur Kelly traquant les mutants sans cessent.

Ce scénario est rejeté en raison d'un budget trop élevé. Le Fauve, Diablo, Pyro et la salle des dangers sont alors supprimés du récit pour faire des économies. Christopher McCarrie, scénariste d'Usual Suspect et proche collaborateur du cinéaste est alors engagé, aidé par David Hayter - La voix de Solid Snake & Big Boss dans la saga Metal Gear Solid

Qui dit adaptation de comics-book ! Obligatoirement le spectateur pense aux acteurs et actrices, surtout pour une adaptation d'X-men, quel homme peut incarner le terrifiant Logan ? Le premier choix de Bryan Singer pour Wolverine était Russel Crowe, le comédien demande alors un salaire trop élevé. Le réalisateur se tourne vers Dougray Scott, mais doit finalement refuser pour Mission Impossible II. Trois semaines avant le début du tournage, le choix final se porte sur l'Australien, Hugh Jackman, quasi-inconnu du grand-public.


L'humanité vit une période de mutation. Ainsi plusieurs humains possèdent de prodigieux pouvoirs, la population mondiale craint ces êtres supérieurs. Devant ce fait, certains mutants se divisent en deux groupes. Ceux ayant à leur tête le professeur Charles Xavier, un puissant télépathe prônant une collaboration amicale avec les gens normaux. Et de l'autre coté obscure, Erik Lehnsherr, communément appelé Magnéto. Cette haine envers l'être humain lui vient de son emprisonnement, lors de son enfance dans un camps de concentration Nazi. Le professeur X à fondé au nord de Salem, une école pour jeune surdoué, avec comme élève Tornade, Cyclops & Jean Grey. Les membres de cet institut se font appeler les X-men.

Avec Spider-Man de Sam Raimi en 2002, X-Men a changé le paysage de l'industrie Hollywoodienne, pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Depuis cette date fatidique de l'an de grâce 2000, pas une année s'écoule sans voir déferler une horde de super-héros dans nos salles obscures. Avec un énorme public évidement insatiable et peu regardant sur la qualité, la manne financière des grosses majors n'est pas près de s'éteindre, annonçant à chaque printemps et été, lors des gros week-ends de sortie des Blockbuster, les suites et autres spin-off en préparation. Les producteurs Américains tiennent donc une véritable recette miracle, basée sur de faible risque. Ah ! L'époque du Superman de Richard Donner et du Batman de Tim Burton, parait si lointaine. Eux, les précurseurs du genre, ont donné naissance à une foule d'adaptations minables, avec en point d'orge les Quatre Fantastiques de Roger Corman en 1994.

Se replonger dans ce contexte est important, pour réaliser à quel point ce premier X-Men, réalisé par Bryan Singer tient du miracle, malgré ses quelques défauts. Le matériaux d'origine, le comics-book, a été pris au sérieux. L'intrigue et le contexte ne part jamais en bouffonnerie, bénéficiant d'un traitement sobre et adulte.


La peur de la différence, permet de lier l'histoire des mutants à celle des Juifs, cette note d'intention est d'emblée imposée dans l'introduction. Aussi à celle des communistes au États-Unis pendant les années 50, le sénateur Kyle évoque le maccarthysme. Egalement la question sur la recherche identitaire pendant l'adolescence, avec Malicia, le jeune fille a besoin de s'intégrer dans la société et le monde des adultes, d'où l'importance de l'institut, pour ce sociabiliser. Malgré ce traitement adulte et sombre, l'intrigue principale est simple, renvoyant au première année du comics, à savoir des histoires simples pour le jeune public.

L'univers du comics-book est ici présenté avec ingéniosité, le long-métrage permet de rassembler un casting avec de nombreux mutants. S'il n'y a rien à redire concernant le professeur X, Magnéto - Patrick Stewart & Ian Mc Kellen sont vraiment excellent -, Wolverine, Malicia, Mystique - magnifique maquillage - et Jean Grey sont introduits de façon habiles. Cette réussite, bien sur, n'est pas totale, ce X-Men souffre d'un problème souvent lié à ce genre particulier : La multiplicité des protagonistes, cela implique le sacrifice de certains : Cyclops & Tornade, important dans le comics-book, se révèlent au final sans relief. Quand à la némésis de Logan, Dents-de-sabre, celui-ci est trop ridicule, voir idiot avec un look raté de métalleux, sans doute l'un des personnages le plus loupé de cette adaptation. 

La relation entre X-men, est loin d'être lisse, pimentant ainsi un peu le récit, par exemple les piques lancés régulièrement par Logan envers Cyclops sont un running-gag assurés. 

Certains éléments esthétiques ont été repensés afin d'éviter le ridicule comme ces prédécesseurs : Adieu le costume jaune de Wolverine, au profit d'une combinaison sombre, plus adapté à l'époque. Cyclope balance un private joke à ce sujet : "Would you prefer yellow spandex ? "


Malgré les années, ce premier opus de la saga tient le choc visuellement, faisant partie des films pas trop envahis d'effets-spéciaux. La réalisation tournée en CinémaScope de Bryan Singer se révèle efficace dans la plupart des scènes, avec un magnifique plan enneigé dans les rocheuses Canadiennes. Le rythme est bien géré avec une fausse piste initiale permettant un retournement de situation bien amené. 

Le cinéaste inspiré se permet d'excellents passages comme l'introduction dans un camp de concentration avec le jeune Max Eisenhardt (Erik Lehnsherr - Magnéto) séparé de ses parents en route vers la solution finale. Ainsi l'intrigue s'ancre dans le réalisme, pour ne pas tomber dans un coté 100% fantastique, ses différents cotés réalistes se perdront au fils des épisodes - Surtout dans le troisième.

Les différentes cascades sont orchestrées à l'ancienne, avec des séquences fluides, lisibles et bien découpées - Le combat opposant Wolverine à Mystique. Le réalisateur tente de coller au comics original en tentant de masquer le physique de Logan, par des angles de caméras qui tendent de le rapetisser. 


N'ayant pas pu avoir John Williams, occupé sur Il faut sauver le soldat Ryan. Le réalisateur demande à Michael Kamen de composer la musique d'X-men. La bande originale possède des thèmes musicaux vraiment bien trouvés.

Accusant de son âge, X-men reste la première véritable bonne adaptation d'un comics de super-héros au cinéma. En dépit d'enjeux simples et d'un manque visuel spectaculaire, nous avons plus l'impression de (re)découvrir un luxueux pilote de série télévisée. Mais l'on passe toujours un agréable moment devant.





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