dimanche 19 octobre 2014

Mobile Suit Gundam Unicorn - Volume 1 (2010)

Pour célébrer le trentième anniversaire de sa saga culte, le studio Sunrise sort en Mars 2010 le premier opus de Mobile Suit Gundam Unicorn. Avant d'être une série de sept OVAs, cette oeuvre est une série de dix romans publiées au Japon à partir de 2007.

Ces recueils sont écrit par Harutoshi Fukui, romancier connu sur l'archipel pour de nombreux best-sellers, dont plusieurs furent adaptés au cinéma : Lolerei, la sorcière du pacifique ou Samurai commando : Mission 1549.

En charge de l'animation le studio S2 de Sunrise. Cette section est la plus connue de la société (Cette dernière compte une dizaine d'unités en activité - la division CGs mise à part) grâce aux nombreuses séries prestigieuses comme The Vision of Escaflowne, Cowboy Bebop, Overman King Gainer, Planètes… Considéré comme le bloc d'élite et dont furent membres un temps plusieurs fondateurs de BONES.

En pleine politique d'expansion spatiale, le gouvernement Terrien abandonne le calendrier grégorien pour celui du Siècle Universel, nous sommes donc le premier jour de l'Universal Century 0001 (U.C 0001), l'humanité est enfin unifiée, les différentes nations forment un seul et même bloc sous le nom de "Fédération". Celle-ci envisage maintenant de conquérir l'espace, grâce à des immenses colonies mais un événement inattendu va rendre ce premier jour funeste lors de l'inauguration de "la station de Laplace"… U.C 0096, la fondation VIST est en possession d'un mystérieux objet appelé "La boite de Laplace", cette  dernière pourrait faire tomber la Fédération. Le groupe activiste pour l'indépendance des Spacenoïdes Neo-Zeon et les forces fédérales font tout leurs possibles pour récupérer cette boite de Pandore, au milieu de ce conflit sanglant ce trouve un jeune garçon du nom de Links Banagher.


Couverture du premier roman
illustrée par Yoshikazu Yasuhiko.
Cette première OVA sobrement intitulé "Le jour de la licorne" nous pose les bases du scénario, on retrouve des situations vues et revues, d'un classicisme éprouvé dans la saga : L'héritage des parents, les diverses intrigues politiques, complots et corruptions. Et autant le dire l'histoire ne bouleversera pas l'image d'une franchise auto-cannibale incapable de se remettre en question pour explorer de nouvelle voies pour l'instant. Les personnages dont le héros Links Banagher, gardent les traces de caractérisation archétype et relativement superficielle instauré par Yoshiyuki Tomino… C'est du rebattu, la dessus il n'y a pas l'ombre d'un doute.

Le récit de Mobile Suit Gundam Unicorn est amené de manière plus intéressante que les traditionnelles renaissances fragmentaires des troupes de Zeon depuis Mobile Suit Zeta Gundam et autres refrains redondants qui ont parcouru l'Universal Century sans que cela ne choque. Ici l'auteur Harutoshi Fukui nous épargne les sempiternelles Colony-Drops ou autre vols de Gundam. La narration est également plus logique et plus contrôlée, même si l'on retrouve quelques désagréments propres à la meta de la saga, tels ces individus qui jouent un rôle dans l'action avant d'avoir été présentés ou ces liens qui se nouent en une minute. Le scénario est sans aucun doute plus recherché que la moyenne des productions estampillés Mobile Suit Gundam. Pourtant on y retrouve tout ce qu'un Gundam classique peut proposer : De la guerre bien sûr, mais aussi les thèmes récurrents du futur de l'humanité dans l'espace et de la famille. C'est donc avec plaisir que le spectateur repart dans cet univers, d'autant que l'on y introduit de nouveaux éléments, à commencer par la Fondation Vist, sorte de franc-maçonnerie spatiale qui distille son érudition des ficelles de l'U.C avec parcimonie. A ce titre, pour la première fois, nous assistons à l'inauguration du Siécle Universel via un flashback située à l'aube de l'U.C 0001.


La station de
"LaPlace" en U.C 0001
S'agissant d'une adaptation des différences avec le roman sont à noter:

Par exemple au début de l'OVA, nous apercevons des images de la "Laplace", première colonie spatiale construite par la main de l'homme. Pendant le discours du président Ricardo Marcenas nous voyons plusieurs personnes en combinaison qui s'affairent, quelques minutes plus tard la station orbitale explose. Et l'on voit un vaisseau s'éloigner et exploser à son tour, sans que l'on sache pourquoi ?! L'unique survivant du groupe dérive pendant un moment dans l'espace au milieu des débris, lorsqu'il rencontre un mystérieux artefact. Le spectateur passe alors directement en U.C 0096, avec un vieille homme qui se réveille dans un caisson.

Dans le roman, les fameuses personnes en combinaison spatiale sont en réalités des terroristes éprouvant un certain ressentiment contre l'unification de la Terre. L'unique survivant du groupe s'appel Syam Vist, 17 ans. Ce jeune garçon est issu d'une famille pauvre d'Amérique du Sud, et s'est laissé embrigadé dans cette affaire par mépris envers ce "rêve du Siècle Universel" ou les riches et l'élites restent sur la planète bleue pendant que le Gouvernement Fédéral envoie dans l'espace les pauvres, les miséreux et les rebuts de la société.

Après avoir fait sauter la station orbitale, le vaisseau terroriste s'enfuit, mais au bout de quelques minutes les moteurs donnent des signes de fatigue. Syam Vist est envoyé à l'extérieur par ses camarades pour vérifier ce qui est défectueux, quand soudainement leur engin explose victime d'un sabotage (de la part du commanditaire de l'attentat). Le jeune garçon projeté au loin par le souffle de l'explosion est donc le seul survivant, livré à lui même dans sa seule combinaison spatiale… Et c'est là, au cours de sa dérive parmi les débris de la station Laplace, qu'il va rencontrer la fameuse "Boite de Laplace"… Le lecteur fait un bond dans le temps jusqu'en U.C 0096 ou Syam Vist, âgé d'environ 113 ans, se réveille dans le "caisson" où il dort. Et à partir de là, l'OVA rejoint le roman.

Le début de ce premier épisode n'est pas explicite, j'ai donc jugé utile de donner ces précisions. En effet, à part le discours du président Marcenas, et les fameux hommes en combinaison, le spectateur n'est pas obligé de faire le lien existant entre le jeune homme Syam Vist et le vieux grabataire dans son caisson. Attention tout de même ne pas connaitre ses détails scénaristiques ne nuisent pas à l'appréciation de l'intrigue de l'OVA, mais ils facilitent la compréhension dès les premières minutes.


Volume 1 du manga
Mobile Suit Gundam Unicorn

Bande Dessinée.
Cette OVAs possède des éléments et des références aux séries antérieures se déroulant dans l'Universal Century, mais pas d'inquiétude cela reste tout de même compréhensible pour un néophyte.

Mobile suit Gundam Unicorn est avant tout un plaisir d'initié, les dialogues ne font l'impasse sur rien sont tour à tour évoqué : La Guerre d'Un An, le conflit de Gryps, Neo-Zeon, Char Aznable, la "Princesse", Anaheim Electronics, Londo Bell, le zeonisme ou les funnels. Cette dimension est d'ailleurs présente lorsqu'un personnage tertiaire clame fièrement "Moi je peux te sortir l'histoire jusqu'à la contre attaque de Char par coeur". 

Le scénariste Yasuyuki Muto (Basiliks, Afro Samurai, Bible Black) tente de résumer les grandes lignes de la chronologie / termes de l'U.C pour ne pas se couper des débutants de la saga ou du public international.

Le cinéma classique n'est pas en reste, le personnage d'Audrey Burn (Contraction d'Audrey Hepburn), est une référence évidente à Vacances Romaine de William Wyller.

La série comme ses prédécesseurs nous montre la cruauté de la guerre et ses conséquences dans la paisible vie des Spacenoïdes. Comme cette bataille épique à l'intérieur de la colonie, devenant ainsi l'un des meilleurs affrontement vu dans la saga depuis Mobile Suit Gundam F-91. Le spectateur ressent les pilotes limités par le manque d'espace, les frappes collatérales sont importantes on voit des civils mourir sous les tirs perdus ou par des morceaux de Mobile Suit tombant au sol. 


Les combats sont fantastiques dans leurs mises-en-scène, c'est dynamique, nerveux, on ressent toute la masse des machines et l'impact des coups. 

L'un des bons point également sont les nombreux plans d'insert lors des affrontement où l'on voit l'intérieur des cockpits avec leurs nombreux écrans d'affichage mais aussi les mains des pilotes, qui tapotent sur des boutons, tirent des leviers… Le spectateur voit ainsi l'action qui est censée se déclencher, ces scènes sont utilisées à bon escient pour faciliter la compréhension des duels. Mais le véritable plaisir c'est d'y voir des soldats briller un minimum contre des newtypes. Le pilote du 3eme Stark Jegan au début est un véritable héros anonyme pour tenir tête aussi longtemps contre le Kshatriya de Marida Cruz.

La réalisation de Kazuhiro Furuhashi (Kenshin le Vagabond, le chapitre de l'expiation) est déconcertante et s'éloigne des standards habituels avec ses travellings tremblants, la mise en valeur des décors, rareté des gros plans. Techniquement, Mobile suit Gundam Unicorn est une authentique OVA à l'ancienne échappé des 90's, de celle qui avaient littéralement disparu des linéaires vidéos ces dix dernières années, laissant place à de médiocre épisode spéciaux pour la télévision. Avec des graphismes ultra-détaillés, une animation d'une grande richesse - adossée à un solide story-board - lequel fait la part belle aux chorégraphies de combat les plus impressionnantes depuis 1996 avec Mobile Suit Gundam : The 08th MS Team, ce premier volume est une valeur sûre !.

La tapisserie dite de La Dame à la Licorne.
Chef d'oeuvre des débuts de la Renaissance Française,
Visible au Musée National du Moyen-Àge de l'Hotel de Cluny à Paris

Le character-design de Kumiko Takahashi (CLAMP in Wonderland, Tokyo Babylon), rend parfaitement grâce aux magnifique dessins de Yoshikazu Yasuhiko (Arion, Mobile Suit Gundam, Venus Wars), les personnages sont plus beaux les uns que les autres, même les protagonistes secondaires tels que Zinnerman, sorte de Che posé au service des Manchettes ou le charismatique Cardeas Vist.


La composition de Hiroyuki Sawano (L'Attaque des Titans, Kill La Kill) aux sonorités et à l'accents Morriconiens sert le propos, ses mélodies restent discrètes quand il le faut et se révèle pour les grands enjeux.

En regardant ce premier opus de Mobile Suit Gundam Unicorn, j'ai eu l'impression de voir une des grandes OVAs des années 90, cette sensation d'émerveillement à chaque instant comme à l'époque ou j'ai découvert Macross +, Gunnm en VHS ou Giant Robo. A croire que de nos jours, le spectateur n'est plus habitué à ce genre de production vidéo de haute qualité… Peut-être sommes en nous plus digne ? Tout simplement.



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