lundi 3 août 2015

Stray Cat Rock : Delinquent Girl Boss (1970)

À la fin des années 60, les grands studios Nippons se retrouvent confrontés à un soucis de taille : La jeunesse se tient de plus en plus éloignée des salles de cinéma, peu intéressée par les long-métrages à l'affiche comme par exemple les Ninkyo Eiga (Film de chevalerie) ou les Chambaras classique. 

Toei Company propose alors un début de solution avec les Delinquent Boss, une série de films de Bikers inspiré par quelques B-Movies produit par Roger Corman. Nikkatsu l''opportuniste va lui répondre avec les Stray Cat Rock

Le studio laisse une grande liberté au metteur-en-scène et au scénariste, cette société va permettre de livrer une oeuvre en phase avec les aspirations d'une jeunesse en rébellion. 

Car le courant des révoltes étudiantes, les Zengakuren (abréviation : Zen Nihon Gakusei Jichikai Sôrengô - Fédération des associations étudiantes autogérées), est toujours vivant dans les mouvements communistes et chez les jeunes Japonais un an après la fin du blocus de l'université de Meiji. En 1969, c'est aussi le début de la Folk Guerrila, une manifestation anti-guerre du Viêt-Nam organisée à l'extérieur de la station de Shinjuku. Quant aux anti-exposition universelle, ces derniers organisent des présentations à Kyoto, puis un peu partout au Japon… C'est dans cette étrange atmosphère contestataire que l'archipel rentre de plein pied dans les années 70, le pays est alors en pleine mutation, et sa jeunesse cherche un souffle nouveau.
La Folk Guerrilla de Shinjuku. 

Sexe, drogues et rock n'roll se retrouvent ainsi au programme : La voie de la Pinky Violence, qui va connaître son heure de gloire dans les 70's, sera ainsi toute tracée. Et quitte à plaire à la jeunesse nippone, autant confier la vedette à une chanteuse populaire, une certaine Akiko Wada.



Une bande de jeune femme s'oppose à un gang de motard, les fameux bôsôzoku. Ces derniers sont le bras droit armés du Seiyu Group, une branche nationaliste qui sème la terreur dans Shinjuku, un quartier de Tôkyô. Mais une motarde courageuse du nom d'Ako va bouleverser leur plan…



Stray Cat Rock : Delinquent Girl Boss conserve, soigneusement, l'ambiance contestataire qui règne encore en ce début de nouvelle décennie. Ce long-métrage montre une partie de la jeunesse - Ici, un groupe de femme mené par Meiko Kaji - contre le pouvoir dominant et la corruption, dont les représentants sont le Seiyu Group, une branche nationaliste Japonaise. Ce comité, voir milice privé, fait régner la loi d'une main de fer dans le quartier de Shinjuku, grâce notamment aux bôsôzokus, un groupe de motard délinquant sous ses ordres.

La Folk Guerrilla de Shinjuku peut-être évoquée dans une scène avec l'occupation de la boite de nuit vers la fin du film, ses occupants sont pacifistes, et certains entonnent même des chansons. Une sorte de protestation pacifique contre le Seiyu Group ?!

L'homosexualité, voir la bisexualité, est légèrement abordé, avec la motarde Ako, une ambiguïté née alors avec la ravissante Mari.

Des sous-intrigues gâchent le tableau de Stray Cat Rock : Delinquent Girl Boss . On se soucie peu, par exemple, de ce personnage de boxeur qui se refuse de se coucher sur le ring pour satisfaire le Seiyu Group et les bôsôzoku.



Akiko Wada est la tête d'affiche de Stray Cat Rock : Delinquent Girl Boss mais cette dernière va se faire voler la vedette par un second rôle, interprété par une comédienne alors inconnue ou presque : Meiko Kaji. Bien avant d'illuminer la saga de La Femme Scorpion et le diptyque Lady Snowblood, celle-ci affirme déjà de sa présence magnétique.


La réalisation de Yasuharu Hasebe (Les tueuses en collants noirs) est dans le ton de l'époque : Psychédélique, sans oublier une petite touche hippie dans le style vestimentaire. Le cinéaste tente quelques effets de style bienvenus mais malheureusement le rythme du long-métrage est mal traité par de nombreuses parenthèses musicales dont deux interprétés par Akiko Wada. La scène d'action principale, une course poursuite, se déroule en partie dans la galerie marchande souterraine et les nombreux couloir de la gare centrale de Shinjuku. Sans oublier, la torture d'une fille de la bande au chalumeau, une séquence possédant une dose de violence graphique.

La composition de Kunihiro Suzuki (Ashita no Joe - Film 1) et les nombreuses chansons sont dans les standards du moment, très rock n'roll. 

Malgré sa courte durée d'une heure vingt, Stray Cat Rock : Delinquent Girl Boss reste une curiosité à découvrir, un symbole d'une certaine époque. Un long-métrage à réserver aux fans de la sublime et magnétique Meiko Kaji


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