Gorô Miyazaki, revient à la réalisation après le succès mitigé des contes de Terremer. Dans ce nouveaux long-métrage, le fils collabore enfin avec son patriarche : Hayao Miyazaki.
La colline aux coquelicots est l'adaptation d'un shôjô manga (manga pour fille) de 1980, de Chizuru Takashashi, mangaka inconnu en France, avant la sortie du film. Pour les plus curieux d'entre-vous, L'oeuvre originale est disponible en un seul volume aux éditions Delcourt. Le style graphique très années 80, vacille entre un mélange de Yumiko Igarashi (Candy-Candy) et de Kaoru Tada (Aishite Knight - Lucille amour & rockn'roll). Son trait est donc bien loin du character-design de Katsuya Kondô.
Le projet d'adaptation par Ghibli remonte à la sortie du manga. Hayao Miyazaki a découvert grâce à un volume appartenant à ses nièces. Pendant de nombreuses années, le réalisateur réfléchi à porter le manga à l'écran. Pour cela il réunit chez lui, de jeune réalisateur de l'époque, comme Mamoru Oshii (Ghost in the shell, Patlabor) ou Hideaki Anno (Neon Genesis Evangelion). Mais très vite, l'idée est abandonnée, car tous pensent inadaptable ce projet. La colline aux coquelicots, resurgit alors des cartons, en 1995, grâce au film du regretté Yoshifumi Kondô : Si tu tends l'oreille. Adaptation d'un manga pour fille de Aoi Hiigari, prouvant ainsi aux membres du studio, qu'un Shôjô peut-être à la base d'un récit. Au cours de l'année 2010, le producteur Toshio Suzuki, annonce la production de trois films sur l’ère Showa : Arrietty : Le petit monde des chapardeurs, la colline aux coquelicots et Kaze Tachiru ce dernier sera réalisé par Miyazaki père. Le film est la véritable première collaboration entre le père et son fils, Gorô. Le paternel s'occupe du scénario, avec l'aide de Keiko Niwa, scénariste des contes de Terremer & d'Arrietty : Le petit monde des charpardeurs. Quelques tensions sont malheureusement toujours palpables entre les deux hommes, Toshio Suzuki joue alors le rôle de médiateur entre les deux parties. Mais alors que la production tourne à plein régime, le 11 Mars 2011, le Japon est touché par le tremblement de terre et le tsunami, de nombreux animateurs manquent à l'appel, cet évènement tragique ralentit la productivité du film. L'avenir de la colline aux coquelicots est incertain, mais Hayao Miyazaki, pousse les équipes à poursuivre la production coûte que coûte... Le long-métrage sort le 16 Juillet 2011 dans les salles obscures Japonaises.
A Yokohama en 1963, Umi, lycéenne vivant dans la pension de sa grand-mère surplombant le port. La jeune fille lève les couleurs chaque matin face à la baie, une habitude que son défunt père, mort en guerre de Corée, lui a enseigné. Un jour, au lycée un mystérieux individu, à écrit un très beau article dans le journal, sur cet émouvant signal ... S'agit-il de Shun, séduisant lycéen ?! Attiré l'un par l'autre, les jeunes gens vont partagés de plus en plus d'activités, comme la sauvegarde de foyer à la rédaction du journal ... Mais un secret inattendu va troublé cet amour naissant.
Contrairement au manga d'origine se situant dans les années 80, Hayao Miyazaki choisi de placer le récit dans les années 60, n'est pas anodin. La colline aux coquelicots se déroule en 1963, soit un an avant les Jeux Olympique d'été de Tokyo.
Quand à la future révolte étudiante, celle-ci démarre en 1965, et se finira en 1969. On notera dans le film, lors d'une visite de Umi au "Quartier Latin", la résidence étudiante.Un des journaux du lycée, le fameux "Weekly Quartier Latin", stipulant, la renégociation du traité Nippo-Américain. En 1960, une immense protestation avec des affrontements violent, feront un mort, amenant le premier ministre à démissionner non sans avoir ratifié la convention. La deuxième phase, du mouvement étudiant se déroule donc en 1965, avec l'occupation des facultés, contre l'augmentation des frais de scolarités. Un des leaders de ses manifestations sont la Zengakuren, abréviation : Zen Nihon Gakusei Jichikai Sôrengô - Fédération des associations étudiantes autogérées. Le mouvement a été créée en 1948 mais s’est rapidement faite absorbée par le Parti communiste japonais. Pourquoi parler de ses évènements ?! Car ces derniers préfigure dans le film, avec l'occupation des lycéens, du foyer "Quartier Latin". On imagine très bien, dans quelques années la plupart des étudiants, devenir activiste et militant. D'ailleurs le nom, "Quartier Latin", n'est pas anodin, le mouvement de 1968, en France, est parti de la Sorbonne, un des centres névralgiques de la contestation estudiantine.
Hayao Miyazaki à bien connu, cette période de conflit, le réalisateur, alors intervalliste était secrétaire général et l'un des leaders de la gréve chez Tôei Animation en 1964, un mouvement lancé à cause du sous-paiement des animateurs travaillant sur des grosses productions. Pour l'anecdote, son ami, Isao Takahata sera quand à lui vice-président du syndicat du studio. Le Japon de l'époque est donc en pleine effervescence sociale, culturelle et industrielle. Avec le "miracle économique", qui s'étend de 1950 à 1974. Le pays commence à panser les plaies de la seconde guerre mondiale et de la guerre de Corée. Le père de Umi est une des victimes collatérales de cette dernière, alors que son paternel effectuait un ravitaillement maritime, son navire sautait sur une mine.
Comme pour les contes de Terremer, les décors de La colline aux coquelicots sont magnifique. La ville de Yokohama et sa banlieue environnante sont vivantes, le spectateur retrouve l’atmosphère du Japon des années 60, période ou le pays est en pleine expansion. La reconstitution de l'époque est donc une véritable réussite.
Ces différentes fresques sociales sont dépeints dans le cinéma Japonais, avec notamment les films d’après-guerre d'Akira Kurosawa, comme Chien enragé ou Dodes'Kaden, montrant ainsi la vie des habitants dans ses nombreux quartiers populaires ou bidonvilles.
La plupart des lieux présent, existe réellement dans la ville portuaire, comme la tour Yokohama Marine Tower ou la station de Sakuragichô, l’arrêt de train le plus vieux du Japon. Ces différents éléments donnent une bouffée de nostalgique aux spectateurs japonais.
A noter le détail sur les nombreux véhicules d'époque, nous rappelant cet amour de la mécanique de Miyazaki père, que le cinéaste partage avec son ami Yasuo Ôtsuka, superviseur de Lupin III : Le complot du clan Fûma & chef animateur de Lupin III : Le château de Cagliostro.
L'animation est d'excellente facture, même si, des effets de saccades font très rarement leur apparition à l'écran. La mise-en-scène et le ton général sont proches d'un long-métrage de prise de vue réelle. Certainement dû, à l'aspect fleur bleue, du récit, d'ailleurs Shun dans un de ses dialogues, dit à un moment "On se croirait dans un mauvais mélodrame".
L'écriture et le traitement des personnages est comme souvent exemplaire. Les premières minutes nous livrent aussi une Umi, féminine et posée, se préparant en silence. Aînée d'une fratrie de trois enfants, la jeune fille s'occupe de la pension familiale, devant accomplir ainsi de nombreux devoirs domestiques. son amitié avec Shun, lui fera prendre la tête de la défense du bâtiment des clubs extrascolaires. Ce style d’héroïne est chère au Studio Ghibli depuis Nausicaä, de la vallée du vent. On est loin de la tradition machiste de la culture Japonaise, la colline aux coquelicots, impose un regard positif et moderne sur la femme contemporaine.
Même si tradition et modernité, s'oppose forcément. Les années 60, sont le début de l'émancipation de la femme dans le monde, la société Japonaise, n'évolue malheureusement pas dans ce sens, les nippones après le mariage doivent occuper le rôle de "femme au foyer", même si des progrès sociaux important ont été apportés, au lendemain de la guerre, comme "le droit de vote des femmes", en 1946, ou les classes mixtes au début des sixties dans certains lycées ... Les mouvements féministes sur l'archipel naissent à partir dans les années 70.
La musique de Satoshi Takebe, ne sont malheureusement pas inoubliable. Les quelques divers chansons qui parcourent le film, comme le thème principal, au ton mélancolique, Sayônara, no natsu (L'été des adieux) ou encore Ue wo Muite arukô (Marchons en regardant le ciel) de Kyu Sakamoto, un des standards des années 60 au Japon. ces artifices supplémentaire jouent indubitablement, sur l'effet nostalgique de cette période.
Gorô Miyazaki, aidé de son paternel, nous offre une oeuvre culturellement ancrée dans la société japonaise, dans l'esprit et le style. la colline aux coquelicots parvient à nous faire oublier, les contes de Terremer. L'effet nostalgie du Japon des années 60, donne indéniablement, une carte postale plaisante sur le long-métrage. Une vraie réussite.
La colline aux coquelicots est l'adaptation d'un shôjô manga (manga pour fille) de 1980, de Chizuru Takashashi, mangaka inconnu en France, avant la sortie du film. Pour les plus curieux d'entre-vous, L'oeuvre originale est disponible en un seul volume aux éditions Delcourt. Le style graphique très années 80, vacille entre un mélange de Yumiko Igarashi (Candy-Candy) et de Kaoru Tada (Aishite Knight - Lucille amour & rockn'roll). Son trait est donc bien loin du character-design de Katsuya Kondô.
Le projet d'adaptation par Ghibli remonte à la sortie du manga. Hayao Miyazaki a découvert grâce à un volume appartenant à ses nièces. Pendant de nombreuses années, le réalisateur réfléchi à porter le manga à l'écran. Pour cela il réunit chez lui, de jeune réalisateur de l'époque, comme Mamoru Oshii (Ghost in the shell, Patlabor) ou Hideaki Anno (Neon Genesis Evangelion). Mais très vite, l'idée est abandonnée, car tous pensent inadaptable ce projet. La colline aux coquelicots, resurgit alors des cartons, en 1995, grâce au film du regretté Yoshifumi Kondô : Si tu tends l'oreille. Adaptation d'un manga pour fille de Aoi Hiigari, prouvant ainsi aux membres du studio, qu'un Shôjô peut-être à la base d'un récit. Au cours de l'année 2010, le producteur Toshio Suzuki, annonce la production de trois films sur l’ère Showa : Arrietty : Le petit monde des chapardeurs, la colline aux coquelicots et Kaze Tachiru ce dernier sera réalisé par Miyazaki père. Le film est la véritable première collaboration entre le père et son fils, Gorô. Le paternel s'occupe du scénario, avec l'aide de Keiko Niwa, scénariste des contes de Terremer & d'Arrietty : Le petit monde des charpardeurs. Quelques tensions sont malheureusement toujours palpables entre les deux hommes, Toshio Suzuki joue alors le rôle de médiateur entre les deux parties. Mais alors que la production tourne à plein régime, le 11 Mars 2011, le Japon est touché par le tremblement de terre et le tsunami, de nombreux animateurs manquent à l'appel, cet évènement tragique ralentit la productivité du film. L'avenir de la colline aux coquelicots est incertain, mais Hayao Miyazaki, pousse les équipes à poursuivre la production coûte que coûte... Le long-métrage sort le 16 Juillet 2011 dans les salles obscures Japonaises.
Le manga d'origine de Chizuru Takahashi disponible chez Delcourt. |
Contrairement au manga d'origine se situant dans les années 80, Hayao Miyazaki choisi de placer le récit dans les années 60, n'est pas anodin. La colline aux coquelicots se déroule en 1963, soit un an avant les Jeux Olympique d'été de Tokyo.
Quand à la future révolte étudiante, celle-ci démarre en 1965, et se finira en 1969. On notera dans le film, lors d'une visite de Umi au "Quartier Latin", la résidence étudiante.Un des journaux du lycée, le fameux "Weekly Quartier Latin", stipulant, la renégociation du traité Nippo-Américain. En 1960, une immense protestation avec des affrontements violent, feront un mort, amenant le premier ministre à démissionner non sans avoir ratifié la convention. La deuxième phase, du mouvement étudiant se déroule donc en 1965, avec l'occupation des facultés, contre l'augmentation des frais de scolarités. Un des leaders de ses manifestations sont la Zengakuren, abréviation : Zen Nihon Gakusei Jichikai Sôrengô - Fédération des associations étudiantes autogérées. Le mouvement a été créée en 1948 mais s’est rapidement faite absorbée par le Parti communiste japonais. Pourquoi parler de ses évènements ?! Car ces derniers préfigure dans le film, avec l'occupation des lycéens, du foyer "Quartier Latin". On imagine très bien, dans quelques années la plupart des étudiants, devenir activiste et militant. D'ailleurs le nom, "Quartier Latin", n'est pas anodin, le mouvement de 1968, en France, est parti de la Sorbonne, un des centres névralgiques de la contestation estudiantine.
La faculté de Todai, la plus prestigieuse du Japon, occupée par les activistes de Zengakuren. |
Hayao Miyazaki à bien connu, cette période de conflit, le réalisateur, alors intervalliste était secrétaire général et l'un des leaders de la gréve chez Tôei Animation en 1964, un mouvement lancé à cause du sous-paiement des animateurs travaillant sur des grosses productions. Pour l'anecdote, son ami, Isao Takahata sera quand à lui vice-président du syndicat du studio. Le Japon de l'époque est donc en pleine effervescence sociale, culturelle et industrielle. Avec le "miracle économique", qui s'étend de 1950 à 1974. Le pays commence à panser les plaies de la seconde guerre mondiale et de la guerre de Corée. Le père de Umi est une des victimes collatérales de cette dernière, alors que son paternel effectuait un ravitaillement maritime, son navire sautait sur une mine.
Ces différentes fresques sociales sont dépeints dans le cinéma Japonais, avec notamment les films d’après-guerre d'Akira Kurosawa, comme Chien enragé ou Dodes'Kaden, montrant ainsi la vie des habitants dans ses nombreux quartiers populaires ou bidonvilles.
La plupart des lieux présent, existe réellement dans la ville portuaire, comme la tour Yokohama Marine Tower ou la station de Sakuragichô, l’arrêt de train le plus vieux du Japon. Ces différents éléments donnent une bouffée de nostalgique aux spectateurs japonais.
A noter le détail sur les nombreux véhicules d'époque, nous rappelant cet amour de la mécanique de Miyazaki père, que le cinéaste partage avec son ami Yasuo Ôtsuka, superviseur de Lupin III : Le complot du clan Fûma & chef animateur de Lupin III : Le château de Cagliostro.
Reconstitution fidèle d'un Japon des années 60, on retrouve l'amour des bolides si cher à Hayao Miyazaki. |
L'écriture et le traitement des personnages est comme souvent exemplaire. Les premières minutes nous livrent aussi une Umi, féminine et posée, se préparant en silence. Aînée d'une fratrie de trois enfants, la jeune fille s'occupe de la pension familiale, devant accomplir ainsi de nombreux devoirs domestiques. son amitié avec Shun, lui fera prendre la tête de la défense du bâtiment des clubs extrascolaires. Ce style d’héroïne est chère au Studio Ghibli depuis Nausicaä, de la vallée du vent. On est loin de la tradition machiste de la culture Japonaise, la colline aux coquelicots, impose un regard positif et moderne sur la femme contemporaine.
La tour Yokohama Marine Tower présente dans le film. |
Même si tradition et modernité, s'oppose forcément. Les années 60, sont le début de l'émancipation de la femme dans le monde, la société Japonaise, n'évolue malheureusement pas dans ce sens, les nippones après le mariage doivent occuper le rôle de "femme au foyer", même si des progrès sociaux important ont été apportés, au lendemain de la guerre, comme "le droit de vote des femmes", en 1946, ou les classes mixtes au début des sixties dans certains lycées ... Les mouvements féministes sur l'archipel naissent à partir dans les années 70.
La musique de Satoshi Takebe, ne sont malheureusement pas inoubliable. Les quelques divers chansons qui parcourent le film, comme le thème principal, au ton mélancolique, Sayônara, no natsu (L'été des adieux) ou encore Ue wo Muite arukô (Marchons en regardant le ciel) de Kyu Sakamoto, un des standards des années 60 au Japon. ces artifices supplémentaire jouent indubitablement, sur l'effet nostalgique de cette période.
Gorô Miyazaki, aidé de son paternel, nous offre une oeuvre culturellement ancrée dans la société japonaise, dans l'esprit et le style. la colline aux coquelicots parvient à nous faire oublier, les contes de Terremer. L'effet nostalgie du Japon des années 60, donne indéniablement, une carte postale plaisante sur le long-métrage. Une vraie réussite.
Affiche Japonaise. |
Je suis bien d'accord avec toi, "La Colline aux Coquelicots" est un très beau film, à la fois mélancolique et touchant.
RépondreSupprimerGoro Miyazaki s'est nettement amélioré à la mise en scène depuis son premier long métrage "Les Contes de Terremer". Quoi qu'il en soit, le père et le fils nous ont offert là une oeuvre sincère, prenante et émouvante.