samedi 15 mars 2014

Rango (2011)

Après la trilogie Pirates des Caraïbes, Gore Verbinski fatigué de ce gros challenge, décide de se tourner vers le cinéma d'animation avec Rango, une idée évoqué lors d'un déjeuner datant d'avant son fameux triptyque, avec deux amis : Le producteur John B. Carls & David Shannon, character-designer sur la série et le long-métrage de Walt Disney Animation StudiosLa Cour de Récréé. Leurs projet : Faire un film d'animation rendant hommage au Western.

Pour l'écriture du scénario, le réalisateur s'associe avec John Logan, auteur de pièce de théâtre, mais surtout scénariste ayant signé des oeuvres à succès ou d'envergures comme : Aviator, Hugo Cabret de
Martin Scorsese, Gladiator de Ridley Scott, L'Enfer du Dimanche d'Oliver Stone, Lincoln de Steven Spielberg, Skyfall de Sam Mendes, Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street de Tim Burton… Un écrivain très talentueux en quelques somme.

Gore Verbinski doit trouver un faiseur de miracle, pour mener à bien son futur long-métrage, le cinéaste se tourne vers ILM (Industrial Light & Magic) société associée aux succès indémodables de George Lucas & Steven Spielberg. Ses magiciens des effets spéciaux réalisent alors leur tout premier film d'animation.


Pour la technique le cinéaste a utilisé un procédé nouveau, appelé l' "Emotion-Capture". En demandant aux comédiennes et comédiens de jouer les scènes sur un plateau, en costumes et avec de vrais accessoires. Les équipes d'ILM ont ainsi pu enregistrer leurs voix. Mais également filmer leurs différentes expressions et déplacements sur le plateau à l'aide de caméras, pour animer plus tard les différents protagonistes.


Dans un terrarium à bord d'une voiture traversant les régions arides du Nevada & de l'Arizona, vit un caméléon domestique, sans aucune vie sociale. Pour preuve ce dernier joue avec ses amis imaginaires une pièce de théâtre sur une scène improvisée. Mais arrive un accident le faisant basculer dans la nature sauvage du désert de Mojave, notre pauvre ami reptilien perd son environnement contemporain pour le Far West. Apres quelques péripéties, il fait la rencontre de Beans, une lézarde, qui le conduit dans la petite ville de Dirt. Une ville digne du XIXéme siècle où vivent des animaux assoiffés par une pénurie d'eau, pour se fondre dans la masse notre reptile prend le nom de Rango, devient shérif, et décide de mener l'enquête sur cette drôle d'affaire…

Rango est un film d'animation avec un ton mature. Certains dialogues parfois crus, passeront au dessus des têtes blondes des plus jeunes. Notamment quelques blagues sur la mort comme les chansons du quatuor de chouettes Mexicaines. Mention spéciale aux seconds rôles, et des habitants de Dirt, avec leur mine patibulaire digne du grand Ouest Américain, pour exemple le serpent Jack la morsure est impressionnant. Certaines scènes peuvent paraître légèrement glauque comme le tatou coupé en deux, chose étrange pour un film destiné à la base aux enfants car produit par Nikelodeon. On retrouve bien évidement des scènes oniriques ou contemplatives comme à l'accoutumer chez le réalisateur brisant ainsi le rythme.
Vous ne rêvez pas ! On retrouve 
nos deux compères de Las Vegas Parano

Sous ses airs de western, Rango est une fable écologique, avec cette fameuse "ruée vers l'eau". Ressource si précieuse et convoitée dans les milieux arides. Dans le monde de notre ami lézard, "Celui qui contrôle l'eau, contrôle Tout", comme le défini le maire de Dirt. Pour lui, le monde change, les modes de vie ont évolué, le Far-West devient obsolète, désuet pour laisser place à un futur monde, vivant de la consommation industrielle.

La réalisation de
Gore Verbinski est maîtrisée : plans, cadres, mouvements de caméra sont intelligemment pensés, utilisant les codes visuels du Western. Le montage est impeccable avec des scènes de bravoure comme l'attaque dans le canyon, digne de La Guerre des Étoiles, un véritable must en la matière. La photographie est signée par le grand Roger Deakins, a qui l'on doit True Grit, No Country for Old Man des Frères Coens ou Skyfall. Un signe de qualité assurément.


Pour un premier travail sur un long-métrage d'animation, ILM n'a pas à rougir des autres studios Américains comme Pixar Animation Studios - Walt Disney Animation Studios ou même DreamWorks Animation.

Les décors naturels sont d'un photo-réalisme vraiment saisissant, voir bluffant, rarement vu encore de nos jours. On croirait vraiment que Rango a été tourné dans Momunent Valley. L'écran fourmille de détail ou tout semble réel, les textures sont impressionnantes, on a l'impression de ressentir la poussière, sur les vêtements, la crasse ou la sueur sur la peau.

On retrouve des clins d'oeil aux Westerns Italiens, de Sergio Corbucci, le nom du héros fait référence à Django, en passant par Sergio Leone, l'apparition de l'esprit de l'ouest incarné en Clint Eastwood (accompagné de ses Oscars) se fendant même d'un mot sur Kim Novak. Jack la morsure à les moustaches et le regard de Lee Van Cleef. Le maire a des allures de John Huston dans Chinatown & de Morton d'Il était une fois dans l'Ouest. Pour les plus perspicace, d'entre vous, auront remarquer la chemise de notre ami lézard est la même que porte Johnny Depp dans Las Vegas Parano de Terry Gillian, autre détail amusant, il y a même un caméo des personnages de Raoul Duke et de maitre Gonzo.
Clint Eastwood, ou plutôt "L'Homme Sans Nom".

Le casting vocale est bien choisi et colle parfaitement aux différents personnages, Johnny Depp, excellent dans le rôle de notre héros lézards, Alfred Molina est Roadkill - le tatou cherchant à accomplir sa destiné, Timothy Oliphant bluffant dans l'interprétation de Clint Eastwood (Dans la version Française c'est Hervé Joly habitué à l'acteur, qui double sa voix). La composition de Hans Zimmer, rend le tout vraiment entraînant et dynamique, comme la reprise de "la chevauchée des Walkyries" (clin d'oeil inévitable à Apocalyse Now) en version gypse.

Hommage ou véritable déclaration d'amour au western. Rango est une excellente surprise au ton adulte et décalé, contrairement au reste de la production d'animation 3D. Certains pourront trouver, un rythme un peu lent, à cause des quelques scènes poétiques. La réalisation maîtrisée de Gore Verbinski, en fait un long-métrage fort. Une sorte d'OVNI cinématographique à ne pas rater !


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