Après avoir souvent caressé timidement les codes du western tout le long de leur filmographie, dans Fargo ou l'introduction de The Big Lebowski. Avec True Grit, Les Frères Coen s'attaquent enfin à ce genre. Le déclic, a-t-il eu lieu avec leur chef-d'œuvre No country for Old man ? Définition du Néo-Western.
Seconde adaptation du roman de Charles Portis. En 1969, Henry Hathaway, cinéaste de la conquête de l'ouest avait déjà porté l'œuvre sur grand écran, connu chez nous, sous le nom de Cent dollars pour un shérif avec John Wayne.
True Grit est le premier gros succès commercial des Frères Coen, dû sûrement à son aspect grand public.
Dans l'Arkansas du XIXéme siècle, Mattie Ross, 14 ans, est déterminée à venger la mort de son père, assassiné lâchement par un de ses employés Tom Chaney. Malheureusement pour elle, ce dernier s'est enfui en territoire indien Choctaw, avec la bande de hors-la-loi de Ned Pepper. La gamine décidée à retrouver l'assassin de son père, décide d'engager le redoutable marshal Rooter Cogburn. Ils sont rejoint dans la quête par le Texas Ranger, Laboeuf, qui est également à la poursuite du meurtrier fugitif pour la mort d'un& sénateur, s'engage alors une chasse à l'homme en plein hiver…
Du point de vue de l'écriture, les Coen adapte le roman, de Charles Portis, en déviant rarement du matériel d'origine, juste un rajout, une séquences absurde incongru, interpelant le spectateur : "Oh tient un ours sur un cheval !". On retrouve bien évidemment leurs univers, avec des dialogues succulents, un soupçon d'humours noir, ou encore cocasse comme Mattie devant les toilettes dialoguant avec Cogbur. Le déroulement de l'intrigue est linéaire. Plusieurs styles sont représentés tantôt le western pur souche, en passant au drame et au road-movie avec la chasse à l'homme. Le PG-13, peut faire peur chez les frangins, comme chez Tarantino, pourtant ce n'est pas dérangeant, on ressent qu'ils sont à la limite du R, True Grit reste un western grand public, accessible à tous, rappelant la gloire d'antan de ce genre. Cette oeuvre reste dans l'esprit des classiques des années 50 & 60, dans le traitement de certaines scènes, notamment la condition des indiens, par exemple, Cogburn donnant des coups pieds à deux gamins. Un des condamnés à la pendaison est un peau-rouge, à qui on ne laisse pas finir ses dernières paroles. Les Coen n'instaurent pas de critique sociale sur l'époque, sur ces moments, à l'instar des réalisateurs de l'âge d'or du genre. Mattie, Laboeuf, l'ambiance, les hors-la-loi, sortent tout droit d'un Western Classique. Cogbur, est un anti-héros par définition son personnage se rapproche du Western Crépusculaire. True Grit ne peut se classer dans aucune des deux catégories définissant ce genre.
Les protagonistes sont attachants, leurs différents caractères sont développés et leur relations touchantes… Mattie est une gamine déterminée, débrouillarde, avec du cran, tenant tête à tous les hommes, c'est la plus intelligente du trio, jouant ainsi sur le décalage d'éducation entre ses deux compagnons d'aventure. Hailee Steinfeld la jeune comédienne, est simplement prodigieuse, une véritable révélation. Et contrairement à la version d'Henry Hathaway, le True Grit des Frères Coen place son point de vue exclusivement du côté de la jeune fille, toute l'action se passe devant ses propres yeux. Rooter Cogbur a du charisme, même si c'est un vieil ivrogne, idéalisé par les yeux de la gamine, c'est un vieux cow-boy, qui confisque le whisky, tire sans sommation, ne faisant pas de prisonnier et même un peu couard, préférant affronter ses adversaires à revers. Jeff Bridges, tiens ici son meilleur rôle depuis bien longtemps, l'introduction de son personnage au tribunal est juste brillant. Le Texas Ranger, Laboeuf est un redneck pur souche, le rendant volontairement drôle. Le travail de Jeff Bridges & Matt Damon sur les accents est très travaillé. Je déconseille absolument de voir la version Française. Quant aux bandits, ceux-ci sont peu présents à l'écran, Tom Chaney (Josh Brolin) et l'apparition de cinq minutes montre en main de Barry Pepper interprétant Nedd Pepper, méconnaissable, dantesque dans son rôle de hors-la-loi tenant parole, rendant le récit tout de suite moins manichéen, son personnage est intelligemment écrit.
La réalisation impeccable, rendant hommage au Westerns Classiques & Crépusculaires, les Coen apportent leur talent devant la caméra.
Sobriété est le mot, définissant le mieux ce travail. La composition des plans et séquences, permettent un véritable rendu original, grandiose à l'écran, la scène de fusillade finale est le meilleur exemple : Mattie Ross & Laboeuf sont de dos au bord d'une falaise, surplombant le face à face avec Ned Pepper et ses hommes de main contre Cogbur. La netteté la profondeur de champs sont incroyable, tout comme le point de vue. Le placement de l'objectif montre vraiment l'ingéniosité des deux frères. Joel & Ethan Coen se permettent des plans inhérents (inconsciemment ?) au genre : De Sergio Leone : L'arrivé en train de Mattie dans la ville rappel l'introduction de Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l'ouest. Les plaines étendues vides, magnifié par le CinémaScope. À Clint Eastwood, la fin, fait écho à Impitoyable.
Sobriété est le mot, définissant le mieux ce travail. La composition des plans et séquences, permettent un véritable rendu original, grandiose à l'écran, la scène de fusillade finale est le meilleur exemple : Mattie Ross & Laboeuf sont de dos au bord d'une falaise, surplombant le face à face avec Ned Pepper et ses hommes de main contre Cogbur. La netteté la profondeur de champs sont incroyable, tout comme le point de vue. Le placement de l'objectif montre vraiment l'ingéniosité des deux frères. Joel & Ethan Coen se permettent des plans inhérents (inconsciemment ?) au genre : De Sergio Leone : L'arrivé en train de Mattie dans la ville rappel l'introduction de Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l'ouest. Les plaines étendues vides, magnifié par le CinémaScope. À Clint Eastwood, la fin, fait écho à Impitoyable.
Plan final fait échos à Impitoyable de Clint Eastwood western crépusculaire. True Grit signe le chant du cygne du western classique. |
Dans True Grit tout est vrai ! Le long-métrage ne possède pas de décors en C.G.I. La ville, est bien, réelle. La photographie splendide de Roger Deakins, apporte une véritable élégance, méticuleusement travaillée, aux couleurs légèrement délavées, sur les décors naturels du grand Ouest : Aux plaines désertiques, en passant dans les rocheuses enneigées ou tombe de fin flocon de neige. Les séquences de nuit, sont des plus maitrisées, (la chevauchée finale ou Rooster Cogbur donne ses tripes) un vrai régal pour les pupilles. Le boulot des ingénieurs du son, Skip Lievsay & Craig Berkey est exceptionnelle, chaque son, tirs ou porté de voix, est différentes de l'endroit ou se situe l'un des protagonistes, un plaisir pour l'ouïe.
Quant aux mélodies au piano de Carter Burwell, celle-ci renforce l'académisme de l'oeuvre.
True Grit est une perle rare, un grand cru rendant ses lettres de noblesse au Western. Une histoire classique de vengeance avec des personnages forts, ses décors naturels magnifique et sa photographie maitrisée en font un classique instantané, faisant même oublier l'original d'Henry Hathaway. Un véritable chef d’œuvre !
Pas mon préféré des frangins - Fargo quoi - mais un de leurs meilleurs films, assurément.
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