jeudi 25 février 2016

Total Recall : L'incroyable et véridique histoire de ma vie. (2012)

Longtemps attendue, les mémoires d'Arnold Schwarzenegger laissent au bout du compte un sentiment mitigé. Sa vie nous est narrée, de son enfance dans un village modeste en Autriche, en passant par ses débuts fracassants dans le culturisme, son triomphe en tant que star Hollywoodienne, jusqu'à ses deux mandats en tant que gouverneur de Californie. L'ouvrage s'arrête après le tournage de Evasion (mi-2012).

Le mot qui ressort assez souvent dans ce livre est : Ambition. Et il faut dire que celle d'Arnold Schwarzenegger est vraiment démesurée, car tout jeune, il se sentait Américain et a tout fait pour être riche et célèbre, quitte à paraître sans pitié envers ceux qui se mettent en travers de son chemin. Un passage fait presque froid dans le dos, c'est celui où son frère et son père meurent dans un intervalle assez court, et étant déjà en Amérique, il refusera d'aller à leurs enterrements, de peur que ça n'entrave sa soif de réussite. Finalement, sa naturalisation américaine, survenue en 1983, n'est qu'une suite logique d'évènements où Schwarzy se sentait profondément Américain, et non pas Autrichien.

Le jeune homme à tout fait pour devenir riche et célèbre, quitte à tourner le dos à une enfance difficile et un père autoritaire. Son frère aîné, Meinhard, est le favori de leur père tandis qu'Arnold Schwarzenegger est éduqué de façon stricte. le comédien avouera que son père n'avait "aucune patience pour écouter et comprendre ses problèmes… il y avait comme un mur, un vrai mur". Dans un entretient à Fortune en 2004, le "Chêne Autrichien" déclare qu'il a subi "ce que l'on appellerait maintenant des sévices à enfants" de la part de son père. "Mes cheveux étaient tirés. J'étais frappé avec des ceintures. Comme le gamin d'à côté. C'était comme ça. Beaucoup d'enfants étaient cassés ainsi par leurs parents, c'était dans la mentalité germano-autrichienne. Ils ne voulaient pas créer des individus. Tout n'était qu'une question de conformisme. J'étais de ceux qui ne voulaient pas se conformer, et dont la volonté ne pouvait pas être cassée. Je devins un rebelle. Chaque fois que j'étais frappé et qu'on me disait : "tu ne peux pas faire ça", je me disais : "ça ne va pas durer longtemps ainsi parce que je vais partir d'ici. Je veux être riche. Je veux être quelqu'un". Arnold Schwarzenegger entretient de bonnes relations avec sa mère et restera en contact avec elle jusqu'à sa mort. À l'école, le jeune garçon est "dans la moyenne" mais est remarqué pour son caractère "enjoué, joyeux et exubérant". Le manque d'argent est un problème dans le foyer, Schwarzy se souvient que l'un des moments importants de sa jeunesse est l'achat d'un réfrigérateur par sa famille.



En 1961, Arnold Schwarzenegger rencontre l'ancien Mr. Autriche, Kurt Marnul, qui l'invite à venir s'entraîner à l'Athletic Union, une salle de gymnastique à Graz. Sa passion le conduit à aller s'y entraîner même le week-end alors que celle-ci est fermée. À cette époque, le jeune homme déclare à son père : "Je veux devenir l'homme le mieux bâti du monde, puis je veux aller en Amérique et être acteur". Le futur "Chêne Autrichien" fréquente aussi les cinémas et ses idoles sont les acteurs Reg Park, Steve Reeves & Johnny Weissmuller. En 1963, il arrive deuxième lors d'une compétition mineure organisée à Graz au Steirer Hof Hotel. L'année suivante, son père, très inquiet de la passion envahissante de son fils pour le "sport le moins populaire d'Autriche", lui interdit d'aller plus de trois fois par semaine à l'entraînement, mais celui-ci contourne cette limitation en construisant sa propre salle à la maison… 


Une grande partie du livre est consacrée à sa carrière dans le culturisme, où il ne cessera de battre des records, tout en admettant qu'il a pris des substances dopantes, alors autorisées dans les années 60. En fait, il a même un amour démesuré pour ce sport, car il est celui qui va constamment se mettre en avant pour promouvoir ce sport, car les gens n'y voyaient aucun intérêt à se mettre seulement en slip devant des milliers de personnes. 

"Ce que nous affrontons peut sembler insurmontable. Mais j'ai appris quelque chose de toutes ces années d'entraînement et la compétition… Ce que j'ai appris, c'est que nous sommes toujours plus forts que nous pensons"



Le cinéma est aussi présent, et c'est là que le bat blesse, car c'est plus survolé qu'autre chose, quand ce ne sont pas des anecdotes déjà connues qui reviennent à la surface. Les longs-métrages évoqués dans le détail sont Stay Hungry, Conan le barbare, Terminator, Jumeaux, Total Recall & La Fin des Temps (!). Le reste n'est que partiellement évoqué (rien ou presque sur Commando), voire il n'en parle pas (des films entiers sont ainsi rayés de son parcours) ; peur de mal parler de ses partenaires ? Oubli involontaire ?

Il y a quelques anecdotes savoureuses sur John Millius, Bob Rafelson, James Cameron ou encore Grace Jones qu'il ne supportait pas sur Conan le Destructeur, sans oublier sa liaison adultérine avec Brigitte Nielsen. "Mon aventure avec Brigitte Nielsen n'a fait que souligner ce que je savais déjà: je voulais que Maria devienne ma femme."



"Si on n'avait pas Schwarzenegger, il faudrait l'inventer.John Millius

Si il y a un seul moment où il est franc, c'est sur le choix de Paul Michael Glaser en tant que réalisateur sur The Running Man, choisi parce qu'il était le seul libre du moment, peu importe qui il était ! Contrairement au passage sur le culturisme, son amour du cinéma ne parait pas si fort, et que ce n'est qu'une étape de plus pour devenir riche et célèbre, et surtout, ce qui revient constamment dans le livre, détenir du pouvoir. Ce qu'il fera en 2003 en devenant gouverneur de Californie deux fois de suite, où là, la passion semble l'emporter, et il est très précis dans ses souvenirs (la période est aussi plus proche), tout en ayant toujours un sentiment qui a l'air de l'enrager ; il ne peut pas se présenter à la présidence, car il n'est pas né sur le territoire Américain.

James Cameron, Arnold Schwarzenegger & Jamie Lee Curtis
sur le tournage de True Lies.

Ses amours, peu nombreux, sont aussi évoqués, et ce livre est aussi un chant d'amour à son ex-femme, Maria Schriever, et à ses quatre enfants, et il regrette profondément sa liaison avec sa femme de ménage, avec qui il a eu un enfant, constatant que c'est le plus grosse erreur qu'il ait jamais faite. "C'était arrivé alors que Maria et les enfants étaient en vacances et que je finissais le tournage de Batman & Robin" raconte l'acteur. "Mildred travaillait chez nous depuis cinq ans, et on s'est soudain retrouvés seuls dans la chambre d'amis. Au mois d'août suivant, quand Mildred a accouché, elle a prénommé le bébé Joseph et déclaré que le père était son mari." C'est ce Schwarzy a cru pendant de nombreuses années, avant de voir des photos du fameux Joseph. "La ressemblance était si flagrante que j'ai compris que c'était très certainement mon fils."

Si j'ai bien aimé lire cette biographie, surtout sa première vie dans le culturisme, le côté cinéma est vraiment décevant, car vraiment trop légèrement survolé. Par contre, on peut voir dans ce texte le parcours type du "rêve Américain". Quant à la soif de pouvoir, elle est évoqué de différentes manières ; en parlant de ses cachets dans ses films (où au début, il a multiplié par deux ses tarifs, jusqu'à atteindre trente-cinq millions de dollars pour Terminator 3 : Le Soulèvement des Machines), son amitié avec des économistes ou des hommes puissants, sa longue carrière dans l'immobilier parallèlement à celle de culturiste puis d'acteur "Mon but était d'être riche, et de le rester". Désormais, débarrassé de son costume de gouverneur, il est revenu en tant qu'acteur, et on peut y lire une forme de modestie, car il a l'air de se rendre compte que son époque bénie est désormais terminée.



"Quand je regarde ma vie, je me dis que j'ai été sacrément chanceux d'accomplir tout cela. Je dois même me pincer plusieurs fois pour y croire." Extrait d'un entretien au Figaro (1er Juillet 2015).


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire