mercredi 18 juin 2014

Albator, Corsaire de l'espace (2013)

Le voila ! Albator, le capitaine corsaire, il revient Albator, […] bien plus beau qu'il était dans nos mémoires… Souvenez-vous des paroles prophétiques d'Albator 84. Notre balafré de l'espace est donc de retour, en cette fin d'année 2013, et le tout en image de synthèse.

Harlock ou Herlock, - Les deux transcriptions sont correctes - de son vrai nom sur l'archipel Nippon, est l'un des personnages clefs de l'univers de son mangaka, Leiji Matsumoto

Ce capitaine pirate hantait l'imagination de son auteur depuis l'époque du lycée, sa première apparition a lieu en 1969, dans Dai-Kaizoku Captain Harlock (Capitaine Harlock, le grand pirate), l'une des sources d'inspiration pour sa création est Musashi Miyamoto, le légendaire guerrier samouraï. Au courant des années 70, Harlock apparaît dans différentes oeuvres comme le western Gun Frontier ou Diver Zero. Mais c'est en 1977, que le personnage atteint sa pleine maturité avec le manga Captain Herlock et son adaptation animée l'année suivante par Toêi Animation. En 1981, le corsaire de l'espace arrive en France dans Récrée A2, le personnage est renommé pour l'occasion Albator, car son patronyme original étant phonétiquement trop proche du Capitaine Haddock de Tintin. Pourquoi ce choix d'Albator ?! D'après Eric Charden, compositeur des musiques Françaises, l'idée est venue en combinant le nom d'un amis rugbyman, Jean-Claude Ballatore, avec celui du majestueux oiseau l'albatros.

C'est lors du Tôkyô Anime Fair de 2010, - grande messe annuelle de l'animation Japonaise - que Tôei Animation annonce, pilote à l'appui, ce nouveau projet : Space Pirate Captain HarlockLe studio d'animation alloue à l'équipe d'animateur un budget confortable de 30 millions de dollars pour l'aboutissement de ce film. 

Réalisé par Shinji Aramaki, mecha-designer de talent reconnu pour des séries telles que Mospeada, Troisième segments du cycle Américain Robotech, ou encore les OVAs de Megazone 23, premier grand succès commercial sur ce nouveau format de consommation pour les amateurs d'animation sur l'archipel Nippon et surtout Bubblegum Crisis. Depuis quelques années l'homme c'est spécialisé dans les films d'animation en "image de synthèse", une technique peu répandue au Japon, son premier projet dans ce nouveau style graphique date de 2005 avec Appleseed, adaptation du manga éponyme de Masamune Shirow. S'en suivront ensuite, sa suite, Appleseed Ex Machina, produit par le cinéaste Hong-Kongais John Woo, et Starship Trooper : Invasion, se déroulant dans l'univers cinématographique de Paul Verhoeven. Outre le cinéaste, on retrouve également, en scénariste Harutoshi Fukui (Mobile Suit Gundam UC) & Kiyoto Takeuchi (Appleseed Ex Machina)

Dans un futur très lointain, après une longue bataille sanglante appelée "Guerre du retour", la Terre est devenue un sanctuaire inviolable pour les nombreux humains éparpillés partout dans les confins de l'espace, car la planète bleue ne dispose pas assez de ressources pour accueillir toute l'humanité. Mais un ténébreux capitaine corsaire, épris de liberté du nom d'Albator, commandant du terrifiant vaisseau Arcadia, n'est pas de cet avis. Ce dangereux fugitif, devenu entre temps une chimère vielle de cent ans, demeure toujours insaisissable par les autorités de la coalition galactique GAIA, ses redoutables ennemies


Onze ans après ces dernières aventures sous forme d'OVAs, avec Space Pirate Captain Herlock : The Endless Odyssey Outside Legend, réalisé par l'un des vétérans de l'animation Japonaise, Rintarô metteur-en-scène de la première série de 1978 : Albator, le corsaire de l'espace. Notre pirate préféré revient donc sur grand-écran en 2013, avec une nouvelle ré-interprétation moderne du mythe d'Albator… Mais que reste-il finalement de ce ténébreux personnage ?!

En 1982, dans Albator 84 : L'Atlantis de ma jeunesse, dirigé par le regretté Kazuo Komatsubara. Ce grand réalisateur avait réussi à donner un souffle héroïque en apportant une touche de romantisme, pleine de poésie, ou Albator, seul contre ceux qu'il combattait n'était jamais seul à bord dans sa lutte. ce film d'animation reste l'un des meilleurs incarnations du personnage encore à ce jour. 

Malheureusement, cette version "2013" re-visitée, est loin d'égaler son illustre prédécesseur. 

Adieu poésie, romantisme et mélancolie de notre héros, changé ici en un regret froid de ses actions passées. Nous sommes à l'opposer de la psychologie habituelle du pirate de Leiji Matsumoto, ce fier capitaine sans peur et sans reproche, défendant la Terre à tout prix, vivant sous la bannière de la liberté. "La liberté" justement, comment les scénaristes ont-ils pu laisser ce mot - "Liberté" - dans la bouche de Yama ?! Ce freluquet - Véritable héros du récit - monte à bord de l'Arcadia, en nouvelle recrue, le jeune homme est en réalité un infiltré à la solde de la coalition GAIA. Le garçon, faux ersatz de Tadashi Daiba, est bien loin de partager les idéaux du pirate de l'espace, en agissant principalement par ses propres sentiments et convictions personnelles. N'oublions pas, le triangle amoureux entre lui, son frère Erza et sa fiancée Nami, n'apportant pas grand chose, si ce n'est à nous sortir un énième twist sans intérêt.

Le scénario faussement compliqué est rempli d'intrigues inutiles, et de retournement de situations improbables, - La coalition GAIA sort une artillerie dantesque toute les cinq minutes - digne d'une série télévisée Américaine. Quant à la conclusion finale, la passation de pouvoir entre Albator & Yama, arrive comme un cheveux sur la soupe, même si l'idée reste bonne. Pourquoi diable balancer ça uniquement dans les deux dernières minutes ?! D'un point de vu scénaristique cela aurait dû être placé réellement au centre du récit, et de faire d'Albator, un nom qui se serait transmis de cinq à six hommes en cent ans.

Albator, le corsaire de l'espace aborde "la boucle, ou l'anneau du temps" - Toki no wa -, l'un des thèmes importants dans l'oeuvre de Leiji Matsumoto. Ainsi le temps formerait une boucle et les différents personnages de ses mangas existeraient dans le passé, le présent et le futur, mais également dans des univers parallèles.

Quelques clins d'oeil aux précédentes aventures du balafré, sont dissimulées, comme par exemple la planète Tokarga, présente dans Albator 84 : L'Atlantis de ma jeunesse.

Visuellement Albator, le corsaire de l'espace est très réussi : Graphismes, mise-en-scène, effets spéciaux, tout est là pour que le spectateur s'immerge facilement dans cet univers, digne des grosses productions Hollywoodienne, là dessus James Cameron n'a pas menti. Après Appleseed & Starship Trooper Invasion, Shinji Aramaki confirme qu'il sait s'entourer d'une bonne équipe d'animateurs.

Comme pour Avatar de James Cameron, les mouvements des différents protagonistes ont été réalisés grâce au procédé de Performance Capture. La comédienne & chanteuse du groupe Kao=s, Kaori Kawabuchi, véritable experte en la matière au Japon, utilise ses formes pour l'animation de Kei Yuki. L'actrice à travaillée sur de nombreuses prestations pour Square-Enix, de Final Fantasy XIII à The 3rd  Birthday. 

Les sources d'inspirations de la Production-Design sont principalement les jeux-vidéo : Les armures de l'équipage de l'Arcadia font immédiatement penser au Big-Dady de Bioshock et la citée Martienne est proche de l'architecture de certaines villes de la saga Final Fantasy de Square-Enix - L'éditeur Japonais, pionnier dans le film d'animation réaliste avec Final Fantasy : Les créatures de l'Au-delà. Le character-design semble d'ailleurs tout droit sorti des récentes productions du géant vidéoludique Japonais, les personnages de l'univers d'Albator, le corsaire de l'espace sont les dignes héritiers de Tetsuya Nomura. A noter la drôle de similitude graphique entre Erza & Irita de Space Pirate Captain Herlock : The Endless Odyssey Outside Legend.



Albator, le corsaire de l'espace, signe le grand retour du compositeur Japonais de la série de 1978 : Seiji Yokoyama, mélomane connu surtout en France pour Saint Seiya - Les chevaliers du zodiaque. Comme toujours ces musiques symphonique, s'accordent parfaitement à l'univers de ce Space-Opéra.

Bénéficiant d'une solide réalisation et d'un rendu visuel assez impressionnant, ce long-métrage de Shinji Aramaki pêche malheureusement par un scénario se voulant "faussement" trop dense et complexe, l'intrigue se perd dans des couloirs sans grand intérêt… Dommage. Cet Albator, le corsaire de l'espace ne tient donc pas réellement toutes ses promesses, mais l'on peut saluer le défis technique de ce genre de production en image de synthèse dite "réaliste", encore trop rare sur l'archipel Nippon. 

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