dimanche 29 juin 2014

La grande aventure LEGO (2014)


Après leur premier film d'animation Tempête de boulettes géantes - chez Sony Pictures Animation - qui a reçu d'excellentes critiques de la presse et du grand-public. Les deux cinéastes Phil Lord & Chris Miller opèrent alors un virage à 180 degré avec un passage à la réalisation d'un long-métrage de prise de vue réelle, avec 21 Jump Street. Mais Le duo touche à tout revient en 2014, avec La grande aventure LEGO, les célèbres briquettes Danoises.

Depuis 2008, ce projet d'animation sur les LEGOs est en développement chez Warner Bros, Les scénaristes Dan & Kevin Hageman décrivent leur intrigue comme "de l'aventure et de l'action dans le monde de Lego". Pendant la production de Tempête de boulettes géantes, Phil Lord & Christopher Miller sont en pourparlers pour écrire et diriger le film, en Novembre 2011 la major officialise le projet avec une sortie prévue en 2014. 

Le studio Australien Animal Logic, est engagé pour fournir 80% de l'animation du La grande aventure LEGO. Lors de la production du film, Chris McKay réalisateur de Robot Chicken rejoint le duo de cinéaste pour co-réaliser, celui-ci supervise finalement l'animation en Australie pendant que les deux compères terminent 22 Jump Street.

Le studio d'animation Animal Logic - avec l'aide de The LEGO Group - a animé le long-métrage grâce au procédé de stop-motion, ces différents mouvements ont été ensuite reproduits par le biais de l'infographie. Plus de quinze millions de briques ont été utilisé pour la durée du tournage. Et les figurines ont été parfois placées sous des microscopes pour capturer les différentes lignes de coutures, la saleté ou même la crasse, afin de poser ses éléments numériquement sur les nombreux personnages.

Emmet, est une personne ordinaire vivant à Briqueburg, celui-ci est pris par erreur pour le Spécial, un être pouvant sauver l'univers. Grâce à l'aide Vitruvius, un vieil ermite mystique, d'une jeune femme robuste nommée CoolTag et de Batman, notre héros va se battre contre le tyran maléfique Lord Business qui veut détruire le monde LEGO avec le Kragle…

Énorme coffre à jouet, où le spectateur écarquille grand les yeux devant ce délire visuel coloré, et prend ainsi plaisir à découvrir tout un tas de trouvailles amusantes, farfelues. La grande aventure LEGO, pose son regard de façon ironique sur la fonction même du jouet, le début du long-métrage nous immerge dans cette grande métropole aseptisée et uniformisée, où le jeune Emmet suit les indications d'une notice pour devenir un habitant adéquat. Un soir, après le boulot, il découvre une sorte de pierre philosophale, faisant de lui "le Spécial". Nous sommes en plein dans le monomythe de Joseph Campbell, avec cet appel à l'aventure du héros et le cheminement des différentes épreuves parsemant sa route, lui permettant ainsi de s'émanciper… Un concept utilisé de multiples fois au cinéma, de Star Wars - La guerre des étoiles en passant par la trilogie Matrix. D'ailleurs on peut y faire un parallèle amusant entre la saga des Wachowski, Emmet distinguera "la matrice", fabriqué par Lord Business, et l'existence du véritable monde des LEGOs crée par les humains, cet "Élu", tel Néo fera tomber l'ordre établi… Ce Président Directeur Général machiavélique dirigeant une multi-nationale capitaliste, avec ses employés robotisés, contrôle d'une main de fer la mégalopole de BriqueBurg, surveillant les faits et gestes de ces concitoyens par la vidéo-surveillance tel un digne héritier du "Big Brother is watching you" du roman 1984, de George Orwell.

"Vaisseau Spatial !!!!"
Le nom prophétique du héros fait allusion à l'histoire du Golem, issue des anciens récits Hébraïque.  Cette créature faite d'argile et de terre cuite, est vue dans l'ancien testament comme "un être inachevé". Celui-ci s'anime lorsque l'on inscrit sur son front le mot "Emeth" (Vérité). Le Emmet de La grande aventure LEGO est lui aussi "inachevé", quand Vitruvius, sonde son âme, on découvre qu'il est complètement vide de toute pensée. 

Comme pour les longs-métrages de Steven Spielberg / George Lucas, les liens du sang sont également évoqués avec cette vision (ou d'un dialogue) entre un père autoritaire - Lord Business - n'aimant pas que l'on touche à ses jouets et d'un fils - Emmet -, à l'imagination débordante mais finalement le paternel apprendra à connaître son garçon, réparant ainsi ses erreurs. Les enfants deviennent une véritable source à la créativité, ils ne suivent pas les manuels, faisant bouger les lignes contrairement aux adultes, ces derniers veulent tout figer et garder le monde de manière ordonné.

On peut y voir également, une habile relecture des codes Hollywoodiens, notamment grâce au fameux "MacGuffin" de l'histoire, thème cher à Alfred Hitchcock, ici l'objet mystérieux prétexte au développement de l'intrigue est l'étrange bouchon rouge permettant de refermer le Kragle. 

Lors de l'odyssée décapante de nos héros, s'ensuit une ode à la créativité, un empilement ravageur de brique, où fourmillent d'innombrables idées s'avérant parfois immensément drôle. La grande aventure LEGO appuie sur l'accélérateur multipliant les scènes d'actions jouissives et enclenche le turbo pour ne plus s'arrêter. Ces nombreux personnages trépidants à l'humour simple mais terriblement efficace - Uni-Kitty, mauvais flic, Batman excellent avec son côté sombre parodique ou le duo Green Lantern & Superman). A noter, l'apparition du Faucon Millenium, avec à bord Lando, C3PO & Han Solo. D'ailleurs, en version française, la voix de ce dernier est similaire à celle de Francis Lax - qui doublait Harrison Ford dans la trilogie culte de George Lucas - Un belle hommage au comédien décédé en mars 2013.

Outre ce space-opéra mythique, de nombreuses références à la pop-culture sont dissimulés tout le long de ce long-métrage, dont les fameux super-héros de DC Comics - propriété de Time Warner. Mais également des caméos de Milhouse des Simpsons, des Tortues Ninjas, en passant par Dumbledore d'Harry Potter ou encore de Gandalf le gris du Seigneur des anneaux.

Un peu à la manière d'un Toy Story de John Lasseter, le long-métrage fait avant tout appel à nos souvenirs de gamin, en nous prenant par la main pour nous faire revivre notre enfance pas totalement disparue. Mais ce qui est génial, c'est l'inventivité visuelle, rien que la première séquence sur le chantier est un émerveillement pour les rétines, un véritable dédale d'ingéniosité plastique. Grâce notamment à la thématique  propre au LEGO, la construction et la décontraction, le spectateur oscille entre des grosses scènes hyper fouillées foisonnant de détail à l'écran, tout en restant d'une lisibilité impressionnante.

Et n'oublions pas les différents mondes que nos héros traversent, de la mégalopole de Briqueburg sortie tout droit de la gamme de LEGO City, à l'univers Far West à sa bourgade aride digne de Monument Valley en passant par la cité des nuages, à l'ambiance colorée  rose flashy façon "Kawai" digne du quartier d'Harajuku à Tôkyô. Le spectateur assiste à un véritable déluge de briques multicolores vivantes, l'immergeant encore plus dans ce long-métrage !

La version originale, possède des valeurs sûres de la télévision et du cinéma Américain. Will Arnet (Arrested Development, Les gardiens de la galaxie) prête sa voix au benêt Hemmet. Elizabeth Bank (30 Rock) est l'intrépide Cool'Tag, bien sûr l'immense Will Ferrel, incarne Lord Business, et Liam Nesson, interprète méchant flic. Quant à Morgan Freeman, celui-ci comme à son habitude est le vieux sage Vitruvius. A noter la participation exceptionnelle d'Anthony Daniel, le véritable C3PO de Star Wars - La guerre des étoiles, mais également celle du basketteur Shaquille O'Neal, et les deux cinéastes Phil Lord & Chris Miller retrouve également leurs deux acteurs de 21 Jump Street, Channing Tatum en Superman & Jonah Hill en Green Lantern.

La grande aventure LEGO bénéficie d'un rythme décapant, voir décoiffant, pouvant paraître trop étouffant pour certains spectateurs. L'intrigue très bien écrite, avec sa double lecture et ses sous-textes, arrive à humaniser le jouet lui-même, ce long-métrage peut donc plaire aux plus petits et également aux adultes, avec cette once de nostalgie. Derrière le prétexte d'une immense publicité pour la firme Danoise, l'intelligence et l'universalité du propos remporte la mise. Certainement l'un des meilleurs films d'animations Américain récent, hors Disney - Pixar & DreamworksUne bouffée de fraîcheur à savourer entre ami sur "un canapé impérial" !.

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