dimanche 31 janvier 2016

Oblivion (2013)

Après avoir signé le deuxième opus de Tron pour le compte de Walt Disney Company, Joseph Kosinki ancien protégé de David Fincher, fait preuve d'une ambition étonnante alors qu'on aurait pu le cataloguer rapidement de Yes-Man. Ainsi, le cinéaste tente d'adapter sur grand-écran son propre graphic-novel, jamais publié, Oblivion. Il décide de quitter l'écurie Disney après que la compagnie lui propose de faire un film de divertissement familial.

En 2077, après des décennies de guerre contre la terrible menace des "chacals" ayant pulvérisé la Lune, les humains ont quitté la Terre. Jack Harper vit avec Victoria dans une station au dessus des nuages et a pour mission de réparer et d'entretenir les drones présents à la surface, afin de protéger les stations chargées d'extraire de l'eau de mer. Un jour, témoin du crash d'un vaisseau spatial, le technicien décide de se rendre sur les lieux, et découvre les caissons de tout un équipage en biostasie. Parmi eux il trouve un caisson contenant une inconnue. À sa grande stupéfaction, notre homme a déjà vu cette inconnue dans ses rêves…

Cela pouvait déjà se voir plus ou moins dans Tron Legacy, mais Joseph Kosinki est un véritable amoureux de la Science-Fiction et des mythologies qui en découlent et cela se voit encore plus avec Oblivion. Le spectateur sent une réelle sincérité de conter un récit plus ambitieux que la moyenne… Une tentative intéressante de renouer avec de la Science-Fiction intelligente et populaire.

Foulant seul le sol de la Terre dévastée, Jack Harper a tout le temps de se remettre en question.
Le scénario parait original de prime abord, il se révèle au fur et à mesure du visionnage. Les humains cherchant à protéger leur planète, vont être soumis à une invasion extraterrestre qui va les pousser à détruire la Terre, par le feu nucléaire, pour mieux la sauvegarder. Sous-texte écologique intéressant où l'homme est prêt à sacrifier son habitat et ses ressources pour empêcher que l'envahisseur ne profite de ses richesses naturelles. Une fois la surface victime de taux de radiations trop élevé, les humains préfèrent s'exiler en hauteur, tout en cherchant à garder un oeil bienveillant sur leur planète bleue. L'être humain est rapidement esquissé : Prêt à détruire ce qu'il a de plus cher par amour et par fierté, mais aussi par égoïsme.

Le début d'Oblivion construit sa mythologie sur la référence biblique au couple qui doit s'unir pour permettre la vie sur Terre. Mais cette belle histoire d'amour est contrarié, à l'arriver de Julia. Un triangle amoureux fort intéressant se crée, quand il s'attarde sur la relation complexe entre Jack Harper & Victoria son binôme froid.

L'aspect clinique de la Tour procure un contraste saisissant avec l'abandon de la Terre.
La tête dans les nuages, rêvant d'un monde nouveau en se prenant pour des dieux, la nature humaine pêchent par excès de confiance. Et le message d'espoir distillé dans le scénario appartient beaucoup trop au monde du cliché éculé que de la réflexion profonde et aboutie. Si le début d'Oblivion nous amène à croire que l'expérience sera convaincante, on retombe rapidement dans le côté décomplexé et caricatural de la Science-Fiction Hollywoodienne et la déception est d'autant plus grande que le sujet semblait propice à un débat cinématographique de plusieurs thèmes prédominants dans l'inconscient collectif : La peur du nucléaire, le réchauffement climatique, la peur de l'étranger, les élites…

Ce long-métrage est rempli de mystères, se dévoilant au fur et à mesure de l'intrigue. La narration offre de jolies révélations. Des doutes s'installent rapidement dans nos esprits, mais difficile pour le spectateur de tout résoudre d'un seul coup. Dans cet univers post-apocalyptique, Jack Harper s'approche constamment de "la vérité" cachée. L'ennemi numéro un est le mensonge…

En invoquant les fantômes de film réussis plus ou moins récents (Moon, 2001 : L'odyssée de l'Espace, Total Recall), Oblivion possède des qualités évidentes, comme une mise en scène qui ne cède jamais aux modes actuelles du cinéma d'action, Tom Cruise croit à l'entreprise qu'il porte à bout de bras, mais aussi un univers qui fascine visuellement avec les magnifiques paysage d'Islande. Là où le genre post-apocalyptique donne souvent les mêmes idées reprises inlassablement, ici on a réellement la sensation de voir quelque chose d'inédit sur le plan visuel.

Une ambiance visuelle donc vraiment réussie, appuyée par une bande son très travaillée que ce soit pour les bruitages - le bruit des drôles a un côté inquiétant - ou la composition musicale. La bande originale de M83 est assez planante. Un véritable plaisir pour les oreilles ! Bien qu'elle est parfois un peu trop proche de celle composée par Daft Punk pour Tron Legacy.

Tom Cruise est parfait dans ce rôle sobre. Le comédien est particulièrement impressionnant dans sa capacité à effectuer ses propres cascades, ce qui renforce l'intégrité de son personnage. En connaissant l'intrigue on comprend mieux après le désarroi d'Olga Kurylenko (James Bond : Quantum of Solace) quand celle-ci se réveille sur la station chez ses hôtes. Et mention spéciale pour Andrea Riseborough (Birdman) d'une beauté diaphane, qui est juste parfaite.

Une belle petite brochette de comédien est présent mais pratiquement réduit au rôle de figurants. Nikolaj Coster-Waldau (Game of ThronesBlackthorn : La dernière chevauchée de Butch Cassidy), Zoe Bell (GrindHouse - Boulevard de la Mort) méritaient probablement mieux. Morgan Freeman ne crève pas l'écran, il occupe simplement et correctement sa tache.

Visuellement splendide, Oblivion est un très bon film de Science-Fiction. Sublimé par une mise en scène et une Production-Design exceptionnelle, nous éloignant des critères actuels du cinéma Hollywoodien. Malheureusement pour lui, il en faudra plus pour rallier à sa cause les amateurs avides de "message". Mais cette tentative de Joseph Kosinki est louable ! La beauté graphique de son oeuvre est l'arbre qui cache la forêt. Et celle-ci est dense et déjà habitée par de grand nom de la littérature et du cinéma de genre.

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