samedi 30 janvier 2016

Batman et Red Hood : Sous le Masque Rouge (2010)


Depuis quelques années Warner Bros Animation propose annuellement des Direct-To-Video - en France - originaux ou des adaptations de célèbre comics-book comme The Dark Knight Returns, Batman : Année Un ou Killing Joke. Ces œuvres sont destinées à un public adulte, la classification aux États-Unis est PG-13.

Ce long-métrage est produit par Bruce Timm, l'homme à tout faire sur la série télévisée des années 90, Batman : The Animated Serie. Cette itération de Batman est une adaptation de l'album Un deuil dans la Famille et sa suite, Sous le Masque publié en 2005. L'intrigue est écrite par Judd Winick, scénariste chez D.C comics, connu pour Catwoman - La Règle du Jeu & La Maison de Poupées (disponible chez Urban Comics). L'écrivain revient donc cinq ans après avoir écrit la bande-dessinée d'origine dans une nouvelle version ne faisant référence ni à Infinitive Crisis, ni à Batman : Hush.


Inspiré par la référence à la mort d'un certain Jason, dans Dark Knight Returns de Frank Miller, D.C Comics  laisse le choix de la fin à ses lecteurs : Jason Todd le second Robin (Dick Grayson étant devenu NightWing) ne plaisait pas aux lecteurs de Batman en 1988. La maison d'édition décide alors de donner le choix à son public en votant par téléphone. "Robin doit-il vivre ou mourir ?" Avec près de 10 000 votes, la réponse est unanime : Ils ne veulent plus de l'adolescent en collant vert et rouge et décident de le tuer de la main du Joker... Cette histoire dépeint un Batman violent et plus sombre. Tout le récit est racontée du point de vue du Caped-Crusader. 

Quant à l'animation, celle-ci est confiée à Answer Studio, jeune société fondé en 2004 sur les anciennes ruines de Walt Disney Animation Studio Japan Cette branche Asiatique de "la souris aux grandes oreilles" avait travaillée sur de nombreuses œuvres comme les séries télévisées de Gargoyles, d'Aladdin, le film d'animation Les Aventures de Tigrou ou le Direct-To-Video Les 101 Dalmatiens 2… Les longs-métrages prévus pour sortir directement en vidéo étaient réalisés conjointement par les studios Australiens et Japonais avec une répartition des taches selon leurs spécialités, celle de la branche Nippone était les scènes d'actions et de mouvements. Mais lorsque que la maison mère de Walt Disney Company décide de fermer ses branches à l'étranger, les animateurs décident alors de devenir indépendant, et de devenir un sous-traitant pour d'autres sociétés ! Answer Studio a notamment participé à des séries d'Animes (Golgo 13, Kill La Kill, Eden of East, L'Attaque des Titans) ou des longs-métrages (Miss Hokusai, Piano Forest…) Japonais. Cette jeune société répond également aux différents appels d'offres internationales comme pour Transformers : Animated ou Batman et Red Hood : Sous le Masque Rouge. 


Le Joker a capturé Jason Todd alias Robin, l'allié de Batman. le psychopathe le torture jusqu'à ce que notre héros masqué arrive pour sauver son apprenti. Le sauvetage n'aura malheureusement pas lieux, une fois sur place le bâtiment explose… Cinq ans plus tard dans la mégapole de Gotham City, un mystérieux homme connu sous le nom de Red Hood prend le commandement du commerce de la drogue, en assurant aux huit chefs éminent de sa protection contre Batman et Black Mask, le parrain de la pègre.

Dès le début, Batman & Red Hood : Sous le Masque Rouge annonce sa couleur ! Nous découvrons ce pauvre Robin se faire démonter par un Joker assoiffé de sang. Le ton est donc donné : Ce n'est pas une énième adaptation de Batman en dessin-animé que nous avons là mais bien une production interdit au moins de 13 ans (PG-13) dont son intrigue à l'ambiance matures posséde une violence savamment dosée et efficace... parfois même dérangeante - Pourtant on ne voit pas de sang.

Certainement l'un des films d'animation les plus noirs et les plus violents jamais réalisé sur l'univers du Caped-Crusader, proche de The Dark Knight Returns. Le trio composé par Batman, Red Hood & Le Joker porte toute la tragédie de cette œuvre, qui culmine lors d'un final sensationnel.

Une partie de l'intrigue consiste en une enquête de notre Dark Knight pour comprendre jusqu'à quel point il s'est fait manipuler cinq ans auparavant… Ce drame dans lequel il est pleinement impliqué émotionnellement, culpabilisant de n'avoir su empêcher cette tragédie. D'ailleurs Batman & Red Hood : Sous le Masque Rouge incorpore des sujets d'actualités contemporains comme la Guerre de Bosnie-Herzégovine dans les années 90, Bruce Wayne déclare le décès de Jason Todd suite à un bombardement à Sarajevo.

Cette mort pèse pour le Caped-Crusader, qui garde le costume de son protégé dans sa Bat-Cave. 

Batman & Red Hood sont les deux faces du même pièce - Métaphore qui plairait à Harvey Dent -, un même combat mené par deux préceptes moraux ou non, et c'est cette différence qui se creuse de plus en plus durant l’œuvre. Mais au-delà des divergences idéologiques, ce contexte force notre héros à faire des conséquences de ses actes passées lorsqu'il réalise que Le Joker et lui sont responsables de la création d'un monstre instable. Et l’arrêter risque d'être bien plus périlleux et difficile que tout ce qu'il a connu jusqu'à présent car Red Hood est vraiment un autre Batman, tout aussi efficace et compétent que le vrai, mais plus dangereux…


Le passé de Jason Todd en Robin donne lieu à quelques flashback qui montrent une évolution intéressante, d'un side-kick blagueur et insouciant à un jeune homme violent dont Batman n'arrive plus a canalisé sa hargne. Quant au Joker, il est plus cinglé et anarchique que jamais, rappelant aussi bien l’interprétation de Heath Ledger que de Mark Hamill / Pierre Hatet. Aussi terrifiant que drôle, c'est un personnage à différentes facettes, totalement imprévisibles, et Batman et Red Hood : Sous le Masque Rouge le met superbement en valeur son instabilité mentale, sans pour autant en faire des tonnes ! Ce Direct-To-Video se veut réaliste.

Ce métrage nous amène également "une origine" possible du Joker en prime, certes il y en a de nombreuses, les différents auteurs au fils du temps ont même parfois fait dire à notre psychopathe plusieurs de ses histoires qu'il ne sait plus le vrai du faux. Le fameux passage fera immédiatement réagir les amateurs de l'univers de Batman… D'autant que cette "origine" est la plus communément admise et utilisée, c'est aussi celle-ci que raconte Le Joker au Docteur Strange dans les enregistrements audio des patients dans le jeu-vidéo Batman : Arkham City

Outre ce trio de tête, nous retrouvons NightWing passant son temps à balancer des vannes et faire des cabrioles, Black Mask le mafieux n'est pas effrayant. Mais surtout Ra'as Al Ghul est l'un des éléments clef de ce récit. A noter la présence en forme de clin d'oeil de Thalia Al'Ghul, prés de son père dans un plan lors de la résurrection dans la fontaine de Lazare, du Sphinx - Egnima (doublé par Bruce Timm) et du commissaire Gordon.


La narration est efficace, évitant d’être trop verbeux ; les thématiques présentes (la culpabilité de Batman, l'impuissance d'Alfred les motivations de Red Hood) sont parfaitement mis en valeur et participent à faire monter la tension dans les dernières vingt minutes. Le réalisateur, Brandon Vietti, avait déjà largement fait ses preuves sur plusieurs séries animées de D.C Comics. Mais sur Batman et Red Hood : Sous le Masque Rouge notre homme s'est littéralement surpassé : Sa mise en scène est sublime, très rythmée et pleine de tension. Il signe là l'un des meilleurs long-métrage de la licence et de D.C Comics depuis Batman contre le Fantôme Masqué de 1993. Le générique d'ouverture et de fin, est un véritable parti-pris visuel en simili-prise de vue réelles, à la limite expérimentale, tout en mettant d'entrée de jeu l'ambiance : Un film sombre à l'état brute. 

De plus, ce métrage bénéficie de la présence de comédiens qui jouent de façon très convaincante : Ainsi, Si John DiMaggio est toujours aussi génial en Joker, Neil Patrick Harris (Barney Stinson de How I Met Your Mother) est plutôt bon en NightWish vanneur, Jason Isaacs (Lucius Malefoy d'Harry Potter) son timbre colle bien à la profondeur de Ra'as al Ghul et Jason Ackles est vraiment convaincant en Red Hood cherchant à se venger. 

Batman et Red Hood : Sous le Masque Rouge, est une magnifique tragédie. Une œuvre qui a su saisir le mieux l'essence du personnage, se focalisant sur des événements peu connus du grand-public mais tout aussi traumatisants que le meurtre de Crime Alley. Une alternative bienvenue contribuant à enrichir encore l'univers et la légende de Batman.

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