Devant la richesse de l'une des oeuvres du renouveau du "9ème Art" Américain, Warner Premiere prend la bonne décision de scinder The Dark Knight Return en deux Direct-To-Video. (Critique de Batman : The Dark Knight Returns partie 1)
Nous sommes en 1986. Le petit monde du comics-book Américain est sclérosé. Les super-héros n'ont plus le succès d'antan. Cette situation s'apprête à changer du tout au tout. Un auteur génie enfonce le clou et choisit de remuer les lecteurs Américains. Il s'appelle Frank Miller. Auteur de Ronin ou du renouveau de Daredevil, il s'attaque à une autre légende : Batman. À la fois scénariste et dessinateur, il accouche d'un électrochoc, d'un monument The Dark Knight Returns. Une bande-dessinée immensément noire, déconstruisant le mythe du justicier adulte, réfléchie, percutante, qui à passionnée quatre vingt-cinq milles lecteurs… Après ce chef-d'oeuvre du 9ème Art, rien n'a plus été pareil..
Depuis quelques années Warner Bros Animation propose annuellement des Direct-To-Video originaux ou des adaptations de célèbre comics-book comme Batman : Year One ou Killing Joke. Ces œuvres sont destinées à un public adulte, la classification aux États-Unis est PG-13. The Dark Knight Returns est produit par Bruce Timm, l'homme à tout faire sur la série télévisée des années 90, Batman : The Animated Serie.
Quant à l'animation, celle-ci est confiée à Moi Animation. Fondé en 1998, cette branche de la célèbre société sous-traitante Coréenne, D.R Movie, travaille régulièrement sur certains nombres de projets comme sous-traitant avec par exemple les studios Japonais, Madhouse ou 4°c, ainsi que de nombreuses majors Américaines comme Warner Bros Animation ou Marvel Animation. Moi Animation à notamment participé à des séries comme Spawn pour HBO - et accessoirement leur première création -, Avatar, le dernier maitre de l'air, Ultimate Spider-Man...
Le réalisateur Jay Olivia a débuté comme animateur en 1996 sur Spider-Man, l'Homme Araignée de Fox Kids. En 1997, il part chez Sony Pictures Animation où il travaille au storyboard de nombreuses séries : Extrême Ghostbuster, Godzilla & Jackie Chan. Après cinq années de bon et loyaux services, il quitte la firme japonais pour participer à la série récente d'He-Man and the Master of Universe diffusé sur Cartoon Network. Il s'occupe des storyboard de la première saison de The Batman, avant de revenir chez Sony Pictures Animation pour la dernière saison de Jackie Chan. Dès 2005, Jay Olivia collabore sur plusieurs projets d'adaptations de DC Comics comme Teen Titans : Les Jeunes Titans &La Ligue des Justicier. Cependant le cinéaste participe également aux Direct-to-Video de Marvel Animation : The invincible Iron-Man, Doctor Strange The Sorcerer Supreme & Next Avengers : Heroes of Tomorrow. Pour Man of Steel, l'animateur dessine pour la première fois des storyboards pour le cinéma, il renouvellera cette expérience pour Batman V Superman : L'Aube de la Justice.
Le Chevalier Noir, avec à ses cotés la jeune et courageuse Carrie Kelly dans le costume de Robin, a enfin réussi à reprendre le contrôle de Gotham-City, une leur d'espoir émerge au milieu de la terreur du "Gang des Mutants". Depuis la dissolution de ce groupe de malfrat, un vieil ennemi du passé ressurgit ! La forte couverture médiatique de Batman a réveillé un démon bien plus dangereux : Le Joker ! La Némésis du Caped-Crusader a un plan maléfique. Pendant ce temps une catastrophe se profile à l'horizon, et avec elle arrive un visage bien connu : l'Homme d'Acier.
Lorsqu'on visionne The Dark Knight Returns, c'est cette volonté affirmée dès le départ par Frank Miller de rebâtir le mythe de Batman pierre par pierre. L'auteur n'a pas prévu de simplement déplacer l'univers dans le temps, il veut aussi changer totalement l'image de Batman. Pour cela, il écrit quatre actes consacrés chacun à un arc scénaristique en particulier : Harvey Dent, le Gang des Mutants, Le Joker et enfin Superman. Comme pour toute mécanique d'horlogerie, chaque partie a son propre but, ses points marquants et ses interrogations. Non content de cela Frank Miller appuie l'entièreté de son récits sur des fils rouges aussi essentiels qu'incroyablement fort.
Avec les deux dernières parties, on appuie encore un peu plus sur l'aspect politique de l’œuvre de Frank Miller. En véritable brûlot politique, The Dark Knight Returns expose des dirigeants lâches et qui font faire le sale boulot par les autres. Aucun ne se risque à prendre position sur "l'affaire Batman" jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun danger à le faire. On voit dans cette oeuvre un président Américain - caricature de Ronald Reagan - imbécile et belliciste, fort de son pouvoir mais pauvre d'esprit. L'auteur fustige l'Amérique et ne cède pas à la mode du politiquement correct.
Comme pour Watchmen - Les Gardiens, l'intrigue de The Dark Knight Returns se passe en pleine Guerre-Froide. Point d'horloge de la fin du monde ici, les troupes Américaines, aidées par l'Homme d'Acier, envahissent alors la petite île communiste du Corto Maltese. La réplique Russe est d'envoyer une bombe nucléaire sur les États-Unis, bien évidement Superman est là pour l'intercepter mais l'explosion provoque un hiver nucléaire sur le continent Nord-Américain… Nous sommes en 1986, à la manière d'Alan Moore, Frank Miller se questionne sur la conclusion de ce conflit entre les deux grands blocs Est & Ouest ?!
S'il positionne deux femmes dans l'intrigue, c'est pour mieux les discréditer. Ellen Yindel, le nouveau commissaire n'est qu'un pion et Carrie Kelly, la nouvelle Robin n'est qu'une jeune écervelée groupie de Batman. La société fait émerger le principe de "la femme émancipée" alors qu'au final se sont les hommes qui le font croire. Elles se sont laissées piéger et s'en retrouvent toujours aussi inutiles. C'est aussi les jeunes, malléables et imbéciles qui sont décriés par leur propension à se faire embobiner par le premier venu. Seul possibilité, canaliser leur violence dans un but meilleur… avec les risques de l'extrémisme non loin. Toute l'oeuvre de Frank Miller joue sur le fil.
L'autre point essentiel de The Dark Knight Returns, c'est la place prépondérante des médias. Tout au long du récit, une très large part de la narration passe par le journal télévisé. Cette constante intervention médiatique fausse l'image du héros et conduit à sa marginalisation et donc son recours aux méthodes extrêmes ainsi qu'aux affrontements avec la police. Mal employée comme elle l'est, la télévision devient peut-être le plus dangereux ennemi de l'homme. La démonstration de Frank Miller s'avère aussi terrifiante que visionnaire. Terriblement visionnaire. Il en profite également pour étriller ce courant d'analyse psychiatrique absurde et fustiger ceux qui trouvent des excuses envers les monstres de la société. Virulent discours mais discours juste et qui ne cessera de se justifier au fur et à mesure de l'intrigue.
Pour achever de façon éclatante son récit, il manque encore deux choses à Frank Miller. D'abord, il ne pouvait pas parler de l'homme chauve-souris sans lui faire affronter son pire ennemi, Le Joker. Depuis la retraite de Batman, le clown est confiné à l'asile. Et lorsque son adversaire refait surface, il reprend vie. Car Le Joker n'est plus rien sans sa Némésis. Il mettra le justicier à rude épreuve et le confrontera durement à l'extrême limite qui les sépare, le meurtre. Le Joker, à l'image de son ennemi, devient de plus en plus violent et destructeur. Dans son sillage ne reste que la mort, Batman doit se résoudre à l'impensable. Poussant son héros dans ses derniers retranchements, Frank Miller s'oriente dans une dernière voie capitale après cette confrontation.
Le Joker de The Dark Knight Returns, et à mille lieux du clown génie du crime de l'âge d'or du comics-book. Pour la première fois on présente Batman responsable de son existence, Frank Miller est le premier à dire : Le Joker est dépendant du Caped Crusader. Le psychopathe semble avoir une attirance à peine voilée pour le Chevalier Noir. Il le traite en amant. Il l'appelle "Chéri", il lui dit "je t'aime". C'est très intéressant, car de son point de vue, rien n'est sous-jacent chez lui.
Le Joker apparait comme un être pansexuel, une orientation sexuelle caractérisant des individus potentiellement attirés sexuellement et/ou sentimentalement par d'autres. Le clown maléfique est une rock star, rétrospectivement, c'est évident qu'il s'agit de David Bowie. Tous les éléments sont là. David Bowie a explosé dans les seventies, avec le Glam Rock, Frank Miller a pu réfléchir à des aspects jusque-là inexplorés du Joker : La représentation, l'homosexualité, le travestissement…
Si The Dark Knight Returns, s'est taillé une si grande réputation, c'est aussi pour le célèbre affrontement des comics-book Américains qui oppose Batman à Superman. Ce dernier, au contraire de Bruce Wayne, n'a pas vieilli et se trouve en pleine possession de ses moyens. Pourtant, Frank Miller nous présente ce héros de l'âge d'or comme un outil du gouvernement, un toutou du président. On comprend rapidement que pour continuer leur exercice, les héros ont dû se soumettre aux autorités ou prendre leur retraite (Une idée reprise bien plus tard pour le fameux Civil War de Marvel Comics). L'Homme d'Acier s'affiche comme un play-boy obéissant docilement. Quand Batman menace l'équilibre de la nation, c'est naturellement Superman qu'on envoie. Avec l'aide de Green Arrow, le Caped-Crusader s'y oppose… Et va mettre au héros de Metropolis la plus cuisante des corrections. L'auteur porte sa destruction du mythe jusqu'à ce moment précis où l'homme bat le super-héros, où Batman a ses mains autour de la gorge de Superman. Après cette confrontation épique, rien dans l'univers du comics-book Américain ne sera plus jamais pareil.
Jay Olivia fait le bon choix de créer sa propre mise en scène, se réappropriant la narration tout en restant extrêmement fidèle au comic-book de Frank Miller. Si au final ce résultat reste inférieur à la version papier, forcément ici The Dark Knight Returns est édulcoré et moins féroce politiquement. Cette adaptation conserve heureusement toute la noirceur et l'intérêt. L'un des points faibles vient de l'absence "des pensées" qui enrichissait énormément les différents protagonistes et leurs actions. Pourtant cette idée avaient été gardé dans l'adaptation de Batman : Year One.
Nous sommes en 1986. Le petit monde du comics-book Américain est sclérosé. Les super-héros n'ont plus le succès d'antan. Cette situation s'apprête à changer du tout au tout. Un auteur génie enfonce le clou et choisit de remuer les lecteurs Américains. Il s'appelle Frank Miller. Auteur de Ronin ou du renouveau de Daredevil, il s'attaque à une autre légende : Batman. À la fois scénariste et dessinateur, il accouche d'un électrochoc, d'un monument The Dark Knight Returns. Une bande-dessinée immensément noire, déconstruisant le mythe du justicier adulte, réfléchie, percutante, qui à passionnée quatre vingt-cinq milles lecteurs… Après ce chef-d'oeuvre du 9ème Art, rien n'a plus été pareil..
Depuis quelques années Warner Bros Animation propose annuellement des Direct-To-Video originaux ou des adaptations de célèbre comics-book comme Batman : Year One ou Killing Joke. Ces œuvres sont destinées à un public adulte, la classification aux États-Unis est PG-13. The Dark Knight Returns est produit par Bruce Timm, l'homme à tout faire sur la série télévisée des années 90, Batman : The Animated Serie.
Quant à l'animation, celle-ci est confiée à Moi Animation. Fondé en 1998, cette branche de la célèbre société sous-traitante Coréenne, D.R Movie, travaille régulièrement sur certains nombres de projets comme sous-traitant avec par exemple les studios Japonais, Madhouse ou 4°c, ainsi que de nombreuses majors Américaines comme Warner Bros Animation ou Marvel Animation. Moi Animation à notamment participé à des séries comme Spawn pour HBO - et accessoirement leur première création -, Avatar, le dernier maitre de l'air, Ultimate Spider-Man...
Le réalisateur Jay Olivia a débuté comme animateur en 1996 sur Spider-Man, l'Homme Araignée de Fox Kids. En 1997, il part chez Sony Pictures Animation où il travaille au storyboard de nombreuses séries : Extrême Ghostbuster, Godzilla & Jackie Chan. Après cinq années de bon et loyaux services, il quitte la firme japonais pour participer à la série récente d'He-Man and the Master of Universe diffusé sur Cartoon Network. Il s'occupe des storyboard de la première saison de The Batman, avant de revenir chez Sony Pictures Animation pour la dernière saison de Jackie Chan. Dès 2005, Jay Olivia collabore sur plusieurs projets d'adaptations de DC Comics comme Teen Titans : Les Jeunes Titans &La Ligue des Justicier. Cependant le cinéaste participe également aux Direct-to-Video de Marvel Animation : The invincible Iron-Man, Doctor Strange The Sorcerer Supreme & Next Avengers : Heroes of Tomorrow. Pour Man of Steel, l'animateur dessine pour la première fois des storyboards pour le cinéma, il renouvellera cette expérience pour Batman V Superman : L'Aube de la Justice.
Le Chevalier Noir, avec à ses cotés la jeune et courageuse Carrie Kelly dans le costume de Robin, a enfin réussi à reprendre le contrôle de Gotham-City, une leur d'espoir émerge au milieu de la terreur du "Gang des Mutants". Depuis la dissolution de ce groupe de malfrat, un vieil ennemi du passé ressurgit ! La forte couverture médiatique de Batman a réveillé un démon bien plus dangereux : Le Joker ! La Némésis du Caped-Crusader a un plan maléfique. Pendant ce temps une catastrophe se profile à l'horizon, et avec elle arrive un visage bien connu : l'Homme d'Acier.
Lorsqu'on visionne The Dark Knight Returns, c'est cette volonté affirmée dès le départ par Frank Miller de rebâtir le mythe de Batman pierre par pierre. L'auteur n'a pas prévu de simplement déplacer l'univers dans le temps, il veut aussi changer totalement l'image de Batman. Pour cela, il écrit quatre actes consacrés chacun à un arc scénaristique en particulier : Harvey Dent, le Gang des Mutants, Le Joker et enfin Superman. Comme pour toute mécanique d'horlogerie, chaque partie a son propre but, ses points marquants et ses interrogations. Non content de cela Frank Miller appuie l'entièreté de son récits sur des fils rouges aussi essentiels qu'incroyablement fort.
Le président des Etats-Unis, caricature de Ronald Reagan. |
Avec les deux dernières parties, on appuie encore un peu plus sur l'aspect politique de l’œuvre de Frank Miller. En véritable brûlot politique, The Dark Knight Returns expose des dirigeants lâches et qui font faire le sale boulot par les autres. Aucun ne se risque à prendre position sur "l'affaire Batman" jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun danger à le faire. On voit dans cette oeuvre un président Américain - caricature de Ronald Reagan - imbécile et belliciste, fort de son pouvoir mais pauvre d'esprit. L'auteur fustige l'Amérique et ne cède pas à la mode du politiquement correct.
Comme pour Watchmen - Les Gardiens, l'intrigue de The Dark Knight Returns se passe en pleine Guerre-Froide. Point d'horloge de la fin du monde ici, les troupes Américaines, aidées par l'Homme d'Acier, envahissent alors la petite île communiste du Corto Maltese. La réplique Russe est d'envoyer une bombe nucléaire sur les États-Unis, bien évidement Superman est là pour l'intercepter mais l'explosion provoque un hiver nucléaire sur le continent Nord-Américain… Nous sommes en 1986, à la manière d'Alan Moore, Frank Miller se questionne sur la conclusion de ce conflit entre les deux grands blocs Est & Ouest ?!
S'il positionne deux femmes dans l'intrigue, c'est pour mieux les discréditer. Ellen Yindel, le nouveau commissaire n'est qu'un pion et Carrie Kelly, la nouvelle Robin n'est qu'une jeune écervelée groupie de Batman. La société fait émerger le principe de "la femme émancipée" alors qu'au final se sont les hommes qui le font croire. Elles se sont laissées piéger et s'en retrouvent toujours aussi inutiles. C'est aussi les jeunes, malléables et imbéciles qui sont décriés par leur propension à se faire embobiner par le premier venu. Seul possibilité, canaliser leur violence dans un but meilleur… avec les risques de l'extrémisme non loin. Toute l'oeuvre de Frank Miller joue sur le fil.
Les fameux journaux télévisés qui parcourt l'intrigue |
D'après le célèbre Docteur Wolper responsable de l'ancien asile d'Arkham, devenu un "foyer pour les victimes du trouble du comportement" : "Vous devez garder à l'esprit que cet homme - Le Joker - n'est pas responsable des assassinats qu'il a commis. C'est une malheureuse victime de l'obsession psychotique de Batman. […] Sans le moindre doute possible, c'est un sociopathe victime d'un complexe d'obsessivo-compulsif du héros narcissique ultra-violent. Un véritable cas d'école…". Le fameux psychiatre en quête de notoriété dit au Joker avant son passage dans un Late-Show, tout en regardant le public de l'émission : "Ça fait quelque chose, hein ?! À chaque fois que je vois ça, je me dis que finalement j'ai réussi dans la vie".
Le Docteur Wolper et "son patient favori". |
Pour achever de façon éclatante son récit, il manque encore deux choses à Frank Miller. D'abord, il ne pouvait pas parler de l'homme chauve-souris sans lui faire affronter son pire ennemi, Le Joker. Depuis la retraite de Batman, le clown est confiné à l'asile. Et lorsque son adversaire refait surface, il reprend vie. Car Le Joker n'est plus rien sans sa Némésis. Il mettra le justicier à rude épreuve et le confrontera durement à l'extrême limite qui les sépare, le meurtre. Le Joker, à l'image de son ennemi, devient de plus en plus violent et destructeur. Dans son sillage ne reste que la mort, Batman doit se résoudre à l'impensable. Poussant son héros dans ses derniers retranchements, Frank Miller s'oriente dans une dernière voie capitale après cette confrontation.
"On se reverra en Enfer !" |
Le Joker apparait comme un être pansexuel, une orientation sexuelle caractérisant des individus potentiellement attirés sexuellement et/ou sentimentalement par d'autres. Le clown maléfique est une rock star, rétrospectivement, c'est évident qu'il s'agit de David Bowie. Tous les éléments sont là. David Bowie a explosé dans les seventies, avec le Glam Rock, Frank Miller a pu réfléchir à des aspects jusque-là inexplorés du Joker : La représentation, l'homosexualité, le travestissement…
Outre Le Joker & James Gordon, le spectateur re-découvre d'autres personnages dans cette deuxième partie. Humphrey Dumpler (Humpty Dumpty) et ses jouets mécaniques, homme au gabarit imposant avec une tête en forme d'oeuf (d'où le surnom) devient complice du Joker. Selina Kyle, l'ancienne Catwoman et amante de Bruce Wayne, est devenue mère maquerelle d'une agence d'escorte portant son nom. Quant à Alfred Pennyworth, le célèbre majordome est victime d'une attaque cardiaque pendant la destruction du manoir Wayne… Une scène d'une certaine mélancolie.
Si The Dark Knight Returns, s'est taillé une si grande réputation, c'est aussi pour le célèbre affrontement des comics-book Américains qui oppose Batman à Superman. Ce dernier, au contraire de Bruce Wayne, n'a pas vieilli et se trouve en pleine possession de ses moyens. Pourtant, Frank Miller nous présente ce héros de l'âge d'or comme un outil du gouvernement, un toutou du président. On comprend rapidement que pour continuer leur exercice, les héros ont dû se soumettre aux autorités ou prendre leur retraite (Une idée reprise bien plus tard pour le fameux Civil War de Marvel Comics). L'Homme d'Acier s'affiche comme un play-boy obéissant docilement. Quand Batman menace l'équilibre de la nation, c'est naturellement Superman qu'on envoie. Avec l'aide de Green Arrow, le Caped-Crusader s'y oppose… Et va mettre au héros de Metropolis la plus cuisante des corrections. L'auteur porte sa destruction du mythe jusqu'à ce moment précis où l'homme bat le super-héros, où Batman a ses mains autour de la gorge de Superman. Après cette confrontation épique, rien dans l'univers du comics-book Américain ne sera plus jamais pareil.
"Je veux que tu n'oublie jamais ça ! Ce qu'il en coûte de se dresser sur mon chemin. Pour toute les années à venir et dans tes moments les plus intimes. Je veux que tu te souviennes du seul homme sur cette Terre, qui t'es battu !"
Jay Olivia fait le bon choix de créer sa propre mise en scène, se réappropriant la narration tout en restant extrêmement fidèle au comic-book de Frank Miller. Si au final ce résultat reste inférieur à la version papier, forcément ici The Dark Knight Returns est édulcoré et moins féroce politiquement. Cette adaptation conserve heureusement toute la noirceur et l'intérêt. L'un des points faibles vient de l'absence "des pensées" qui enrichissait énormément les différents protagonistes et leurs actions. Pourtant cette idée avaient été gardé dans l'adaptation de Batman : Year One.
La musique de Christopher Drake accompagne à la perfection les scènes principales, l'atmosphère dégagé par sa musique est sombre et héroïque.
De plus, ce métrage bénéficie de la présence de comédiens prestigieux qui jouent de façon très convaincante : Ainsi, le grand Peter Weller, Le RoboCop, incarne à la perfection ce vieux Bruce Wayne vivant sa renaissance dans la peau de Batman, Michael Emerson (Benjamin Linus de Lost : Les Disparus) est excellent en Joker, David Shelby (Quentin Collins de la série télévisée Dark Shadow) son timbre colle à la perfection sur James Gordon. Et l'Homme d'Acier est interprété par Mark Valley (John Scott dans Fringe).
Pour la version Française et les nostalgiques, nous retrouvons deux vétérans de Batman : The Animated Serie. Jacques Ciron en éternel Alfred Pennyworth & Jean-Claude Sachot interprète le commissaire James Gordon.
On pourrait penser qu'après la publication de The Dark Knight Returns, les comics-book n'ont jamais été les mêmes. Hélas de nombreux lecteurs lambda, dans un élan de mauvaise foi extraordinaire, taxèrent les œuvres de Frank Miller & Alan Moore de "grim'n gritty" - sombre et graveleux -, ce qui a ralenti fortement l'évolution du genre pendant de nombreuses années, obligeant une grande partie du public à supporter les boursoufflures infantiles qui pullulent de nos jours sur les étagères des libraires spécialisés. Mais cette œuvre possède encore bien des qualités, l'intrigue prends aux tripes, et emmène le spectateur dans cette vision noire de la vie urbaine et dans cette force de la nature qu'est Bruce Wayne… La montée en puissance va culminer sur un combat monstrueux et fratricide entre Batman & Superman, dans lequel Frank Miller démontre qu'il n'a pas utilisé le médium du super-héros de manière biaisée, et qu'il est également là pour explorer les ressorts mythologiques. Et puis pourquoi ne pourrait-on pas imaginer, que Frank Miller soit un des génies du 9ème Art ?
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