samedi 9 juin 2012

The Yards - Director's Cut (2000)

De temps en temps la chaîne de télévision, TCM diffuse des versions introuvables ou totalement inédites en France, comme Les Portes du Paradis de Michaël Cimino, en version longue. Plus récemment, les téléspectateurs ont eu droit au director's cut de The Yards de James Gray. cette version director's cut est la vision définitive du cinéaste, la copie sortie en salle est une version souhaitée par le producteur Harvey Weinstein, ancien dirigeant de Miramax.

The Yards est un véritable film noir sur la corruption financière dans le réseau ferré de la ville de New-York, mêlé à la tragédie pure, avec des liens familiaux destructeurs, un sujet que le cinéaste ré-abordera quelques années plus tard dans La nuit nous appartient.

Quels chemins s'offrent à Léo, tout juste sorti de prison ? S'occuper de sa mère malade, la rédemption, la réinsertion dans la société. Question compliquée surtout lorsque l'on possède un mauvais appui familial derrière... Suivant les conseils de sa mère, Léo prend rendez-vous pour un travail chez son oncle Frank, ce dernier possède une entreprise de transports et de logistiques de train, travaillant avec la ville de New-York. Le repenti demande à bosser en binôme avec son ami Willie, qui s'occupe de négocier les contrats avec les grosses huiles de l'administration. Au début son oncle refuse catégoriquement, mais voyant l'obstination du jeune homme, le patriarche fini par accepter à contre coeur. Très vite Léo comprend que la corruption règne au sein du milieu ferroviaire de la grosse pomme. Lors d'une "mission" nocturne sur les rails d'un des concurrents, cette escapade tourne malheureusement au drame. Léo frappe grièvement un policier tandis que son ami Will assassine un chef-d'aiguillage. Recherché activement par la police l'ancien détenu sera accusé à tort du meurtre, alors commence pour lui une cavale sans répit.

Le scénario écrit par James Gray & Matt Reeves est soigné, loin d'être prévisible. L'intrigue se déroule au sein d'une même famille. La corruption généralisée se dissimule dans un milieu original : L'industrie ferroviaire. Pour avoir ces marchés publiques, le patriarche Frank côtoie des personnages puissants,  des grands patrons, des politiques et des haut-fonctionnaires. Ces gens soient disant respectables et exemplaires sont tous camouflés derrières leurs costumes, leur métiers, leur parcours et leur images. The Yard se veut d'un ton absolument réaliste, comme avec les trois tentatives d'homicides, qui fleurent l'amateurisme, car les personnages sont loin d'êtres des tueurs professionnels

La fin du métrage est sublime, le personnage interprété par James Cann tente de recoller les morceaux avec son neveux, mais malheureusement ce dernier a rompu le code d'honneur du silence, a perdu la personne qu'il désirait. Léo se retrouve seul, le dernier plan fait bien évidemment écho au premier.

Le rythme de The Yards peu paraître lancinant, mais l'intensité dramatique, emmène le spectateur à suivre ce récit avec passion. Comme je vous le disait,  James Gray installe une ambiance sobre et réaliste, la caméra adapte le rythme du film, avec des moments de tensions comme l’intrusion d'un des caïds de Will chez la mère de Léo, l’atmosphère est anxiogène, l'ambiance musicale avec seulement deux notes est stressante. La photographie et le travail de lumière sont très esthétiques, comme le face-à-face à la nuit tombée avec James Caan dans une usine abandonnée superbement éclairée.

Dans The Yards, on note des similitudes de mise-en-scène, de cadrage, d'ambiance avec La nuit nous appartient comme l'infiltration à l’hôpital à l'opposer de celui-ci puisque la scène de ce dernier était dans un lieu sinistre très étriqué, ici la séquence se déroule dans un hôpital, lieu de pureté, aseptisé, avec différentes nuances de blancs.



 
Comme à l'accoutumé chez James Gray, la direction d'acteur est tout simplement parfaite.

Le comédien Mark Wahlberg tient un de ses meilleurs rôles. Ancien taulard, qui parle très peu, presque mis de côté dans sa propre famille. Son personnage possède un vrai sens de l'honneur, Léo n'a pas parlé pendant son séjour en prison pour protéger ses amis. En sortant il ne demande pas de compte, ni de dédommagement. D'ailleurs ses propres acolytes le rabaissent sans cesse même Willie qui est son meilleur amis. Pendant sa cavale, son monde s'effondrera comme l'image du père de substitution en la personne de son oncle, le jeune homme a entre les mains, le destin de son ami, qui lui risque gros pour le meurtre. 

Joaquin Phoenix atteint la perfection dans son jeu. L'acteur incarne un personnage mal à l'aise avec ses origines latines. Son but est à tout prix réussir, ne voulant aucun obstacle sur sa route, notamment son rôle au sein de la famille, qui est primordiale à ses yeux.  Ses moments avec Erica sont vraiment de grand moment d'acting. La psychologie complexe de son  personnage est vraiment très bien écrite. 

James Caan campe l'oncle Franck, patriarche par substitution dans sa famille, sa belle-fille Erica conteste plusieurs fois son autorité. Dans son travail, ses amis politiciens sont prêt à l'abandonner au moindre problème. Avec The Yards, l'acteur nous montre qu'il est toujours un grand comédien. Charlize Theron est très convaincante dans le rôle de Erica, jeune fille n'acceptant pas son nouveau père. C'est un plaisir de revoir plusieurs comédiennes et comédiens, la grande Faye Dunaway Ellen Burstyn. Tony Musante qui a joué dans la série télévisée Oz et Tomas Milian acteur de Westerns Italiens.



Avec son second long-métrage  James Gray, montre qu'il est un des réalisateurs les plus doués de sa génération. A partir de The Yards, le cinéaste fait réellement son cinéma,  ne se référence et ne fait plus d'hommage, notamment à Martin Scorsese comme dans sa première oeuvre : Little Odessa. Ce film possède donc un scénario original, avec des personnages travaillés. La photographie, l'ambiance et la musique de Howard Shore, l'interprétation de ces comédiens, tout est simplement parfait... Sans conteste un classique, à voir absolument. 

Un plan symbolique superbement mise en valeur.
 Les clés permettaient d'accéder à l'entreprise familiale
et à sa petite-amie mais également à un monde corrompu,
au pouvoir et à l'importance. Grâce à elle, Will avait un rang social !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire