lundi 28 juillet 2014

Yakuza (1974)

 
Alors que le cinéma Américain et Japonais connaissent de profonds changements avec l'avènement du nouvel Hollywood pour l'un et la chute des grands studios Nippons pour l'autre. Voici que sort sur les écrans en 1974, Yakuza, ce long-métrage incarne un modèle parfait d'hybridation entre l'occident et l'orient, grâce à ces différents scénaristes impliqués dans sa conception : Leonard Schrader, Paul Schrader & Robert Towne

Les deux premiers connaissent la culture Japonaise et la respectent. Leonard Schrader écrira ainsi The man who stole the sun, long-métrage considéré comme la naissance du cinéma indépendant Nippon. L'auteur travaillera également dans les années 80, avec son frère Paul Schrader, sur un biopic de l'écrivain Yukio Mishima. Quant à Robert Towne, scénariste de Chinatown de Roman Polanski, ce dernier est considéré comme l'un des maîtres du Film Noir à l'Américaine.

À la base, la naissance du projet vient d'une idée de Leonard Schrader. Avant que les frères ne deviennent scénaristes, Leonard à vécu cinq ans au Japon, où il enseignait l'anglais. Lorsqu'il retrouve son ainé, celui-ci eu l'inspiration pour ce récit de yakuza. Aidé par Paul, ils écrivent une première ébauche, puis Robert Towne apporte la touche finale. Au départ Martin Scorsese devait réaliser Yakuza, mais Paul Schrader le vexe en s'y opposant - Il lui écrira quelques années plus tard l'un de ses chef d'oeuvre : Taxi Driver.

Les trois hommes livrent donc un polar parfaitement ficelé que Sydney Pollack - Cinéaste imposé par Robert Mitchum à la place de Robert Aldrich (Vera Cruz, Les douze Salopards) - décide de mettre en scène avec, à ses cotés une équipe technique principalement constituée de Japonais venant des studios de Tôei Company. Outre Warner BrosYakuza est également produit par Kôji Shundo, ponte important de l'entreprise Nippone et proche du milieu mafieux.

Détective à la retraite, Harry Kilmer se rend au Japon pour délivrer la fille de son ancien ami George Tanner, enlevée par un chef yakuza de Tôkyô du nom de Tôno Toshirô. L'ancien privé redécouvre un pays qu'il a bien connu vingts ans plus tôt, pendant l'après-guerre lors de l'occupation Américaine. Ce dernier retrouve la femme qu'il a tant aimée… ainsi que son frère un ancien voyou retiré des affaires.


Le long-métrage s'ouvre sur un texte expliquant la définition du mot "yakuza" : 

"La kana Japonais est composé des chiffres huit, neuf et trois qui totalisent vingt. Un chiffre perdant au jeu. Par une sorte de fierté perverse, c'est ce nom que se donne les gangsters Nippons. Le yakuza a vu le jour au Japon il y a plus de trois cent cinquante ans avec ses joueurs, ses escrocs et ses marchands de foire ambulante. On dit qu'ils protégeaient les pauvres des villes et des campagnes des bandes de nobles en maraude. ils le faisaient soit disant avec courage et un talent inégalé. Jusqu'à présent, le yakuza est fidèle à son code d'honneur aussi rigoureux que le code du bushido du samouraï."

Grâce à cette introduction et précision culturelle, le cinéaste et ses scénaristes prouvent leur respect évident pour ce pays et des différents codes qui le parcours, sans jamais en faire trop. Car Yakuza dévoile un pan d'une culture méconnue pour le grand public occidental (et Américain). Sydney Pollack prend son temps pour poser son intrigue et présenter ces différents personnages, évitant ainsi toutes les caricatures grossières, et les plans cartes postales sur les cerisiers en fleurs, les temples bouddhistes ou des clichés sur le Shinjuku nocturne. Même si ce Japon reste fantasmé par les frères Schrader bercés aux Ninkyo Eiga (Film de chevalerie) de Tôei Company, qu'ils ont consommé sur place. (Sans avoir eu le temps de prendre en compte la vague Jitsuroku (Vrai document) et La saga des combats sans code d'honneur, de Kinji Fukasaku, contemporain au film de Sydney Pollack). D'ailleurs Paul  Schrader consacrera un essai au Yakuza Eiga, qui malgré quelques lacunes reste l'un des écrits occidentaux de référence sur ce genre.

Une certaine vision d'un Japon très proche de la saga Brutal tales of Chivalry, ou l'on peut facilement imaginer Robert Mitchum dans le rôle de Ryô Ikebe. Clin d'oeil ou référence que l'on retrouve quelques années plus tard dans Mishima réalisé par… tiens donc, Paul Schrader - Le cinéaste fera chanter au groupe dans la voiture le thème des Brutal Tales of Chivalry et Ryô Ikebe fait même un caméo dans le film.
Affiche Japonaise

Harry Kilmer, incarné par Robert Mitchum se rend à Tôkyô puis à Kyoto, pour retrouver un yakuza, interprété par Ken Takakura, dont il a aidé la soeur vingt ans plus tôt, pour lui demander une faveur : Sauver la fille d'un ami, enlevée par un autre yakuza, suite à une vente d'arme qui a mal tourné. Ce qu'il ignore, c'est que Takakura Ken s'est retiré du milieu de la pègre, en l'aidant, il se met en danger et risque de placer sa famille dans la même position.

Toutes les valeurs de la société Japonaise alors menacées par l'américanisation sont ici évoquées : L'honneur, l'importance des dettes, de la fidélité de la famille et de l'amitié. Un concept d'engagement et de sacrifice, qui évoque également le contraste entre les valeurs traditionnelles Nippones et occidentales. 


On retrouve donc dans Yakuza, l'attrait du code d'honneur pour le jeune gangster Américain déchiré entre sa loyauté, le rapport de force et d'obligation entre yakuzas, les règlements de compte sanglants, la jeune génération entraînées malgré elle dans l'engrenage des conflits de leurs aînés et la fascination des femmes Japonaises sur le mâle occidental.


Dans ce Tôkyô moderne, le personnage d'Harry Kilmer dégage une certaine mélancolie pour ce Japon d'après-guerre, lui qui faisait partie des MP (Police militaire) sous l'occupation Américaine. Le marché noir est évoqué lors d'une conversation, pour survivre la population étaient obligées d'y aller, cet endroit était contrôlé par les yakuzas. Toutes les classes sociales se retrouvaient donc là bas pour travailler ou vendre leur bien afin d'acheter de quoi subsister. Les habitants ne ressentaient moins de rancoeur que de rancune de la part de la mafia locale car ces derniers leurs procuraient ce dont ils avaient besoin pour vivre. 

Quelques références à la culture populaire sont visibles ou dissimulées pendant le film (pour certaine il faut avoir l'oeil). Quand Harry Kilmer, Ken Tanaka & Dusty donnent l'assaut dans la maison occupée par les yakuzas du clan Tôno pour récupérer la fille de Tanner. L'un des gangsters lit un manga pendant que ses partenaires jouent au hanafuda (Jeu de carte Japonais). Également, lors d'une balade nocturne de Robert Mitchum, on aperçoit une bannière sur un immeuble faisant la promotion de Golgo 13, célèbre personnage crée par Takao Saitô.


La mise-en-scène de Sydney Pollack est au diapason offrant un CinémaScope superbe et des idées directement issues des classiques Japonais du genre, ainsi le cinéaste se montre respectueux tant du Film noir Américain que du Yakuza Eiga

L'équilibre parfait entre imagerie pop, respect du genre et occidentalisation est atteint lors d'une séquence mémorable, qui voit les deux hommes affronter à eux-seul une vingtaine d'adversaires, le réalisateur gère parfaitement son rythme, alterne ses plans en plongées de Takakura Ken armé de son sabre, encerclé d'adversaire lors du final, tandis que Robert Mitchum se fraye un chemin à coups de shotguns, ou ce tranchage de bras bien graphique lors du sauvetage de la fille de George Tanner. Le metteur en scène rend clairement hommage à certains classiques comme La vie d'un tatoué de Seijun Suzuki, et au maîtres du genre de Kinji Fukasaku. Cette séquence importante entre western, polar et chambara permet de rapprocher ces deux personnages, liés par une amitié traitée avec une justesse rare.

Le directeur de la photo est Kôzô Okazaki, qui travailla avec entre autre Hideo Gosha, Kon Ichikawa & Kenji Mizoguchi. Le talent de cet artisan explique sans doute en grande partie la réussite des séquences de jeu et des combats aux sabres.



Le duo de comédien fonctionne à merveille. Robert Mitchum aux allures de Philip Marlowe, est ici convaincant dans ce rôle d'homme usé par la vie, mais l'acteur Américain se fait voler la vedette par le stoïque Ken Takakura, légende du cinéma Japonais dont le charisme crève l'écran.

La musique aux airs jazzy de Dave Grusin colle parfaitement à l'ambiance. 

Yakuza est la preuve qu'il est possible d'allier la culture du Film Noir Américain ("néo noir" plus particulièrement ici) et le Yakuza Eiga en évitant de tomber dans les stéréotypes ou autres caricatures. Le long-métrage est écrit de manière subtile par des fins connaisseurs en la matière, les frères Schrader. Ce film est une jolie surprise, que je conseillerais autant aux aficionados du Japon qu'aux amateurs de polars d'Outre Atlantique.

Affiche Japonaise

Affiche Turc

dimanche 27 juillet 2014

L'été de Kikujirô (1999)


Après plusieurs longs-métrages peignant un portait pessimiste de la société japonaise comme Hana-Bi ou Kids Return, où les gangsters et adolescent sont tous voués à l'échec. Takeshi Kitano sort un instant de son cinéma de Yakuza pour offrir à ses spectateurs une jolie réussite avec cette belle comédie dramatique. Un retour à ce genre après le très japonais Getting Any, véritable parenthèse dans la filmographie de son réalisateur.

Le cinéaste Nippon avoue lors d'un entretien de sortir un instant du carcan, du Yakuza Eiga avec L'été de Kikujirô : "Après Hana-Bi j'ai eu le sentiment que mon cinéma commençait à être étiqueté : "Yakuza violence, vie et mort". Je ne parvenais plus à m'identifier complètement à mes films. J'ai donc décidé de réaliser un film différent, qui surprendrait tout le monde. Pour être totalement honnête, L'été de Kikujirô n'appartient pas à un genre qui m'est familier. Mais jamais l'idée de me confronter à une histoire classique et de me l'approprier, c'est un pari qui m'intéressait. Dans cette perspective, j'ai essayé d'imaginer et d'expérimenter de nouvelles formes d'images. Je pense qu'à l'arrivée le film est un peu étrange et qu'il porte ma marque de fabrique. J'espère pouvoir trahir agréablement les attentes du public encore longtemps".

Le jeune Masao s'ennuie pendant les vacances, il habite Tôkyô avec sa grand-mère qui travaille toute la journée. Grâce à une amie de cette dernière le garçon rencontre Kikujirô son mari, un yakuza vieillissant avec lequel il part à la recherche de sa mère qu'il ne connaît pas et vit au bord de la mer.

Le récit inspiré du Magicien d'Oz est simple, léger, sans être trop naïf puisqu'une dramaturgie guette constamment les deux personnages. L'été de Kikujirô a aussi des points commun avec Hana-Bi, puisque le problème de l'absence familiale est centrale, mais abordée dans un sens différent. Cette fois-ci, le deuil ne concerne pas les parents, mais un jeune enfant qui arrivant au seuil de l'été décide d'aller à la rencontre de sa mère qu'il n'a jamais vu. Il part avec l'aide d'un ami de la famille, un ancien yakuza looser à la fois joueur, voleur et irresponsable digne des personnages de Jugatsu ou Sonatine. Même si Masao l'appel "Tonton", le jeune garçon voit en Kikujirô un père de substitution, tandis que celui-ci retrouve le chemin des vraies valeurs de la vie au contact de l'enfant. Sur ce point le long-métrage se divise en deux parties :

Dans la première, Masao voit les mauvaises habitudes de Kikujirô, l'homme le traînant ainsi dans des plans foireux en dilapidant par exemple tout l'argent du voyage dans les courses de keirin. Vient ensuite le bouleversement du récit, les retrouvailles familiales avortées avec la mère de l'enfant, suite à ce moment marquant le cinéaste nous offre une scène magnifique d'une simplicité magistrale, L'été de Kikujirô prend alors un nouveau départ à partir d'une plage - Pour ne rien changer aux habitudes de Takeshi Kitano. Dans cette quête de rachat, l'ex-yakuza fera tout pour changer les idées et inverser la tristesse du jeune garçon, grâce à d'innombrables jeux et autres grands moments de pure loufoquerie, avec leurs truculents compagnons de voyage rencontrés sur la route.


Car au cours de leur périple sur la route estivale de ce Japon verdoyant, ils vont faire des rencontres insolites et parfois dangereuses. Le ton général de L'été de Kikujirô est assez difficile à définir, néanmoins dans la digne lignée de son cinéaste : Mélange de drame social, de burlesque et de Poésie.

Le récit se déroule comme un livre d'images chaque séquence étant introduite par une vignette.

La grande force de L'été de Kikujirô est la relation entre Masao et Kikujirô, les deux personnages se découvrent de nombreux points communs, prennent soin l'un de l'autre, chacun à leur tour, et accompliront un bond en avant à la fin de leur aventure initiatique. La conclusion reste douce et amer, car aucun problème n'a été réglé, mais ensemble, tous ces personnages ont contribué à mettre de bonne humeur le spectateur. Le cinéaste, livre en quelque sorte un témoignage de tendresse et d'amour envers ces marginaux vivant dans la société Japonaise. Enfin lors des adieux à Tôkyô, l'ex-yakuza révèle son nom à l'enfant, signant un revirement majeur : Garder son âme d'enfant derrière ce masque d'adulte.

Les séquences oniriques et rêve de l'enfant sont souvent bercées par l'histoire et le folklore Japonais. Ainsi nous découvrons à l'intérieur de ses nombreux songes : Des moines shintô aux allures de tengu, des Shinsengumis, des acteurs du théâtre kabuki… Le christianisme ou catholicisme peuvent-être également évoqués par la présence de "l'ange" et "des ailes dans le dos", un thème assez inhabituel d'habitude dans le cinéma Japonais pour le signaler.

Séquence Onirique représentant les rêves de l'enfant.

La mise-en-scène simple de Takeshi Kitano sied à merveille au sentiment de mélancolie et de légèreté, avec quelques perles visuelles puisées dans les rêves de l'enfant - De ses craintes : de l'abus, de la perte, de l'abandon et enfin de ses joies. Comme dans Hana-Bi, la technique du cinéaste est ici plus affirmé, les travellings hésitants et plans fixes de ses débuts ne sont plus qu'un vieux et lointain souvenirs.


Dans le rôle titre Beat Takeshi, s'offre son rôle le plus bavard à ce stade de sa filmographie avec cet ex-yakuza vieillissant ne vivant que selon ses anciens principes. On remarquera que plus le temps passe et plus ces personnages ont tendance à s'humaniser, du Violent Cop complément borderline, en passant par l'autodestructeur Jugatsu jusqu'à la rédemption de Sonatine ou Hana-Bi, l'évidence saute au yeux.

La composition de Joe Hisaishi accompagne et intensifie à merveille les émotions présentes à l'écran.

L'été de Kikujirô marque la fin d'un cycle dans la filmographie de son cinéaste au crépuscule du XXème siècle. Takeshi Kitano nous livre un long-métrage ressourçant autour du monde de l'enfance. Avec Sonatine & Hana-Bi, ont tient là une autre perle de ce grand réalisateur.

mercredi 23 juillet 2014

Yakuza Eiga, une histoire du cinéma yakuza (2008)

Lady Yakuza, la pivoine rouge.
En Février 2009, Arte diffuse et produit un documentaire sur le Yakusa Eigagenre cinématographique particulier, s'intéressant aux membres du crime organisé Japonais, et à l'instar du chambara à travers leurs vies, à la société dans laquelle ils évoluent. Ces films ont connu leurs pics de popularités dans les années 1960 à 1970, avant de subir un relatif déclin dû à la crise de l'industrie… Ainsi le cinéaste Yves Montmayeur nous offre une plongée dans ce cinéma d'exploitation des années 60 à nos jours.

"Yakusha" signifie acteur en Japonais, alors que les "Yakuza", sont la représentation du milieu criminel sur l'archipel… Une lettre sépare pourtant ces deux termes. Car le cinéma Nippon a toujours été proche du milieu mafieux. Quand l'industrie cinématographique Japonaise est née la pègre a été la première à investir énormément d'argent dedans. C'est grâce à eux que le cinéma a démarré au Japon, ce qui explique donc ces liens solides.

Dans les années soixante, un studio sort son épingle du jeu. Il s'agit de Tôei Company, qui produits de nombreux films appelés Ninkyo Eiga (Film de chevalerie). Des longs-métrages, se déroulant majoritairement dans la période entre la fin de la féodalité et de la seconde guerre mondiale. Les héros et héroïnes, souvent affiliés au monde de la pègre, défendent alors la veuve et l'orphelin avec un véritable esprit chevaleresque. Nous sommes assez éloignés des longs-métrages de l'époque contemporaine de Kinji Fukasaku. Dans les rôles titres on retrouvaient les célèbres comédiens et comédiennes du studio, Ken Takakura, Kôji Tsuruta & Junko Fuji. Leurs personnages étaient généralement un(e) honorable hors-la-loi déchiré(e) entre ses valeurs : Son devoir et ses sentiments personnels.

Brutal Tales of Chivalry avec Ken Takakura & Ryo Ikebe.

Combat sans code d'honneur.
À la fin des années 60, les Ninkyo Eiga (Film de chevalerie) décline à cause de l'usure du genre et de l'arrivée de la télévision dans les foyers. Grâce à l'avènement de la petite lucarne, les années 70 et le cinéma sont pour beaucoup de cinéaste du monde entier un magnifique espace de liberté et le Japon, n'échappe pas à cette règle.

Avec le gendaigeki (Théâtre contemporain), Yakuza (893) gurrentai de Sadao Nakajima & Guerre des Gangs à Okinawa, de Kinji Fukasaku, grâce à l'impulsion du directeur du studio de l'époque Shigeru Okada, les cinéastes et scénaristes revitalisent les Yakuzas Eigas en voies d'épuisements. Les cinéastes abordent d'une autre manière ces films, en les dépoussiérant et en les rendant plus réaliste avec une vision documentariste, car la plupart du temps les histoires sont basées sur des faits réels : "Jitsuroku Eiga" (Vrai document). Ces longs-métrages satisfont les dirigeants de Tôei Company, dont le producteur Kôji Shundo, qui s'il n'apprécie guère la personnalité de Kinji Fukasaku, reconnait sans peine son talent.

Ce nouveau genre devient assez populaire auprès du public surtout à partir de 1973, grâce à Combat sans code d'honneur : Hiroshima terre de vengeance. Ce film dépeint l'après-guerre du milieu mafieux, l'intrigue se base sur les articles du journaliste Kôichi Iiboshi, ce dernier a réécrit les manuscrits d'un véritable yakuza incarcéré en prison, Kôzô Mino. Ces gangsters deviennent alors aux yeux du spectateur d'impitoyables voyous, le cinéaste et son scénariste Kazuo Kasahara ne les décrivent pas comme les héritiers du code des samouraïs contrairement aux Ninkyo Eiga  (Film de chevalerie), ici tous les coups sont permis, pour pouvoir accomplir son ambition personnelle. Le succès est tel qu'il donne naissance à quatre suites, et son interprète principal Bunta Sagawara est propulsé au rang de célébrité sur l'archipel.

Depuis d'autres cinéastes reconnus comme Takashi Miike ce sont ré-appropriés le genre sans toutefois véritablement lancer de nouvelle dynamique, même si l'essor du DVD et des différentes rétrospectives ont permis aux Yakuzas Eigas d'être découvert par un plus grand nombre de spectateurs étrangers.

Okita, le pourfendeur

Guerre des gangs à Okinawa.
Le documentaire d'Yves Montmayeur n'est pas une simple et bête rétrospective du Yakuza Eiga, non le documentariste s'entretient avec des artisans de Tôei Company : Des cinéastes, des producteurs et des comédiens… Leurs interviews sont remplies d'anecdotes intéressantes, surtout lorsqu'il évoque les liens du mythique studio avec le milieu de la pègre Nippone.

Tôei Company est certainement l'une des plus grosse société de l'industrie au Japon - au même titre que Tôhô. L'entreprise possédait plus de deux cent salles à travers tout le pays, et un studio de tournage pendant l'âge d'or. Elle produit plus de cent films par an lors de cette période glorieuse, en se spécialisant surtout sur des longs-métrages en costume de mauvais genre, à l'aspect comique, du cinéma de pur divertissement…

Pour les films de yakuza, tout commence en 1964, avec le Ninkyo Eiga (Film de chevalerieNihon kyokaku-den avec Ken Takakura dans le rôle principal, grâce à l'impulsion d'un éminent producteur, Kôji Shundo, le studio développe de plus en plus ce genre autour du milieu de la pègre. Comme le révèle l'ancien producteur de Tôei Company - ex-président de la branche animation -, Tan Takaiwa (Les évadés de l'espace) sur de nombreux tournages au sein du studio, de vrais yakuzas furent embauchés comme figurant (voir parfois des centaines de voyous pour des concours de tatouage), en temps que consultant. Du coup le résultat à l'écran était très réaliste dans les films. Et même un chef de clan recherché par la police est apparu dans l'une des productions de la compagnie. Encore plus étonnant, Fumio Konami, scénariste de La femme scorpion, avoue qu'avec l'appui de Kôji Shundo et de celui des dirigeants de la firme, des cinéastes (dont lui) ont pu rencontrer des chefs de clan assez haut placé dans des restaurants, afin de leur poser des questions… Ce grand producteur cinéphile était d'ailleurs réputé pour avoir un pied dans la mafia Nippone, l'homme initia des comédiens (dont Bunta Sugawara), réalisateurs et les équipes du studio aux règles et au loi de l'univers yakuza.

Logo de Tôei Company.

Dans les années 60 à 70, le succès et la réputation des films studio Tôei étaient dus  grâce à ces "films pour voyous" comme les qualifiés le responsable du studio de Kyoto, Shigeru Okada - Avant de devenir le grand patron de l'entrepriseLa société a donc gagnée de l'argent en idéalisant ces fameux yakuzas et a ensuite fait des bénéfices en détruisant leur images, la plupart de ces longs-métrages n'allaient pas à l'encontre des bonnes moeurs et ne décrivaient pas les aspects les plus glorieux et noble de la société Japonaise, comme la police qui n'appréciait pas de voir des connivences avec la mafia dans certains films…

Hokuriku proxy war de Kinji Fukasaku.
Le code d'honneur de la pègre Nippone est également évoqué par Sonny Chiba, le célèbre acteur avoue aimer l'esprit des yakuzas à l'ancienne, car ces derniers sauvent les  honnêtes gens, devenant ainsi les héritiers de l'esprit samouraïs. Le comédien revient brièvement au début de sa carrière avec Kinji Fukasaku, le cinéaste lui a mit le pied à l'étrier en 1961 avec la série Détective vagabond, mais il aborde surtout Qui sera le Boss à Hiroshima, second volet de Combat sans code d'honneur. Ainsi grâce à ce long-métrage il évoque la génération mafieuse des années 70 à aujourd'hui, qui ne respecte pas la population, car ne vivant finalement que pour leurs ambitions personnelles.

Affiche Française de Qui sera le boss à Hiroshima
- Combat sans code d'honneur 2 -

Kinji Fukasaku justement. Lors de son bref entretient, le cinéaste revient brièvement sur sa jeunesse pendant l'après-guerre lorsqu'il fréquentait le marché noir. La première fois ou le réalisateur a rencontré des yakuzas, c'est à l'époque de ses quinze ans, le jeune garçon ayant abandonné très tôt l'école. Les membres de la pègre lui ont alors offert du saké et donné de quoi manger. Cela l'a beaucoup touché et pour cela il leur est toujours redevable.

Le réalisateur a commencé à faire des Yakuzas Eigas à la fin des années 60, le Japon commençait tout doucement à se relever de sa défaite de la seconde guerre mondiale et du chaos qui s'en est suivit. Au début de cette décennie, le pays c'est engagé alors dans la croissance économique, certaines personnes ce sont alors retrouvées sur le bord du chemin, l'exemple le plus flagrant est les Yakuza, vivant comme des marginaux de la société.

L'écrivain Anglais David Peace revient sur l'après-guerre sur l'archipel et l'occupation Américaine. Pour survivre la population étaient obligées d'aller au marché noir contrôlé par les yakuzas. Toutes les classes sociales se retrouvaient donc là bas pour travailler ou vendre leur bien afin d'acheter de quoi subsister. Les habitants ne ressentaient moins de rancoeur que de rancune de la part de la mafia locale car ces derniers leurs procuraient ce dont ils avaient besoin pour vivre.

Le romancier revient sur les longs-métrages de Kinji Fukasaku. Pour lui, le génie du cinéaste (et de ses scénaristes) est d'avoir su créer des personnages rejoignant le milieu mafieux. Quant on regarde ces films sous cet angle, le spectateur a un véritable aperçu historique du Japon d'après-guerre mais ces récits mettent aussi en scène le combat d'individu contre la société.

Quartier violent d'Hideo Gosha avec Noburo Andô.
Lady Yakuza, la règle du jeu. 

Des anciens yakuzas deviennent même acteurs à l'instar de Noburo Ando et de sa célèbre cicatrice. Le comédien est un ancien kamikaze démobilisé de l'armée impériale, après être rentré le jeune garçon n'avait rien d'autre à faire que de trainer, dans un Japon ravagé par la guerre. Alors il s'est retrouvé avec ses anciens amis d'université un peu voyou, et ainsi ils se sont implantés dans le quartier de Shibuya. Devenu chef du clan Ando, lui et ses hommes représentent des yakuzas d'un genre nouveau, car réputés incontrôlables et assez mal vu du milieu de la pègre.

Un jour, Noburo Andô a été mêlé au meurtre d'un financier, l'homme défraye la chronique et passe six années derrières les barreaux. Une fois libéré, l'ancien "chef de famille" dissous son clan en le rendant public devant les caméras du monde entier, une première dans le milieu yakuza. C'est alors que cet ex-mafieux écrit un livre sur sa vie… Un réalisateur, Sadao Nakajima, le contact pour l'adapter sur grand écran. En 1965 sa biographie sort au cinéma sous le nom Blood and rules avec l'ancien voyou pour en premier rôle, le film eu un succès phénoménale. S'ennuyant un peu à la société de production Shochiku, le patron de Tôei Company le débauche pour tourner dans son studio. Au total l'Alain Delon Japonais tourne dans plus de trente six longs-métrages, dont Quartier violent d'Hideo Gosha ou encore Guerre des gangs à Okinawa, Le cimetière de la morale et Okita le pourfendeur de Kinji Fukasaku.

Le cimetière de la morale
Police contre syndicat du crime.

l'époque des mouvements anti-traité Nippo-Américain de nombreux étudiants se réfugient lors des séances nocturnes des Yakuzas Eigas de Tôei Company pour se préparer aux manifestations du lendemain. Ces films leur donnent ainsi du courage et de la motivation, et dans une certaine mesure font échos à leurs idéaux. 

Pourquoi parler de ces évènements ?! La renégociation du traité Nippo-Américain en est la cause, en 1960, une immense protestation avec des affrontements violent qui feront un mort, amène le premier ministre à démissionner non sans avoir ratifié la convention. Quant à la deuxième phase du mouvement étudiant, celle-ci se déroule en 1965, avec l'occupation des facultés, contre l'augmentation des frais de scolarisés  Un des leaders de ses manifestations est la Zengakuren, abréviation : Zen Nihon Gakusei Jichikai Sôrengô - Fédération des associations étudiantes autogérées. Le mouvement a été créée en 1948 mais s’est rapidement faite absorbée par le Parti communiste japonaisCes révoltes se finissent en 1969. 

Le public des Yakuzas Eigas n'était pas familiale, ni féminin sauf les prostitués. Les femmes ordinaires ne s'approchaient pas des salles qui projetaient les films de Tôei Company. La majorité des spectateurs était uniquement constitué d'homme - et de voyous. Mais les pontes du studio (dont Gorô Kusakabe) réussissent a renouveler une nouvelle fois le genre avec la saga Femme de Yakuza ainsi le héros est remplacé par une héroïne. A partir de là, le public féminin a considérablement augmentée jusqu'à dépasser le public masculin, le succès est certainement dû à l'écriture de Migiwa Awatsu, véritable dame de fer qui s'occupe des affaires de son mari alors en prison. Ces films offrent ainsi une vision de l'émancipation de la femme dans la société Japonaise.

La loi anti-gang en 1992 a servi au gouvernement Japonais de donner un grand coup de balai à travers le pays au sein des différentes organisations criminelles. Le cinéma sera l'une des victimes malheureuses de l'affaire, notamment lors de l'agression par trois malfaiteurs du cinéaste Juzo Itami une semaine après la sortie de son film Minbo no onna. Son long-métrage sur la société contemporaine caricature et se moque des yakuzas, notamment en démontant leur images de "sauveur des honnêtes gens", au contraire le réalisateur les dépeins comme des voyous qui exploitent et terrifient les plus démunis.

Femme de Yakusa.
Mes seuls regrets sur ce documentaire, Yakuza Eiga, une histoire du cinéma yakuza, sont la non présence de Takeshi Kitano, héritier légitime de son mentor Kinji Fukasakuou encore la non évocation de cinéastes comme Seijun Suzuki ou Hideo Gosha. Je trouve la place accordée à Tôei Company trop importante, j'aurais aimé découvrir d'autres studios et sociétés de cinéma comme Nikkatsu ou Shochiku par exemple. Bon je pinaille un peu, certainement dû à mon coté cinéphile, avec cette soif de savoir constante. 

Car Yves Montmayeur nous offre un excellent documentaire sur les Yakuzas Eigas en nous plongeant dans ce genre particulier entre l'après-guerre à nos jours. Les entretiens sont remplies d'anecdotes intéressantes et incroyables par exemple : Le producteur Koji Shundo et ses liens avec le milieu de la pègre. Si vous avez l'occasion de (re)voir, lors d'une rediffusion n'hésitez pas, ce genre de programme sur le cinéma Nippon à la télévision Française est assez rare - hors bonus DVD. Une véritable pépite pour tous les amateurs de cinéma asiatique.

Wandering Ginza Butterfly avec Meiko Kaji.

dimanche 20 juillet 2014

Outrage (2010)

Après Aniki mon frère, dix années se sont écoulées sans aucun yakuza dans le cinéma de Takeshi KitanoOutrage marque donc son grand retour au Yakuza Eiga. Après une trilogie introspective composée de Takeshi's, Glory to the Filmaker & Achille et la tortue qui constituait une sorte de thérapie de luxe salutaire pour son cinéaste. Le retour à la violence tant attendu par ses fans est enfin là.

Un yakuza du nom d'Ikemoto se fait reprocher par son supérieur hiérarchique ses liens "fraternels" avec un autre chef de clan. Il décide donc de simuler une brouille avec ce dernier, mais les choses au fur et à mesure s'enveniment, au point de provoquer un jeu de massacre entre chaque partie…

Takeshi Kitano, ne se répète pas : Aucune place pour ses apartés poétique ici, ni pour les jeux enfantins, qui constituaient la moelle épinière de son style, ce qui risque de laisser plusieurs anciens amateurs du cinéaste sur le carreau. Outrage est un hommage à son maître, Kinji Fukasaku, une façon de reprendre les choses là où le réalisateur du Cimetière de la morale et de la saga Combat sans code d'honneur, les avait laissées. A savoir, offrir une lecture contemporaine de la criminalité organisée Japonaise en ce début de vingt et unième siècle, marqué par la mort de certaines valeurs, quand l'intérêt personnel l'emporte sur ceux du clan. Le rire d'Otomo, personnage interprété par Takeshi Kitano lui-même, lorsqu'un yakuza refuse de se couper un doigt avec un cutter, est ainsi symptomatique car ces hommes ne sont plus que des caricatures, les fruits d'une égoïsme galopant.

Ainsi en dépit du nouveau contexte d'expansion sur l'archipel, - Des casinos s'installent dans les ambassades - rien n'a réellement changé en soixante ans dans cet univers purement Japonais. La fraternité et le code d'honneur n'ont toujours aucune valeur, voir sont totalement démystifié, ou se couper une phalange n'a plus aucune signification. Une pure farce qui justifie un jeu d'intérêt personnel mené d'une main de maître par le cynique "chef de famille" retournant les uns contre les autres ses hommes, tout en s'accaparant leurs gains. Takeshi Kitano filme parfaitement cette spirale de violence crue et sans concession avec des règlements de compte sanguinaire - du jamais vu chez du cinéaste. Des règlements de comptes devenant ainsi presque répétitifs mais jamais lassant et il en ressort un humour noir, absurde cinglant et dépressif. Dans ce jeu du pouvoir, aucune  place n'est définitive, les faibles d'hier peuvent devenir les puissants de demain, laissant derrière eux un goût de condamnation sans appel…

Car dans Outrage, il n'est plus question de savoir qui est véritablement "le patron", chacun est maître de son propre chef malgré les apparences et les courbettes hypocrites, il est question de tuer ou de se faire tuer.

Le réalisateur, offre un exercice de style tendu, où aucun des personnages n'existent réellement, presque tous sont fantomatiques à la durée de vie précaire et interchangeable, dans un décorum Japonais urbain en papier glacé, froid, avec la violence et l'intimation comme seule possibilité de communiquer et de se faire comprendre du reste du monde. Le pouvoir à envahit les mœurs, le goût de l'argent remplace la volonté de l'ordre et de la morale, tout ce petit milieu vit reclus dans un monde qui s'apparente à un cercle vicieux à la boucle infinie. Dans ce portrait acide au vitriol dans cet univers masculinisé à outrance, d'hommes habillés en noirs aux mâchoires serrées, aux coups de sangs impulsifs, roulant dans de grosses berlines et qui ne font que deux choses : S'insulter pour dominer et tuer pour régner.

Quant au clan Otomo - Celui de Takeshi Kitano -, il est le seul à réellement respecter le code d'honneur, et le spectateur ressent une véritable fraternité entre ses différents membres, enfin sauf l'un d'entre eux, puisqu'il subtilise de l'argent dans le dos de son patron.

La corruption policière est également présente dans la société Japonaise du vingt-et-unième siècle. Avec cet inspecteur à la botte de l'organisation mafieuse, récoltant à la fois des informations sur les enjeux mais aussi des enveloppes remplies de yens, pour amortir sa future retraite dorée. A la fin d'Outrage, il présentera même "son successeur" à son poste au nouveau parrain local, consacrant ainsi l'avènement d'une nouvelle génération, immorale avant tout Takeshi Kitano montre au spectateur qu'une nouvelle fois que rien n'a réellement changé depuis l'époque de Police contre syndicat du crime, rappelant l'importance des liens entre yakuzas et force de l'ordre. Même si un film comme Confessions of a dog de Gen Takahashi relate ses relations tendancieuses avec d'avantage d'acuité.       

Oubliez ici, les séquences poétiques et oniriques, la réalisation d'Outrage est moins contemplative que d'habitude chez Takeshi Kitano. Sa mise-en-scène est brutale avec ce sentiment d'urgence permanent, dans un entretien le cinéaste avoue se rapprocher "d'une violence graphique et d'un montage énergique proche des mangas", Pari réussi ?! Le réalisateur varie donc les différents meurtres en délaissant son habituel hors-champs, ici "Beat" Takeshi montre tout, en tombant même dans l'outrance, avec ces corps criblés de balles à la mitraillette, la pendaison par voiture - Du jamais vu pour ma part -, la séance chez le dentiste ou encore le coup de la langue - Qui doit bien faire mal…  Bien sûr nous avons droit à une réalisation solide, normal vu le bonhomme derrière la caméra, avec de magnifiques travellings (Vers la fin avec la route près de la mer, où une berline récupère deux tueurs), des plans cadrés à la perfection (Otomo venant de tuer son chef, et la caméra cadre la fumée qui monte du corps)… Le long-métrage bénéficie également d'un véritable travail sur l'éclairage et d'un splendide CinémaScope.

Affiche Américaine.

A la distribution nous avons un "Beat" Takeshi monolithique comme à son habitude. Pour les autres acteurs, nous sommes surpris de ne pas retrouver les têtes habituelles du cinéaste, nous avons donc à ses côtés des comédiens confirmés comme Jun Kunimura (Ichi the Killer, Kill Bill Volume 1 Le vent se lève), Kippei Shiina (Shinjuku triad society, Sakuran & Shinobi), ou encore Tomokazu Miura (Arriety, le petit monde des chapardeurs & My back page)… Tout le casting s'en sort relativement bien. On retiendra tout de même la charmante Eihi Shiina, comédienne que l'on retrouve dans Tôkyô Gore Police ou Vampire girl Vs Frankenstein girl

Suite au conflit artistique entre le mélomane et le cinéaste, lors de la production de Dolls, nous ne retrouvons pas sur OutrageJoe Hisaichi compositeur attitré alors de Takeshi Kitano. Keiichi Suzuki le remplace donc, ce dernier s'en sort assez bien, même si nous regrettons l'absence de son emblématique confrère.


Takeshi Kitano nous offre un Yakuza Eiga avec une intrigue peu originale en soi, à la forme conventionnelle mais son efficacité constitue une sorte de chaînon manquant à la saga Combat sans code d'honneur de son mentor, Kinji Fukasaku. Le cinéaste nous livre un constat sans appel, non sans cynisme tournant parfois à la farce sur une criminalité Nippone inchangée depuis plusieurs générations. Certainement l'un de ses films les plus accessibles pour le public néophyte de l'oeuvre de ce grand réalisateur Japonais…