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samedi 29 novembre 2014

Du plomb dans la tête (2013)

Avec Du plomb dans la tête, Walter Hill revient aux affaires avec son genre de prédilection le Buddy-Movie, dont il est également l'instigateur avec 48 Hrs. Ce long-métrage est l'adaptation de la bande-dessinée Française éponyme écrite par Alexis "Matz" Nolent et illustré par Colin Wilson.

À La Nouvelle-Orléans, un tueur-à-gages du nom de James Bonomo, surnommé "Jimmy Bobo", à pour règle de ne jamais tuer d'innocent "Ni Femme, ni enfant". Après l'exécution d'un contrat, il laisse derrière lui un témoin vivant. Lorsqu'un inspecteur de police venu tout droit de Washington arrive en ville pour rejoindre son coéquipier et suivre une nouvelle piste sur une ancienne affaire, il découvre que celui-ci a été tué. Bien-sûr tout les indices accusent Jimmy et son partenaire venant juste d'être assassiné, Louis. Pour trouver le commanditaire de ses meurtres, le flic et le tueur-à-gages vont être forcés de faire équipe…

Quelle déception ! Le retour de Walter Hill sonne comme un aveu d'échec, pourtant Du Plomb dans la tête avait tout les éléments pour me faire aimer ce film, un Sylvester Stallone dans un rôle sur mesure, ce coté "revival 80's"… Mais voilà, il manque un détail pour me faire réellement savourer ce métrage.

Intégrale de la bande-dessinée
disponible chez Casterman
Le problème Du Plomb dans la tête est sa rigueur narrative aux oubliés absents. Bien-sûr, ce défaut est compensé par un duo fonctionnant plutôt bien, Walter Hill maîtrise parfaitement le Buddy-Movie mais à coté de ça, le spectateur doit supporter des méchants de pacotille - Sauf Keegan le mercenaire.

L'intrigue reste classique et n'est finalement qu'un simple prétexte, dommage quand on choisit une orientation polar. La bande-dessinée à une approche différente, contenant des dialogues à la manière d'un Quentin Tarantino et une fuck-off attitude tranchante.

Mais le véritable gouffre est lorsque l'on fait une rétrospective de la filmographie du cinéaste :

48 Hrs est la référence en matière de Buddy-Movie, ici le duo fonctionne mais nous sommes loin du tandem Nick Nolte / Eddy Murphy. Extrême Préjudice sous ses allures de polar musclé avait un semblant de dramaturgie, qui nous permettait ainsi de nous intéresser au sort des différents protagonistes, chose dont nous nous soucions peu dans ce long-métrage. Et je ne parlerais ni du Bagarreur et de Driver Walter Hill à toujours oeuvré sur les B-Movie, de manière structuré et aboutit malheureusement ce sont des éléments que nous ne retrouvons pas dans Du Plomb dans la tête. En fait à part le duo, rien ne fonctionne vraiment, malgré sa courte durée le long-métrage n'est pas spécialement bien rythmé… On ne s'ennuie pas mais le spectateur a plus l'impression d'être devant un épisode de série télévisée à la façon des Experts / C.S.I ou N.C.I.S : Enquêtes spéciales, sauf qu'ici on a - heureusement - des head-shot et Sylvester StalloneEt que dire de cette storyline père & fille assommante au possible et convenue, servant de cache misère à un scénario ne parvenant pas à aller à l'essentiel avec au moins un peu d'idée neuve.

Quant à notre fameux tandem de choc, l'officier Taylor Kwon assure le coté homme de loi pour apporter un certain penchant moralisateur au duo. Leur association est plutôt réussi en opposition presque constante, nous offrant des chamailleries où Jimmy Bonomo a souvent des arguments musclés lui faisant prendre le dessus systématiquement. Comme à l'accoutumé dans les Buddy-Movies, ce conflit de pensées fait que nos deux héros ne peuvent pas évoluer l'un sans l'autre.



Pour la forme c'est un autre monde ! Déjà pas d'utilisation d'un CinémaScope conférant un aspect télévisé cheapos. Le tournage entièrement tournée aux États-Unis, nous donne souvent l'impression d'être devant un Direct-To-Video de Steven Seagal en Roumanie… Ça fait mal au coeur quand on sait que l'homme derrière la caméra est Monsieur Walter Hill en personne. Après c'est violent, sanguinolent et sans pitié avec des effets "choc"… Mais où est donc passé ce grand cinéaste qui nous faisait rêver avec le final de Sans retour, l'introduction de 48 Hrs ou bien les gun-fights du Dernier recours ?! L'action est lisible mais celle-ci est filmé sans aucune conviction, se limitant rapidement à du champ contre champ où du plan séquence. On retiendra véritablement une des rares réussites du réalisateur, une exécution sans concession à laquelle se livre Keegan dans un bar aux apparences paisibles… Pour le reste, aucun effort n'est fourni sur le montage et cinq minutes après le générique de fin, le spectateur ne se souvient d'aucune scène !


Heureusement, les comédiens s'en sortent. Sylvester Stallone est juste, même si l'acteur se contente de reprendre un rôle à mi-chemin entre l'Assassin ou l'Expert. Sly en impose facilement grâce à son magnétisme et son coté badass, "Jimmy Bobo" est un tueur-à-gages aux méthodes musclés, à qui il ne faut pas venir chercher des embrouilles. 

Thomas Jane (The Punisher, Scott Pilgrim) devait à l'origine jouer son co-équipier, finalement son personnage fut attribué à Sung Kang (Fast and Furious : Tokyo Drift), suite à la demande du producteur Joel Silver, ce dernier voulant un comédien étranger pour toucher un large public. L'acteur apporte un capital jeunesse, moderne et sympathie possédant une cool-attitude évidente à l'écran. Quant à Keegan le mercenaire, ce dernier est incarné par Jason Momoa, à fond sans son rôle de pourriture féroces aux méthodes tordus, croyant avoir des principes, sa rivalité avec Sylvester Stallone fonctionne plutôt bien. Le reste du casting est mauvais dont un Christian Slater qui cachetonne allègrement…

Qu'on se le dise Du Plomb dans la tête n'est pas cette oeuvre à la sauce 80's vendue par certains, Walter Hill nous offre malheureusement un pétard mouillé. Seul point positif, le tandem de choc qui fonctionne bien à l'écran. A voir si vous êtes un inconditionnel de "l'étalon Italien" ou si vous voulez passer une soirée détente devant la télévision sans prise de tête.

Affiche Japonaise

dimanche 2 novembre 2014

Driver (1978)

B-Movie écrit, réalisé par Walter Hill, Driver est l'une des sources d'inspirations de nombreux cinéastes : De James Cameron pour son futur Terminator, en passant par Quentin Tarantino, et n'oublions pas Nicolas Winding Refn avec son fameux, Drive.

À la fin des années 70, la société Britannique EMI Films (Filiale cinématographique d'EMI Group) souhaite co-financer des longs-métrages Américains avec les grands studios d'Hollywood, pour cela la société s'octroie l'aide des producteurs Michael Deeley (Blade Runner, L'or se barre) & Barry Spikings (Du sang et des larmes). Driver - Tout comme Voyage au bout de l'enfer ou Le convoi - fait partie de cette association.

Lors de la phase d'écriture, Walter Hill envoie une copie de l'ébauche de son scénario à Raoul Walsh, le vétéran d'Hollywood lui donne alors son approbation. L'une des influences visuelles majeures du cinéaste pour ce long-métrage sont les oeuvres de l'artiste Edward Hopper.

Le rôle du pilote fut à l'origine destiné à Steve McQueen, malheureusement à cause de ses graves soucis de santé, le comédien ne peut pas participer au tournage, la production se tourne alors vers Ryan O'Neal (Love Story, Barry Lindon). Driver est le premier rôle Hollywoodien pour d'Isabelle Adjani, la comédienne avait refusé l'année d'avant de l'autre côté de minuit. Elle a accepté la proposition de Walter Hill, car celle-ci avait apprécié le précédent long-métrage du cinéaste, Le Bagarreur avec Charles Bronson

"Je pense que Walter Hill est merveilleux, il s'inscrit dans la grande lignée d'Howard Hawks. Son histoire est contemporaine, et très stylisée. Les rôles que Ryan O'Neal et moi interprétons, sont comme ceux d'Humphrey Bogart et de Lauren Baccall. Nous sommes deux joueurs dans l'âme, nous ne montrons aucune de nos émotions. Pour nous, parler coûte cher. Ici, je suis une femme mystérieuse ne possédant aucun nom, et je dois l'avouer c'est reposant de pas avoir une vie derrière soi. De cette manière je ne dispose pas d'élément pour creuser mon passée, tout ce que je sais : La vie est un jeu, et je suis une perdante. Je dois avoir un visage impassible face aux gens".


À la sortie d'un casino, une jeune femme - La Joueuse - est témoin d'un braquage effectué par deux gangsters qui parviennent à échapper à la police grâce à l'habilité du chauffeur de la voiture. Le Pilote - son vrai nom est inconnu - est un as de la conduite, aidant des malfaiteurs à faire des vols à main armé à Los Angeles, mais un policier vaniteux aux méthodes peu académique veut arrêter ce fameux "Cow-boy" moderne.

Moment de pur plaisir, ce Driver impressionne à tout niveau, scénario bien écrit, personnages charismatiques au possible avec un casting bien choisi et une réalisation mettant à l'honneur la conduite pure, sans fioritures, ici, c'est le bitume qu'on écorche sans artifice.  

Le spectateur se retrouve devant un véritable Western urbain. L'ambiance générale du long-métrage est vraiment audacieuse, véritable modèle d'épure rappelant Le Samouraï de Jean-Pierre Melville & Le Solitaire de Michael Mann. "Le  Pilote" fait penser au héros Melvillien, par son coté professionnel à toute épreuve et mutique". Dès le départ chaque protagoniste est réduit à sa fonction (Le Pilote, Le Détective, La Joueuse), les deux principaux allant se livrer une chasse sans merci, le gibier et le prédateur s'échangeant les rôles au fur et à mesures que le film avance. Walter Hill ne s'embarrasse pas d'une romance entre "La Joueuse" et du "Pilote" - D'ailleurs cela irait contre sa psychologie -, un plan de baiser fut tourné mais le réalisateur l'a coupé au montage. Du coup le cinéaste se concentre sur son histoire et déroule, avec un rythme soutenu, ne s'encombrant pas d'élément superflu. Au final le spectateur se retrouve devant une pellicule concentrée d'une heure vingt cinq de plaisir dont sa fin est pile-poil dans le ton de son oeuvre.


Affiche Thaïlandaise
Disons le, d'entrée de jeu quand on lance un film intitulé Driver, on s'attend à être au plus près de l'asphalte !. Pari réussi, Ici les bolides et leurs moteurs rugissent comme de beaux diables et l'impression de vitesse à l'écran est bien rendue. C'est la part belle faite aux jolies mécaniques, à part les quelques inserts sonores  minimalistes de Michael Small venant renforcer l'efficacité de certaines scènes comme celle du jeu du chat et de la souris lors de la course poursuite finale par exemple.

Les fameuses courses poursuites justement, Walter Hill les filmes avec le talent indéniable qu'on lui connait. Driver s'ouvre et se termine sur deux monstrueuses scènes de conduites qui sont certainement les meilleures du genre - Concurrençant aisément Bullit & French Connection -, le montage est un modèle d'efficacité rare et la séquence finale entre "Le Pilote" et le Mexicain est bluffante, ce duel chorégraphié d'une main de maître, avec ces voitures se rentrant dedans dans un espace réduit, sans aucune saccade. À noter L'ambiance urbaine et nocturne, est l'une des plus réussit, on a rarement vu mieux depuis.

En bonus, le cinéaste nous offre une petite scène d'embauche, ou "Le Pilote" pour prouver sa valeur va faire visiter à ses hôtes le moindre centimètre carré d'un parking sous-terrain, abîmant au passage la carrosserie d'une Mercedes qui en a sous le capot.


Les différents comédiens sont à leur place et donnent le change avec panache. Ryan O'neal est juste parfait en "Pilote", on y croit dès le début, est froid, méticuleux et sur de lui. Son personnage sans faille, n'hésite jamais une seconde. Isabelle Adjani est excellente en beauté froide, comme les autres acteurs, elle ne parle pas beaucoup mais sa présence est envoutante. Bruce Dern (The Cow-boy, Django Unchained) en policier prêt à tout pour arrêter son fameux "Cow-boy" des rues de Los Angeles. Son rôle est proche de celui de Sterling Hayden dans Chasse au gang d'André de Toth.

Bizarrement Driver est un long-métrage assez peu connu en France, uniquement du cercle des amateurs de Polar 70's. L'histoire très simple, reste captivante de A à Z notamment grâce à la mise-en-scène de Walter Hill, qui, avant Michael Mann, filmait déjà mélancoliquement les grandes métropoles Américaines. Une véritable découverte, à voir d'urgence pour tout amoureux des B-Movie !.

mardi 25 mars 2014

Double Détente (1988)


Double Détente, est un Buddy movie fleurant bon les années 80, produit par Carolco Pictures, réalisé par Walter Hill, d'ailleurs, instigateur du genre avec 48 heures en 1982.

En URSS, le capitaine de police soviétique Ivan Danko est chargé d'appréhender le dangereux trafiquant de drogue, Victor Rostavili. Ce dernier abat froidement son collègue Ivan, lors d'une violente altercation. Le bandit s'enfuit au Etat-Unis, dans la ville de Chicago. Le policier Russe, s'y rend également, il fera équipe avec l'espiègle inspecteur Art Ridizk.

L'intrigue évoque le contexte politique de l'époque. Le trafique de drogue internationale de Victor Rostavili en Russie montre les effets de l'ouverture au monde du bloc Soviétique grâce à la glasnost et la perestroïka, deux reformes majeures politiques et économique menés par Mikhaïl Gorbatchev à la fin des années 80. 

Du coté Américain, le gouvernement de l'ère Reagan & Bush, lutte ardemment contre ce fléau, devenant une préoccupation principale, voir l'obsession de la maison Blanche. Les deux nations ennemies doivent s'allier pour remporter la guerre contre la drogue.

Double Détente oppose deux visions du monde :

- Une critique du mode de vie capitaliste aux yeux du Russe, avec la malbouffe, la pornographie à la télévision sont les éléments d'une société libre, cette "sous-culture" proscrite à l'époque chez les communistes. 

- Les stéréotypes nationaux l'Est / Ouest : Ivan Danko, est un officier strict, froid, attaché à son régime mourant, montrant aucun sentiment tel le mur-de-fer. À l'opposé, l'inspecteur Art Ridizk est l'Américain moyen, une grande gueule au langage grossier, reluquant sans vergogne les femmes dans la rue.

Avec subtilité, les scénaristes critiquent l'ère Soviétique sous Staline, lors d'un rare moment où Schwarzy brise la glace face à son coéquipier Américain, évoquant avec regrets les atrocités du régime et de l'armée rouge.

La force du genre est le bon équilibre entre le duo d'acteur, amenant de la répartie, des situations cocasses et généralement la différence de classe sociale, ici remplacé par le contexte politique des blocs Ouest & Est. Au début les deux hommes ne sont jamais trop  de connivence, les différences culturelles et méthodes d'investigation apportent son lot de frictions, empêches les deux policiers à devenir ami, mais ils trouveront un terrain d'entente avec des intérêts communs au cours de leur enquête. L'intelligence de l'écriture ne verse jamais l'intrigue, les dialogues dans la comédie pure. Le second degrés & les punchlines naissent souvent des différences culturelles, jamais caricaturées. Le récit se déroulant en pleine Guerre Froide, fait de Double Détente un projet sérieux à la base.

Affiche Thaïlandaise.

Walter Hill, réalisateur de B-Movie violent, installe l'intrigue en U.R.S.S, tournée en réalité à Prague, sauf la séquence sur la Place Rouge à Moscou, véritable exploit pour l'époque.

Chose inhabituel dans le cinéma d'exploitation, l'introduction de quinze minutes, uniquement en Russe, les spectateurs Américains n'étant pas habitué à lire des sous-titres à l'écran. La séquence des bains de vapeur, culte de nos jours, comporte un clin d'oeil à Terminator - L'officier Ivan Danko tournant la tête de façon robotique. Pour la partie Américaine, Walter Hill installe l'action dans une ville de Chicago, à l'ambiance urbaine sordide, l'intrigue se passant majoritairement de nuit. Sa marque de fabrique est bien là, une réalisation ultra-efficace, avec ses fusillades hard-boiled, accompagnées de gerbes de sang, les trafiquant de drogues n'hésitant pas à tuer des policiers sans vergogne. Les scènes d'actions respectent le cahier des charges de l'époque : Course poursuite, bourre-pif, coup de fusil à pompe, déchiquetant les portes, ennemis tués faisant des bonds de troi mètres en arrière…

Les musiques composées par James Horner sont dans le standard de l'époque à base de synthétiseur principalement. Chose amusante, le compositeur utilise même un sample du thème de Commando, pour ceux d'entre-vous, ayant l'oreille mélomane, le morceau en question est Tailking Kat / Set Up.

Le casting est impeccable. Arnold Schwarzenegger en officier Soviet bourrin avec son gros flingue, et son physique monolithique sont une excellente trouvaille, son accent Russe est très bon. James Belushi, excellent dans le rôle d'un inspecteur fripon, maladroit et déconneur. En second rôle, Ed'O Ross charismatique en bad-guy de service, Laurence Fishburne (la trilogie Matrix) en flic carriériste et côté féminin Gina Gherson (ShowGirls de Paul VerhoevenBound des Wachowski), faisant de l'aérobic, ça n'a pas de prix. 

Double Détente, est un Buddy movie Rated où l'on ne s'ennuie pas une seconde grâce aux punchlines d'enfer, à l'action non-stop. Un B-Movie virile, musclée digne des eighties, se bonifiant plutôt bien avec le temps. A (re)voir pour se détendre avec un bon verre de vodka.

Affiche Japonaise.
Affiche Japonaise.