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dimanche 13 mars 2016

Soleil Levant (1993)


Michael Crichton est certainement l'un des romanciers contemporains les plus adaptés par l’industrie cinématographique Américaine, du Jurassic Park de Steven Spielberg à Harcèlement ou Sphère de Barry Levinson. Cet auteur est aussi connu pour être un producteur tyrannique (Le 13ème Guerriers) ou bien encore cinéaste à ses heures perdues (Mondwest - Westworld, La Grande Attaque du Train d'Or). Ici, notre homme ne tient heureusement aucun rôle dans ce projet que celui de romancier… Michael Backes & Michael Crichton ont quitté la production de Soleil Levant, car ces deux hommes s’opposaient à ce que le personnages du lieutenant Webster Smith soit transformé en un Afro-Américain.

Si nous ajoutons à l’équation la présence du réalisateur confirmé Philip Kaufman, à qui nous devons L'Etoffe des Héros, et une brochette d’acteurs à gueule, cela ne peut pas être mauvais ?


À Los Angeles, pendant une réception dans les bureaux américains d'une société japonaise, une escort-girl professionnelle est retrouvée morte, apparemment à la suite d'une rencontre sexuelle violente. Un jeune détective et un ancien capitaine de police et expert en affaires japonaises, sont envoyés pour enquêter. Pendant l'enquête initiale, le  novice Webster Smith soutient que la preuve indique une rencontre sexuelle suivie d'un meurtre, mais son ainé John Connor insiste pour dire qu'il y a eu une plus grande implication de la société et que les apparences sont trompeuses. Après une enquête éprouvante, l'ancien capitaine de police reçoit un disque numérique contenant la vidéo de surveillance de la nuit de l'assassinat. Elle s’avèrera par la suite être une vidéo numériquement truquée du véritable assassinat…

Voici un polar représentatif des années 90 : Une touche de technologie "Hi-tech", un soupçon d'érotisme, et quelques scènes d'action… L'aspect Buddy movie est ici omniprésent, centré sur un tandem antagoniste, d'un côté le jeune afro-américain Webster Smith incarne la culture occidentale, policier à la cool et pas très réfléchie et de l'autre le vétéran John Connor, rompu aux us et coutumes orientaux, appréciant le calme et la pondération japonaise.

Quant aux cotés érotiques, Soleil Levant est sorti un an après le sulfureux Basic Instinct de Paul Verhoeven, et ça se ressent : Le côté pervers du crime et l’érotisme général ambiant sont particulièrement mis en avant. Après le succès inattendu de l'oeuvre "diabolique" de l'Hollandais Violent, Hollywood s'en presse d'adapter une vague de thriller érotique comme en 1994 avec Harcèlement roman éponyme de Michael Crichton.

Quant aux rapports entre la culture Japonaise & Américaine - Le seul choc que le personnage John Connor appréhende. L'un des véritables problèmes, Soleil Levant est tellement explicatif et détaillé par moments (la forme juridique Kabushiki kaisha, notion sempai & kôhai…), qu'on a l'impression que le scénariste a fait un stage au Japon en bon petit élève, pris plein de petites notes et a rédigé un manuel : "Faire des affaires au Japon pour les Nuls". Nous sommes loin du Yakuza de Paul Schrader & Sydney Pollack où il est possible d'allier la culture du Film Noir Américain et le Yakuza Eiga en évitant de tomber dans les stéréotypes ou autres caricatures.

L’enquête sur cet assassinat n’est finalement qu’un maigre prétexte pour faire du “Japan Bashing” primaire et systématique. On apprend alors que les Japonais sont racistes, arrogants, vicieux, impitoyables et en affaires, n’hésitent pas à recourir à des méthodes peu loyales. Et cela est d’autant plus compréhensible qu’à la fin des années 80, le miracle Japonais était à son apogée, tandis que l’économie des États-Unis battait de l’aile. Soleil Levant est donc une transcription de la peur des Américains qui voient leurs premiers concurrents Nippons arrivés sur les marchés mondiaux !. La firme Japonaise Nakamoto Corporation entre en pourparler pour posséder une société de la Silicon Valley, MicroCon, mais le sénateur John Morton s'y oppose fortement… 

Cette peur est également l'un des symptômes des studios Hollywoodiens dans les années 90, ces gardes-barrière font un combat anti-Japonais depuis le rachat en 1989 de Columbia Pictures par Sony Corporation. Les exemples avec Kinjite Sujet Tabou, Alien 3 (la fusion Weyland-Yutani) & RoboCop 3 (OCP racheté par un conglomérat Japonais) incarnent le mieux cette période, ainsi Soleil Levant par le biais du personnage d'Harvey Keitel, possède de nombreux relents racistes envers les Japonais.

La technologie "Hi-tech" et la manipulation des images, tellement évolué pour l'époque, prête à sourire de nos jours. Du coup ce qui était à la pointe et ultra-moderne il y a à peine quinze ans parait aujourd'hui totalement ringard: Gros téléphones portables, trucages numériques d'images que n'importe qui peut faire aujourd'hui avec Photoshop, ou encore s'extasier devant un disque laser.

Naviguant sur la mouvance Techno-Thriller avec un font d'érotisme pour l'enquête. À la fois nous avons une certaine satisfaction grâce à une intrigue peut être trop travaillée avec de nombreux rebondissements. Car sans jamais être captivant, Soleil Levant parvient à susciter un certain intérêt et à divertir, en dépit de ses nombreux défauts : Personnages stéréotypés, grosses ficelles scénaristiques - le sénateur John Morton-, des flashbacks mal incorporés, exposition trop longue par rapport au dénouement qui n'en finit pas de "rebondir"... Malheureusement, l’histoire n’apporte aucune conclusion définitive, dans le sens où si l’enquête sera officiellement bouclée, il restera toujours un doute concernant sa conclusion… Que devient John Conor ? Que devient la famille de Webster Smith ? Et le personnage d'Harvey Keitel ?

Ajoutons également une fin alternative au roman afin de ne pas froisser la communauté Japonaise.

La mise en scène de Philip Kaufman est trop académique. Et malheureusement le manque d'une grosse scène d’action aboutie se fait ressentir. La poursuite en voiture reste avortée ainsi que la scène finale dans l’immeuble en construction. Quant à l'érotisme ambiant de Soleil Levant n'est pas Paul Verhoeven qui veut… Même si le début part dans un exercice sexuel débridé sur une table de conférence, et laisse esquisser plus tard le nyotaimori, une table à sushis vivante.

La présence salvatrice de Sean Connery - également producteur exécutif - capable de par son unique présence d’éveiller un intérêt quasi moribond pour une oeuvre de cinéma bien malade. Son rôle est le mieux écrit. Moins bien travaillés Wesley Snipes souffre d’un rôle parfois ingrat, entre kôhai, le policier américain pas très réfléchi, et le pourri, mais son personnage est plus trouble que dans les autres histoires de "duo de flics" de l’époque. Quant à sa relation avec Harvey Keitel, le fait qu’ils aient tous deux fauté par le passé n’apporte finalement rien à l'intrigue. Cela fait plaisir de revoir quelques-uns des seconds couteaux les plus mémorables d’Hollywood, comme Ray Wyse (Twin Peaks) en sénateur John Morton… Ne parlons pas du rôle anecdotique de Steve Buscemi dont on aurait pu penser qu’il amènerait un plus.

Du coté des comédiens Japonais, nous retrouvons l'un des visages Nippons emblématiques d'Hollywood Makoto Iwamatsu, surnommé Mako, de Conan le Barbare de John Milius à RoboCop 3 en passant par La Canonnière du Yang-Tsé où il se retrouve nommé aux Oscars pour l'acteur meilleur second rôle. Ici, il incarne le CEO de Nakamoto Corporation. Autre naturalisé Américain Cary-Hiroyuki Tagakawa (The Man in the hight castle, Tekken, Le Dernier Empereur) interprète le yakuza Eddie Sakamura.  Et la surprise de Soleil Levant, la ravissante Tia Carrere en "Japonaise" …

Souvent considéré comme un "pont" entre les cultures japonaise et occidentale (rôle qu'il n'a jamais désiré jouer) Tôru Takemitsu a composé une très grande quantité de musiques telles que celle du très célèbre Ran d'Akira Kurosawa avec lequel il a plusieurs fois collaboré, mais aussi de Kwaidan de Masaki Kobayashi, la plus grosse production du cinéma japonais de l'époque, et de L'Empire de la passion de Nagisa Ōshima. Pour Soleil Levant ses mélodies manquent légèrement de morceaux pêchu qui puisse aider à pimenter cette intrigue.

Soleil Levant est intéressant à visionner pour la confrontation Sean Connery & Wesley Snipes, ce vieux sempai contre le jeune kôhai, représentant l'Orient et Occident sur un choc des cultures avec un fond de guerre économique Américano-Japonaise.. Un jeu de cache cache où la réalité et les apparences sont parfois trompeuse. Finalement, l'oeuvre de Michael Crichton peut se lire à double voire triple sens. Outre son "Japan Bashing" primaire systématique, ce long-métrage ne restera pas dans les annales, mais il reste divertissant et agréable par moments.


Affiche hommage d'Edgar Ascensao.

mercredi 15 août 2012

Demolition Man (1993)


Blockbuster sorti dans les salles obscures en 1995, mise en scène par l'inconnu Marco Brambilla, dont il s'agit ici de sa première réalisation. Demolition Man est produit par Joël Silver, l'un des papes d'Hollywood, roi de l'entertainment, connu pour des succès comme Commando, Predator, les trilogies de L'Arme Fatale, Die Hard & Matrix.

En 1996, Los Angeles est devenu une zone de non droit, le sergent John Spartan se rend coupable de meurtre en tentant d’appréhender le psychopathe Simon Phoenix. Notre justicier se retrouve cryogénisé tout comme le meurtrier. Ce dernier s'évade en 2032, le fou-furieux se révélant trop brutale pour une civilisation où le crime à totalement disparu, les forces de l'ordre n'ont pas d'autre choix que de réveiller un des flics des années 90… le Demolition-man : John Spartan.


En le revoyant le futuriste Demolition Man n'a pas pris une ride, son introduction reste toujours aussi explosive. Sylvester Stallone rend John Spartan iconique et puissant dès les premières minutes, avec son arrivée par un saut en rappel. Quant à Wesley Snipes, celui-ci est Simon Phoenix le bad-guy de service, un fou dangereux faisant sauter un bâtiment entier. La coupe de cheveux du comédien inspira d'ailleurs le basketteur Dennis Rodman.

Une fois dans un futur réaliste, Demolition Man nous montre une société aseptisée au vocabulaire soutenu, ou la violence n'existe plus, ou l'esprit "zen" est le mot d'ordre. Les habitants de San Angeles, (contraction de Santa-Monica & Los Angeles) ne connaissent même plus l'envie d'une cigarette, d'une bonne bière fraîche ou même du "sexe à l'ancienne"... Ces différents éléments sont prohibés par diverses lois pour une meilleure hygiène de vie. Seule une poignée de résistant vivant dans les égouts s'oppose à cette civilisation. Grâce à cette vision futuriste d'un monde idyllique le long-métrage alterne les scènes comiques, avec un Sylvester Stallone, faisant connaissance avec cette société possédant de nouvelles technologies, ainsi notre héros découvre "les trois coquillages" dans les toilettes, "le sexe virtuel" ou encore la devenue célèbre "machine à amende pour injure", des situations cocasses prêtant à sourire. Demolition Man n'hésite d'ailleurs pas à faire quelques clins d'oeil amusant à Rambo ou à Arnold Schwarzenegger évoquant même sa future carrière politique, chose totalement utopique pour l'époque.

Demolition Man posséde de magnifique Matte-Painting.

La Production-Design reste impressionnante pour son époque. Les différents Matte-Painting côtoient de bon vieux effet-visuels avec de la fumées ou étincelles au fond des différents décors. La réalisation de Marco Brambilla est lisible dans les séquences d’affrontements... Un film d'action old school avec Sylvester Stallone & Wesley Snipes au plus haut de leurs formes, à leur côté la jeune Sandra Bullock, ravissante dans le rôle d'une bleue de la police. A noter l'apparition Jesse Ventura, comédien déjà croisé dans The Running Man  & Predator.

Blockbuster des nineties, au budget confortable, Demolition Man toujours aussi plaisant à regarder grâce à son fameux cocktail action & comédie mélangé intelligemment. Son sujet reste d'actualité de nos jours - surtout à notre époque -, avec les fameux prêcheurs de bonne parole voulant vivre dans une société aseptisée, ou les plaisirs de la vie deviennent de plus en plus restreint. Un bon divertissement, qui n'a pas prit de coups de vieux et avec des comédiens au top de leur formes.
 
Illustration pour la marque de flipper Williams

lundi 6 août 2012

Total Recall (1990)

 
Après le succès mondial de RoboCop, Paul Verhoeven, surnommé l'Hollandais violent, se retrouve catalogué à Hollywood comme "cinéaste d'anticipation". Il reçoit ainsi de nombreuses propositions des studios et des sociétés de productions Américaines mais aucun projet ne trouve grâce à ses yeux, le réalisateur Européen fraîchement débarqué sur le sol Américain n'est pas particulièrement attiré par le genre, pourtant enfant il dévorait des romans pulp de Science-Fiction et autres comics-book.

Lorsque le scénario de Total Recall arrive entre les mains de Paul Verhoeven, il s'agit déjà de la 41éme version du scénario. Au milieu des années 80, le projet passe entre Walt Disney Company à Dino De Laurentiis ! Des cinéastes comme Richard Rush (Color of night) ou encore Bruce Beresford (Miss Daisy & son chauffeur) sont pressentis pour le mettre en scène… Si bien qu'au bout d'une quinzaine d'années de Development Hell, une aura de projet maudit entoure ce futur long-métrage

La première esquisse du scénario est écrite par Dan O'Bannon & Ronald Shusett. Ces derniers ont acquis en 1974 les droits d'adaptation pour la somme dérisoire de mille dollars d'une nouvelle de Philip K. Dick, "Souvenir à vendre" parue dans la revue Galaxy. Romancier Américain notamment célèbre pour l'adaptation de son roman, "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques" plus connu au cinéma sous le nom Blade Runner, chef-d’œuvre du "7éme Art" et de la Science-Fiction réalisé par Ridley Scott. Ne parvenant pas à faire fonctionner leur récit d'anticipation, les deux écrivains arrête de travailler dessus un moment pour signer Alien, le huitième passager. Ils reviennent ensuite sur le projet, parviennent à finaliser une première monture, envoyant ainsi le héros Doug Quaid sur Mars, ce qui n'est pas le cas de la nouvelle d'origine. Mais les deux hommes peinent à finaliser un troisième acte satisfaisant. Tandis que les deux plumes écrivent Réincarnation de Gary Sherman, les deux hommes se replongent régulièrement sur ce projet qui leur tient à cœur jusqu’à ce que leurs visions diffèrent et que Dan O'Bannon jette l'éponge. Ronald Shusett le développe alors seul pendant un an pour Walt Disney Company, mais les différentes versions qu'il remet au studio sont rejetées, toujours à cause d'un dernier acte bancale.

Arnold Schwarzenegger, Sharon Stone & Paul Verhoeven.


En 1982, le nabab Dino De Laurentiis prend une option sur Total Recall. Richard Rush (Color of Night) est pressenti pour la réalisation, mais il s'oppose au producteur Italien qui souhaite ramener l'action sur Terre pour d'évidentes raisons budgétaires. Fred Schepisi (La Maison Russie) est alors approché, mais sa vision psychologique déplait à la production, le cinéaste est alors rapidement "remercié". Le scénario reste sur les étagères jusqu’à ce que David Cronenberg reprenne Total Recall. Avec Ronald Shusett, ils forcent l'aspect comique en faisant une quasi-parodie de Film Noir. Le projet commence enfin à avancer, des plateaux sont réservés, les Production-Designers travaillent sur les décors et les différents effets visuels. Pour la tête d'affiche  Richard Dreyfus & William Hurt sont approché pour interpréter Doug Quaid. Mais le cinéaste fait volte-face et décide de reprendre de A à Z le scénario. Sa vision et celle du scénariste diffèrent alors complétement et leur collaboration se transforme en bras de fer. Leur relation est d'autant plus conflictuelle lorsque l'on sait que David Cronenberg considère Alien, le huitième passager comme un plagiat de ses premières œuvres Canadiennes. Sa version, où Doug Quaid complétement schizophrène subit des mutations à chaque changement de personnalité, est jugée trop sombre et excentrique par Dino De Laurentiis. Au bout d'un an de travail et une douzaine versions, le cinéaste quitte le projet qui est à nouveau enterré, deux mois à peine avant le début du tournage.

Ronald Shusett ne désespère pas et se remet au travail avec Steven Pressfield  (Freejack). Les deux scénaristes trouvent l'idée de la terraformation de Mars qui offre à Total Recall une intrigue enfin satisfaisante. Bruce Beresford, (Miss Daisy & son chauffeur) est alors engagé pour la réalisation, grâce au succès de Dirty Dancing le comédien Patrick Swayze, est envisagé pour Doug Quaid. Nous sommes en 1987, l'acteur s'entraîne physiquement, la fabrication des décors est lancée, le cinéaste et sa plume apportent les dernières modifications au scénario… Mais à cause de l'échec de Dune, Dino De Laurentiis abandonne l'idée de produire ce projet suite à la mise en faillite de sa société.


Une rumeur de malédiction commence à planer sur Total Recall... Mais c'est sans compter sur l'espoir providentiel d'Arnold Schwarzenegger ! Le comédien avait été approché une première fois par Dino De Laurentiis mais son cachet était trop élevé pour la production. L'intrigue avait tapé dans l'oeil de Schwarzy et c'est avec un certain intérêt qu'il continuait de suivre les pérégrinations du scénario. Après la faillite du producteur Italien, "Le Chêne Autrichien" contacte Carolco Pictures en leur proposant de monter le projet. La société de Mario Kassar rachète alors les droits et accepte la condition de sa "star" : "Que ce soit Paul Verhoeven derrière la caméra". Le cinéaste, Ronald Shusett & Gary Goldman (Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin) peaufinent la dernière version du scénario et débloquent les quelques nœuds restants du troisième acte. l'Hollandais Violent dispose en effet d'un budget conséquent de soixante-cinq millions de dollars, équivalent de celui d'Abyss ou d'Alien 3, tournés à la même époque, RoboCop  ayant coûté pour sa part treize millions de dollars. Une somme étonnante au vu de la complexité de ce récit de Science-Fiction schizophrénique et ultra-violent. Le cinéaste s'entoure à nouveau d'une partie de l'équipe de RoboCop : Le chef opérateur Jost Vacano, le chef décorateur William Sandell et le grand Rob Bottin pour les maquillages et s'adjoint la participation de Ron Cobb (Aliens, le retour, Les Aventuriers de l'Arche perdue, Abyss...) pour la conception graphique.

Ce Voyage à travers les affres du scénario montre que Total Recall aurait pu avoir des visages très différents : D'une quasi-parodie de Blade Runner à un délire mental autour de la schizophrénie, la trame de la nouvelle de Philip K. Dick s'invite à toutes les réappropriations. Mais il est vrai qu'à sa lecture, on est loin d'imaginer un actionner ultra-violent avec
Arnold Schwarzenegger.
 

2048, Doug Quaid est hanté par des cauchemars se déroulant sur Mars. Sa femme Lori s'efforce de dissiper ses visions. Un jour, notre homme s'adresse à la société Rekall, pour vivre son rêve grâce à des implants mémoriel. L'expérience dérape, mais ce dernier apprend qu'il a bien séjourné sur la planète rouge, démarre alors une véritable chasse-à-l'homme, conduit par une mystérieuse société...

Total Recall est d'abord le fruit d'une rencontre : Arnold Schwarzenegger  star du cinéma d'action bodybuildée au faîte de la reconnaissance publique, et de Paul Verhoeven  réalisateur au goût prononcé de la provocation et de la violence débridée au service d'une critique acerbe et cynique contre l'administration Américaine, et d'un divertissement presque sans limites qui joue avec les limites de la censure. Il s'agit aussi de l'adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick avec l'un de ses thèmes favoris : la schizophrénie où se traduit une frontière ténue entre rêve et réalité.

Dès le générique le ton est donné, lettres noires sur ligne rouge, la musique de Jerry Goldmisthaccompagnée des percussions de Conan le barbare, nous voilà propulsé sur Mars. Le spectateur impuissant assiste à l'une des plus évocatrices scène de suffocation du cinéma.

Paul Verhoeven a su parfaitement retranscrire, les doutes qui assaillaient Philip K. Dick, à propos de la réalité. Le long-métrage explore les voies du paradoxe entre la réalité & le rêve et ne nous propose aucune solution. Où commence le rêve ou s’arrête la réalité ?! Le film est-il bien un rêve ou la réalité ?! Le rêve aurait bien été implanté dans la tête de Quaid, mais ce dernier refusant de prendre la pilule rouge, continue de vivre son fantasme jusqu'au bout ?!

La schizophrénie est un des thèmes récurent dans l’œuvre du romancier, le dédoublement de personnalité, est bien évidemment au cœur de Total Recall, à la fois psychologique : Doug Quaid l'humaniste, l'ouvrier de chantier qui se rêve de devenir "agent secret", face à son double Hausser, le manipulateur, le salaud associé de Cohaagen. La carrure monolithique d'Arnold Schwarzenegger aide parfaitement cette dualité et ses mises en situation, tantôt paumé idéaliste, salaud ou un "James Bond", écrasant ses adversaires sur son passage, à l'aide de ses gadgets. Le long-métrage de Paul Verhoeven joue donc sur les faux-semblants, dans cette quête de personnalité, Douglas Quaid la créature de Hausser, peut-elle s'affranchir de son créateur ?


La schizophrénie est également physique comme Kuato, chef de la rébellion Martienne, vivant dans les entrailles d'un hôte humain. Autres cas de trompe l’œil visible, cette femme dont la tête s'ouvre pour révéler notre héros, ou encore ce chauffeur de taxi cachant sa mutation avec sa fausse main. La réalité est faussée sur Mars plus particulièrement à Venus-ville, endroit où vive les mutants, être perçu comme des monstres au yeux de la population locale, ces créatures sont victimes, du véritable monstre de la planète rouge : Cohaagen. Véritable dictateur qui cache le salut de tous, pour préserver ses intérêts personnels, comme souvent dans son cinéma le cinéaste Hollandais, en profite pour formuler une critique acerbe et cynique, de la société Américaine et de son administration. La société de l'homme d'affaire, détient le monopole de l'air, charge évidente, aux sociétés internationales tentaculaires, déshumanisées détenant le monopole des ressources.

Le génie de la mise en scène de Paul Verhoeven réside dans cette ambiance onirique qui laisse encore planer le doute, vision après vision. Nous retrouvons le goût prononcé du cinéaste pour la provocation et de la violence débridée, jouant ainsi avec les limites de la censure. Total Recall n'échappe pas à cette règle. La violence est graphique, le sang coulant souvent à flot, avec des dommages collatéraux.


La réalisation de Total Recall est bien découpé, avec une alternance bien dosée entre les scènes d'action qui défouraillent et d'autres plus calmes. Il est difficile de s'ennuyer, et il y a beaucoup de séquence jouissives telles que la découverte des gadgets de l'agent-secret puis leur utilisation, et la manière dont Doug Quaid expédie ses soit-disant amis en enfer !. Les civils s'en prennent plein la figure, victimes de tirs croisés - Alors que d'habitude ils évitent miraculeusement les balles. Pour le montage, l'action est toujours très lisible on ne s’ennuie jamais. Puis il y a aussi des punchlines gratinées : "Mais nous sommes mariés" ... Bang .... "Je demande le divorce !". Et le langage à deux niveaux (exemple : Le plan qui fait suite à la première scène torride, avec le mixeur à milshake), qui apportent un second degré bienvenu et ajoutent au plaisir (coupable ?).

Effet-spéciaux et maquillage, réalisé par Rob Bottin.

Les effets-visuels à l'ancienne utilisent des maquettes, du maquillage comme la devenue culte, femme à trois seins. Ceux-ci n'ont pas trop vieilli. Total Recall est certainement un des derniers films d'une espèce révolue de Blockbuster aux effets-spéciaux manuels, nous sommes en 1990, Terminator II : Le Jugement Dernier & Jurassic Park sonnent l’ère du numérique. Le level-design accentue ce côté de bric et de broc de la colonie Martienne, construite par ses ouvriers colons, avec la poussière et la crasse, dans des galeries ou l'air se raréfiePaul Verhoeven nous livre donc une vision de Mars plutôt crédible, terre de colonisation aride aux couleurs ocres qui n’est pas sans rappeler les étendues désertiques des westerns, nimbée d’une atmosphère rouge.

Le sang qui gicle, les os qui craquent, les corps qui explosent, les punchlines second degré qui fusent, il n’y a aucun doute, nous sommes bien dans un film de Paul Verhoeven, le troublions anti-politiquement correct du cinéma qui a su également s’entourer pour l’occasion, du casting "idéal".

Outre un Schwarzy excellent en héros humaniste à double visage. Nous retrouvons, Sharon Stone en ravissante petite garce faussement candide, la comédienne reste crédible pour ses scènes de combat grâce au montage. Michael Ironside impérial comme souvent dans un rôle de bad-guy énervé, voir déjanté qui lui va comme un gant. Et Ronny Cox (RoboCop) interprète l'homme d'affaire corrompu Cohaagen.

Cette adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick cache sous ses airs de Blockbuster violent une œuvre à double identité, à la fois un divertissement impressionnant et profondément intelligent. Total Recall de Paul Verhoeven sonne hélas le glas d'une époque, avec des effets-spéciaux à l'ancienne, et une violence graphique que l'on voit peu de nos jours ! Un film phare de Science-Fiction aux apparences trompeuses, entre rêve & réalité...

Affiche hommage designer par Tyler Stout
      

mercredi 4 juillet 2012

Last Action Hero (1993)


Échec au Box-office Américain, Last Action Hero est sorti à la même période que Jurassic Park de Steven Spielberg. Le long-métrage de John McTiernan, écrit par Shane Black - scénariste de L'Arme Fatale & réalisateur d'Iron Man 3 - est un véritable hommage ou une critique aux Actionners et buddy-movie des années eighties ?!

Le jeune Danny Madigan passe ses journées dans une salle de cinéma, séchant ainsi la plupart de ses cours. Son ami, vieux projectionniste, lui donne un ticket magique ayant appartenu au grand magicien Houdini. Lors de la projection du nouveau film Jack Slater IV, le garçon se retrouve alors projeté dans le monde de son héros imaginaire...

Last Action Hero est méta-film, confrontant deux visions : La perception du héros invincible d'Actionners, évoluant dans un monde illusoire où les femmes sont toutes plantureuses, faisant des cascades improbables, éliminant des ennemis par centaines avec des flingues contenant des balles illimités, où le héros ne meurt "jamais". Un univers utopique, ou le bien en sort toujours vainqueur de toutes les situations, car au final, il est invincible, incorruptible et important… Le gentil, ne prononce "jamais" de gros mot.


A coté de ça le monde réel, ou la perception de la réalité est moins idéales que les fictions imaginés par les scénaristes d'Hollywood, ou les spectateurs, sont friands de ce genre violents, à base de clichés caricaturaux finalement ... Non, la vie ordinaire est tout autre, avec sa violence urbaine, et l'individualisme régnant, comme le cite Frank : " Y'a pire que le cinéma vous savez : Les hommes politiques, les conflits, les incendies de forêts, les famines, la peste, la douleur, les maladies, les verrues, les hommes politiques".

Comme dirait Jack Slater : "Le monde est tel qu'on le fabrique"


Last Action Hero est aussi en filigrane un portrait d'Arnold Schwarzenegger à cette période de sa carrière, où il culminait les sommets, portant ici une capacité à s'auto-caricaturer réjouissante au possible, entre l'inévitable "I'll be back", ses erreurs à prononcer son propre nom "Arnold Albertschweitzer". Sa propre condition d'action-hero est aussi interrogée, sous les traits de Jack Slater, l'autrichien semble vouloir clore ce qu'il lui a toujours réussi. Schwarzy s'auto-critique sur sa carrière de businessman, à propos de ses activités extra-cinématographiques du moment (Planet Hollywood et salles de sport).

Est-ce que son présumé rival, Sylvester Stallone, aurait pu en faire autant ? Pas certain, au point qu'il faudra attendre Rocky Balboa pour y voir un état de conscience.

De nombreux clins d'oeil au cinéma dans
Last Action Hero.

John McTiernan réalise une démystification intelligente des Actionners blockbuster Hollywoodien. Les séquences d'actions sont bien réalisés, lisibles. Last Action Hero possède un côté cartoon, avec de nombreux clins d'oeil aux dessins animés du Studio Warner comme la société ACME, célèbre pour ses dynamites.

Shane Black, scénariste de l'Arme Fatale, écrit ici ses meilleures lignes de dialogues possédant des punchlines définitivement cultes aujourd'hui pour de nombreux spectateurs. La première partie est un véritable Buddy Movie survolté, le duo Jack Slater / Danny Madigan, rappelant son gros premier succès.

Schwarzy interprète certainement un des meilleurs rôles de sa carrière, ce héros imaginaire attachant, Jack Slater, surhomme de film d'action ultime entamant sa quatrième adaptations au cinéma.


La photographie de Dean Semler, est travaillé alternant les nuances, entre des couleurs chaudes pour le monde imaginaire, et des teintes sombres pour la réalité.

Last Action Hero, possède tout le long des aventures de Jack Slater de nombreuses références de grands classiques : Amadeus de Milos Forman avec F. Murray Abraham dans le rôle de "celui qui a tué Mozart", ou encore Hamlet de Laurence Olivier en version hardboiled et Le septième sceau d'Ingmar Bergman avec Max Von Sidow dans le rôle principal, ou la Mort interprété par Bengt Ekerot est ici joué par Ian McKellen

Le cinema populaires est représenté avec L'Arme Fatale, E.T. où encore une auto-référence du cinéaste à Die Hard. De nombreux cameos et guests-stars apparaissent à l'écran : Robert Patrick, Tina Turner, James Belushi partenaire de Schwarzy dans Double détente, Jean-Claude Vandamme, F. Murray Abraham & Sylvester Stallone dans le rôle de Terminator 2 : Le Jugement Dernier.


Last Action Hero est un long-métrage original. John McTiernan réalise un hommage intelligent du cinéma d'action des années 80, pour le plus grand plaisir des spectateurs, amateur du genre, ayant grandi avec les Actionners, une époque ou l'on ne cherchait pas le réalisme à tout prix, notre imaginaire sachant parfaitement faire la part des choses. Bref à voir ou à revoir sans modération, en écoutant Big gun d'AC/DC à fond la caisse. Foi de Jack Slater !