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lundi 28 mars 2016

Batman V Superman : L'Aube de la Justice - Version Cinéma (2016)

"Le plus grand combat de gladiateurs du monde." Suite au succès inattendu en 2012 d'Avengers chez Marvel Studio & Walt Disney Company, conclusion du Marvel Cinematic Phase I. Leurs principaux concurrent D.C Comics & Warner Bros rentrent alors dans la course des univers étendus au cinéma, ne préférant pas repartir à zéro une énième fois, le studio prend comme postulat de départ Man Of Steel comme pierre angulaire de son DC Extended Universe.

L'idée d'un long-métrage réunissant Batman & Superman sur grand écran ne date d'aujourd'hui. En effet, à l'aube du XXIème siècle le cinéaste Wolfgang Petersen devait mettre en image un projet autour de cette fameuse confrontation. L'intrigue est écrite par Andrew Kevin Walker, scénariste de Seven, mais ce duel est rapidement mis à l'écart dès l'annonce de la mise en chantier de Batman Begins devenant un grand succès commercial et de Superman Returns malheureusement considéré comme un échec commercial par Warner Bros.

En 2013, peu avant la sortie de Man Of Steel. Henry Cavill avoue dans un entretien qu'il aimerait voir Batman combattre Superman le temps d'une scène. Toujours lors de la promotion, Warner Bros annonce déjà une suite toujours mise en scène par Zack Snyder. Ce projet est au départ présenté comme Man of Steel 2 avec une date de sortie prévue dès 2014. Cependant Christopher Nolan, producteur des nouvelles aventures sur L'Homme d'Acier, n'est pas présent sur ce futur opus, trop occupé par Interstellar… Mais un séisme secoue le studio quelques jours seulement après l'apparition dans les salles obscures de Man Of SteelJeff Robinov connu pour ses nombreux coups de sangs et ses déclarations sans langue de bois, quitte officiellement Warner Bros Pictures. Poussé vers la sortie par sa direction à causes des relations compliquées avec Thomas Tull, président de Legendary Pictures, qui co-produit l'ensemble des films liés à D.C Comics. Le géant du cinéma Hollywoodien choisi comme remplaçant Kevin Tsujihara. Les actionnaires du groupe veulent une personne beaucoup plus concerné par les adaptations de comics-book à l'écran, l'ancien CEO étant connu également pour ne pas être le producteur le plus passionné par le genre super-héroïque... 

Batman Vs Superman apparait sur une affiche 
dans Je suis une Légende  en 2007.

Ces deux sociétés sont historiquement liés en matière d'adaptations pour les œuvres de D.C Comics - Legendary Pictures a financé 50% de la trilogie Batman de Christopher Nolan ainsi que 50% de Man Of Steel récoltant ainsi 50% des bénéfices réalisés par chacune de ces oeuvres. Les deux studios se sépare suite à une décision de Kevin Tsujihara, nouveau CEO de Warner Bros Pictures. Le remplaçant de Jeff Robinov souhaite en effet récolter 100% du fruit de ses productions, afin de mieux rentabiliser l'exploitation du futur  DC Extended Universe. Pour mieux expliquer cette décision : La major Hollywoodienne ne possède plus de poule au œuf d'or depuis la disparition de la saga Harry Potter et compte faire de sa nouvelle épopée une source de milliards de dollars, sur le modèle de Walt Disney Studio & Marvel Studios.



Suite à des désaccord pécuniaires entre le nouveau président Kevin Tsujihara, et Legendary Pictures, les deux sociétés de productions décident de mettre un terme à leur collaboration qui a durée huit longues années. Warner Bros n'a pas mis longtemps à trouver un nouveau partenaire puisque l'entreprise fondée par les frères Warner signe un accord avec Dune Entertainment. On peut dire que la société qui a produit Avatar, X-Men : Le Commencement, Wolverine : Le Combat de l'Immortel ou encore X-Men : Days of Future Past a décidé de mettre les petits plats dans les grands puisqu'elle offre la somme de quatre cents millions de dollars à la major Hollywoodienne. Et contrairement, à Legendary Pictures, cette société ne sera pas regardant sur les projets de long-métrage dans lesquels cette somme sera dépensé.

Une bonne opération pour Warner Bros en somme qui a déjà commencé à utiliser ces fonds pour la production de Man of Steel 2.


La présence de Batman est annoncée officiellement au Comic-Con San Diego en juillet 2013, lors du Panel Warner Bros. Zack Snyder se tient alors devant un par-terre de journalistes et de fans, invite le comédien Henry Lennix (le Général Swanwick dans Man Of Steel) à réciter un célèbre passage de Batman: Dark Knight Returns de Frank Miller.

"Je veux que tu te souviennes, Clark... Pour toutes les années à venir... Dans tes moments les plus intimes... Je veux que tu te souviennes de mes mains serrant ta gorge. Je veux que tu te souviennes du seul homme à t'avoir battu".


Un logo mêlant les symboles de Batman & Superman apparaît alors à sur le grand-écran de la salle de conférence, officialisant ainsi ce long-métrage : Batman Vs Superman.

Toujours au Comic-Con, David S. Goyer scénariste sur la trilogie Batman & Man Of Steel  est invité lors du Panel "Superman : 75th Anniversary Celebration". Il accepte alors de répondre à certaines questions concernant le futur Batman Vs Superman, tout juste annoncé.

La production semble vouloir mettre l’accent sur l’opposition entre les deux héros. Concernant la "polémique" autour du côté trop destructeur de Superman dans
Man Of Steel, le scénariste explique que "Superman n’a pas été réinventé depuis les films de Richard Donner". Ajoutant à cela que "Superman n’est pas encore bien formé dans Man Of Steel  et qu’il devra faire face aux répercussions de ses actes".


Frank Miller, très agréablement surpris par cette annonce, et ce cadeau de Zack Snyder. Les deux hommes se rencontrent dans les jours qui suivent la convention Américaine pour s'entretenir du futur projet à venir. Même si l'implication de l'artiste dans Batman Vs Superman peut se révéler minime, c'est tout de même une bonne nouvelle pour les amoureux du personnage de Batman, l'auteur est considéré comme l'un de ses architectes grâce à des œuvres comme Batman : Year One ou encore Batman : The Dark Knight Returns.


Pour l'intrigue principale plusieurs pistes sont rapidement évoquées, comme une association entre Lex Luthor & Le Joker. En Octobre 2013, le président de Warner Bros, Kevin Tsujihara, veut à tout prix que Wonder Woman apparaisse à l'écran. Lors d'une entrevue avec  le magazine Variety, Greg Silverman apporte sa pierre à l'édifice en précisant sur le personnage : "Wonder Woman est un personnage incroyable. Je pense que c'est une grande opportunité d'avoir un blockbuster mais aussi d'avoir un incroyable super-héros féminin sur les écrans". Quand le journaliste lui demande si la puissante amazone peut faire une apparition dans ce futur Batman Vs Superman de Zack Snyder : "Nous en parlons très sérieusement et nous essayons de prévoir les meilleurs histoires pour respecter au maximum ces personnages. Donc toutes les rumeurs sont des choses auxquelles nous avons déjà pensé."


David S. Goyer bénéficie d'un soutien de poids à l'écriture avec à ses coté Chris Terrio, oscarisé pour le meilleur scénario avec Argo. Cette plume vient apporter son expérience et son talent. Les deux écrivains hésite à incorporer Le Joker & l'Homme Mystère (Le Sphinx) dans Batman V Superman : L'Aube de la Justice. Dans une entretien accordé à ColliderZack Snyder a en effet révélé qu'il avait songé à inclure ces deux adversaires iconiques du Caped-Crusader : "Chris Terrio et moi en avons beaucoup parlé et nous avons eu le sentiment que leur présence mythologique est ressentie dans le long métrage. Mais je ne voulais pas trop perdre le ballon des yeux car j'avais besoin de passer du temps, franchement, avec Batman et Superman pour comprendre leur conflit."

Également lors d'une entrevue avec le magazine ForbesZack Snyder revient sur la genèse du projet et notamment l'arrivée du Chevalier Noir dans la suite de Man Of Steel :


"Je dois être honnête, c'était vraiment quelque chose... Après la fin de Man Of Steel,  nous avons commencé à parler du prochain film et j'ai subtilement mentionné que ce serait cool de voir Superman affronter Batman. Lors d'une première réunion, j'ai glissé un "Peut-être Batman?" et nous pensions, à la fin d'un deuxième film, faire une scène dans laquelle de la Kryptonite est livrée chez Bruce Wayne ou quelque chose de similaire. Et que ce soit, d'une façon un peu cryptique, la première fois qu'on le voit. Nous avons donc fait une réunion scénaristique pour parler de qui devrait combattre Superman après avoir affronté Zod sur Terre, un alien de sa planète et possédant une force équivalente... Qui Superman peut bien combattre après ça? Le problème, c'est qu'une fois l'idée de Batman venue, c'est difficile de penser à autre chose, non ? On s'est alors dit "pourquoi pas Batman ? C'est une bonne idée. Qui d'autre sinon ?" Que dire ? Après, je ne dis pas que j'ai choisi de réaliser Man Of Steel pour secrètement ramener Batman sur le tapis. Je pense que c'est après avoir réfléchi à qui pouvait combattre Superman que Batman est arrivé sur le tableau."

Le 21 Mai 2014 le studio Hollywoodien lève le voile officiellement sur le titre : 
Batman Vs Superman : L'Aube de la Justice.

 Ben "Bat" AffleckZack Snyder 
Pour la nouvelle incarnation de Bruce Wayne à l'écran, une série de casting est lancé sur la côte Ouest, plusieurs noms sont évoqués : Orlando Bloom, Jeffrey Dean Morgan, Ryan Gosling, Josh Brolin… Quant à Tyler Hoechlin (Teen Wolf, Castle, 7 à la maison...), le comédien doit passer un screen-test pendant quelques jours aux côtés d'Henry Cavill, malheureusement pour lui, il est rapidement écarté par la production en raison de son trop jeune âge. En Août 2013, la surprise vient de Greg Silverman & Sue Kroll, têtes pensantes chez Warner Bros. Pictures. Via un communiqué de presse officiel le studio se réjouit de la présence de Ben Affleck qui avec l'aide de Zack Snyder à la réalisation repensera entièrement le rôle de Bruce Wayne, une certaine manière de se détacher des précédentes adaptations "Noliennes" du Dark Knight. Quelques mois après cette annonce l'acteur revient sur sa première réaction lorsque ce fameux rôle lui a été proposé : "À la base, j'étais vraiment réticent car je ne pensais pas rentrer dans le moule mais une fois que Zack m'a montré le concept et m'a expliqué que son film serait différent de ceux de Christopher Nolan & de Christian Bale tout en gardant quelque chose de traditionnel, j'ai été séduit. Faire quelque chose de différent et nouveau est assez risqué et c'est ce qui rajoute toute l'excitation liée à ce projet. La vérité, c'est qu'un film et sa réalisation sont les éléments sur lesquels se reposent les acteurs et je crois en la vision de Zack."

Suite à cette annonce, internet s'enflamme - comme d'habitude - reprochant à Ben Affleck sa participation sur DareDevil, Greg Silverman réagit suite à cette polémique :

"Quand nous avons fait ce choix, nous avions plus de cartes en main que le public. Nous savions dans quelle direction le film allait, et nous savions de quelle façon le personnage évoluerait. La décision n'a pas été prise à la légère. Nous avons envisagé beaucoup de monde, des acteurs méconnus aux acteurs les plus célèbres. Et Ben est le comédien parfait pour ce rôle."

Qui pour revêtir l'armure de Wonder Woman ?! Olga Kurylenko (James Bond : Quantum of Solace) fait des essaies pour le rôle, la comédienne ne vient pas seule pour passer ces auditions. En effet Warner Bros a sélectionné trois actrices pour jouer la guerrière amazone. Ses deux autres concurrentes sont habituées aux rôles musclés puisqu'il s'agit de Gal Gadot de Fast and Furious (elle y campe Giselle Harabo) et de la Française Elodie Yung vue dans G.I. Joe 2 : Conspiration

En Décembre 2013, le studio officialise la venue de la comédienne Gal Gadot. Connue pour comme Miss Israël 2004 et passionnée de moto. Elle a été entraineur sportif au sein de l'armée Israélienne.

En guise de félicitations, Zack Snyder se fend d'un court communiqué.

"Wonder Woman est sans aucun doute l'un des plus puissant personnage féminin de tout les temps, et une des héroïne favorite de l'univers DC. Gal n'est pas qu'une actrice extraordinaire, mais elle a aussi cette qualité magique qui la rend parfaite pour le rôle. Nous sommes impatients que le public découvre Gal dans la première incarnation cinématographique de ce personnage populaire."


En Janvier 2014, Warner Bros annonce un report d'un an de Batman V Superman : L'Aube de la Justice avec une sortie pour le printemps 2016. La raison invoquée est que la production a besoin de plus de temps pour "réaliser pleinement la vision qu'ils ont du film". 


Craignant que Superman n'abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l'affronter : le monde a-t-il davantage besoin d'un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d'un justicier à la force redoutable mais d'origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l'horizon…

La nouvelle incursion de Zack Snyder dans le DC Extended Universe s'ouvre sur l'assassinat des parents de Bruce Wayne, passage mythologique obligatoire sur le personnage de Batman. D'ailleurs jusqu’à maintenant, cette scène pivot a toujours été plus ou moins mal traitée dans les différents long-métrage autour du Caped-Crusader. Cet élément déclencheur revient dans la plupart des arcs majeurs en format papier, sous différentes formes. 

Pourquoi nous offrir à nouveau une énième version ?! Si l'on enlève ce traumatisme Batman n'existe tout simplement pas, fin de l'histoire !. C'est  un passage obligé et nécessaire pour une bonne adaptation du Chevalier Noir.

Zack Snyder rend hommage à The Dark Knight Returns de Frank Miller en l'adaptant très librement, le cinéaste trahit l'essence même de l’œuvre dans laquelle l'auteur du comics-book signe une critique acerbe des États-Unis et des médias. Dans la bande-dessinée ce héros de l'âge d'or est un outil du gouvernement, un toutou du président. On comprend rapidement que pour continuer leur exercice, les héros ont dû se soumettre aux autorités ou prendre leur retraite (Une idée reprise bien plus tard pour le fameux Civil War de Marvel Comics). L'Homme d'Acier s'affiche comme un play-boy obéissant docilement. Quand Batman menace l'équilibre de la nation, c'est naturellement Superman qu'on envoie. Avec l'aide de Green Arrow, le Caped-Crusader s'y oppose… Et va mettre au héros de Metropolis la plus cuisante des corrections. Frank Miller porte sa destruction du mythe jusqu'à ce moment précis où l'homme bat "le Dieu", où Batman a ses mains autour de la gorge de Superman. Après cette confrontation épique, rien dans l'univers du comics-book Américain ne sera plus jamais pareil...  

Or dans Batman V Superman : L'Aube de la Justice, le Caped-Crusader est violent et sombre, le spectateur à l'impression qu'il est "l'ennemi". Quant à Superman, l'Homme d'Acier est traité tel un Dieu, devenant à la fin un symbole défunt de la bannière étoilée.


Mais le réalisateur réussi à rebondir et à construire son intrigue sur la base de ce que les amateurs de comics-book avaient reproché à son Man Of Steel : La destruction de Métropolis et l'impact sur la population. 

Batman V Superman : L'Aube de la Justice est une œuvre réellement mature et complexe, profondément Nietzchéenne. Le combat sans commune mesure opposant Superman à Zod, accessoirement la première épreuve de Kal-El vis-à-vis de sa ville Metropolis, n'a pas permis à ses citoyens de se sentir en sécurité. Pire que cela, une psychose s'est progressivement installée quant aux pouvoirs démesurés de leur soi-disant protecteur, se questionnant ainsi sur le bien fondé de ses actes. Figure représentative de cette pensée, quoique toujours anonyme, opérant dans l'ombre et privilégiant la peur, les motivations d'un Bruce Wayne / Batman haineux à cause des pertes humaines chez Wayne Entreprises, notre héros doit forcément se remettre en question face à l'arrivée d'une menace tel que Superman, le gouvernement Américain veut que l'Homme d'Acier rende des comptes au peuple, et en parallèle Lex Luthor mégalomane souffrant d'un méchant complexe d'infériorité qui va tout mettre en œuvre pour faire tomber ces deux idoles populaires.

À travers l’implacable confrontation entre deux héros que tout oppose, le cinéaste explore la problématique du surhomme, la question du dépassement de soi, tout en auscultant de grandes questions politiques. Son long-métrage ne se contente ainsi pas de décalquer bêtement les images du 11 Septembre inscrites dans notre inconscient collectif… Non Zack Snyder les met en perspective et interroge le spectateur sur leurs conséquences. Ces super-héros ne sont pas des post-adolescents, à la blague facile, mais des êtres exceptionnels, croulant sous les questionnements, les incertitudes, l'obligation morale de tenir bon. Loin des tourments artificiels de Christopher Nolan  le réalisateur ramène ses personnages à leur dimension mythique, entre Olympe et Walhalla.

"Noir et bleu. Dieu contre l'Homme, le Jour contre la Nuit !"


Kal-El reste dans la continuité logique de Man Of Steel même si on ressent que Zack Snyder préfère nettement s'intéresser à son Chevalier Noir. Cela dit, toutes les thématiques qui tournent autour de Superman élèvent quand même Batman V Superman : L'Aube de la Justice au dessus de n'importe quel Marvel Studio, avec des enjeux et des questionnements philosophiques et mythologiques sur ce que représente les super-héros aujourd’hui et non pas à leur création dans les années 40. L'antagonisme mis en valeur entre les deux héros apporte son lot de stratagèmes scénaristiques que le cinéaste applique astucieusement. En effet, le public sait déjà à qui s'identifier et la profondeur du personnage de Batman, indéniable point fort ici, va jusqu'à enrichir les fondements du personnage de Superman, pour finalement évoquer un questionnement pertinent sur la notion de justice et de religion, qui n'est pas sans rappeler les thématiques de Watchmen - Les Gardiens. Un antagonisme qui remanie et revalorise donc la quête d'identité de l'Homme d'Acier pour le remettre face à ses finalités de protecteur sacré, un antagonisme qui rend ses deux parti finalement complémentaires. C'est L'Aube de la Justice face au mal ; ce dernier incarné par un Lex Luthor pernicieux, spasmophile et calculateur.

Zack Snyder essaie d'approfondir quelques pistes de réflexions sur la place du super-héros et toute les conséquences que cela implique dans notre société. Batman V Superman : L'Aube de la Justice est une grande fresque dramatique sur l'éternel combat entre l'homme et Dieu. Qui est le plus fort ? Qui mérite de régner sur l'humanité ? A quel prix ? De quoi faire réfléchir…


La plus grande réussite du film, c'est le choix de Ben Affleck. Il est Batman, Il est Bruce Wayne, y'a pas à débattre, c'est la meilleure incarnation qu'on ai vu au cinéma, et même si Zack Snyder se permet quelques libertés (et encore), sa vision reste respectueuse du personnage et des différentes facettes qu'il a pu avoir dans certains classiques des comics-books (The Dark Knight Returns forcément, mais aussi The Killing Joke et plein d'autres références bienvenues). Le Chevalier Noir est présenté comme un vétéran qui a combattu le crime depuis vingts années déjà et qui est prêt à tout pour arriver à ses fins. Cet extrémisme ne sera pas toujours du goût de Superman. Si le manoir Wayne est toujours présent, Bruce Wayne vit dans un cottage très moderne près d'un lac. Évidemment, il y a la Batcave sous sa maison et celle-ci contient tous les gadgets classiques de notre héros dont sa Batmobile et son Batwing. L'interprétation de Jeremy Irons en Alfred Pennyworth, nous change du majordome qu'on a toujours vu dans les autres adaptations. Son positionnement par rapport à la radicalité nouvelle de son "maître" est très pertinente et renvoie d'office dans les cordes ceux qui trouvent que ce Batman est trop extrême et même meurtrier.

Clin d'oeil évident à Un Deuil dans la Famille.

Comme des hommages dédiés aux plus grands artistes du Chevalier NoirZack Snyder veut lui aussi apporter sa pierre à l'édifice, privilégiant l'abord furtif de certaines grandes phases du passé douloureux du personnage, pour remettre en question certains de ses grands principes. Il en résulte un parti-pris fort audacieux de la part du cinéaste mais qui suscitera hélas la désapprobation d'une bonne partie du public.

Lorsque Bruce Wayne se remémore le douloureux événement de Crime Alley, les cinéphiles les plus aguerris remarqueront l'affiche du Signe de Zorro de 1940 avec Tyrone Power.

Après les différentes bande annonce de nombreuses personnes avaient peur de Lex Luthor et de son traitement "over the top". Le milliardaire "geek" est pourtant dans l'air du temps. Les génies actuels ne sont plus des playboys aux corps de demi-dieux, mais des nerds qui ont débuté dans leur chambre à la fac ou leur garage. Ce changement est bienvenu pour donner une nouvelle jeunesse au personnage et s'éloigner des interprétations antérieurs, même si Jesse Eisenberg cabotine un peu trop à mon goût. Quand on en vient à la conclusion que son meilleur traitement au final, est celui de la série télévisée Smallville, c'est que les différents scénaristes n'arrivent définitivement pas à écrire correctement le Némésis de Superman au cinéma alors que Lex Luthor a des facettes très intéressantes dans les comics-books, il devient même Président des États-Unis.

Zack Snyder meurtrie le petit coeur des amateurs du comics-books en faisant disparaître l'un des personnages de la mythologie Superman, Jimmy Olsen. Son apparition reste fugace, et son destin malheureusement, funeste. En effet, lors de la première véritable ouverture de Batman V Superman : L'Aube de la Justice - Le générique et la scène d'introduction étant des flashbacks - le spectateur découvre Lois Lane dans le camp d'un chef de guerre Africain. La journaliste est accompagnée d'un photographe un peu rouquin, qui se révèle être un agent de la CIA, qui n'est autre que... Jimmy Olsen, un immense protagoniste tiré de la bande-dessinée Superman (notamment parce qu'il est son meilleur ami et son collègue), doublé d'une affection particulière de la part des fans de l'Homme d'Acier. Nous n'aurions jamais repéré son apparition sans épier le générique, qui précise que le comédien Michael Cassidy interprète le célèbre photographe du Daily-Planet.



L'un des buts premier de Batman V Superman : L'Aube de la Justice est l'introduction de la future Justice League of America au cinéma. Un Flash venu du futur apparait dans ce "rêve" post apocalyptique de Bruce Wayne, qui n'en est finalement pas un. Et cite directement le crossover essentiel de D.C Comics, Crisis on Infinite Earths.

Le Multivers D.C est le nom de l'ensemble des Terres parallèles de l'univers de D.C Comics. À l'issue de Crisis on Infinite Earths, de Marv Wolfman & George Pérez, le multivers est censé avoir été détruit, les cinq dernières Terres ayant été fusionnées en une seule et unique planète. Par exemple connaissez-vous Terre-III ? Il s'agit d'une des premières Terres parallèles visitées par nos héros, après la découverte de Terre-II dans Flash de Deux Mondes de Gardner Fox. Officiellement, elle fut effacée de la continuité durant Crisis of Infinite Earths, mais officieusement, cette planète a depuis été réutilisée dans certaines adaptations, et comme de toute façon Terre-II est récemment réapparue, peut-être que Terre-III aussi. Sa particularité : Il s'agit de la Terre des contraires, celle où Bruce Wayne, Clark Kent, Diana Prince, ou Barry Allen sont des criminels, et où les espoirs de l'Humanité résident en Lex Luthor, et un mystérieux héros - défiguré par un bain d'acide - nommé Red Hood. Dans Flashpoint, Bruce Wayne a été tué par Joe Chill alors qu'il sortait du cinéma avec ses parents, poussant son père Thomas à prendre le masque pour combattre les criminels, et plongeant sa mère Martha dans les méandres de la folie psychopathe. Dans Planetary, les personnages voyagent à travers les dimensions, découvrant un Batman assassinant froidement ses adversaires avec une arme à feu.

Où est-ce que je veux en venir ? C'est pourtant simple : Les adaptations cinématographiques de comics-book ne sont pas cohérentes vis-à-vis de ses fameuses bandes-dessinées… Puisque les comics-book eux-mêmes ne sont pas cohérents vis-à-vis des comics-book. Quelques choses de normal pour une industrie presque vieille d'un siècle !


Une hallucination opportune ou flash forward ?! Seul l'avenir du DC Extended Universe nous le dira… Dans tous les cas, c'est un effet d'annonce lié à Flash, ce super-héros peut courir suffisamment rapidement pour plier l'espace-temps et faire des sauts dans le passé. Cela coïncide également avec la vision du futur qu'a Batman où l'on voit les Paradémons (les êtres ailés) et le gigantesque sigle de Darkseid, l'Oméga… Sans oublier que Superman semble possédé par ce dernier. Ce Dieu est l'un des personnages les plus puissants du Multivers D.C Comics, pouvant contrôler les esprits, même celui de l'Homme d'Acier.
Disponible chez
Urban Comics.

Le tableau de Lex Luthor fait référence à Darkseid. Le seigneur de la guerre vivant sur la planète Apokolyps. Les fameux Paradémons que l'on voit dans le rêve de Bruce Wayne font partie de son armée… Ce Dieu est un super-vilain appartenant à l'univers de DC Comics. Il a été créé par l'un des maîtres du comics-book Jack Kirby. Ce redoutable ennemi apparait pour la première fois dans Superman's Pal Jimmy Olsen #134 (novembre 1970) mais est surtout l'un des principaux "New Gods". L'auteur ne cherche pas, à l'époque, à intégrer son œuvre à l'univers D.C Comics "classique". Aujourd'hui, le "Quatrième Monde" est un élément incontournable de la mythologie de l'éditeur.

Contrairement à Marvel Studio et ses fameux épilogue à la fin de ses films, Warner Bros prend la sage décision d'intégrer directement des éléments de son futur DC Extended Universe dans Batman V Superman : L'Aube de la Justice. Certains spectateurs ou amateurs de comics-book trouveront qu'à cause de cette méthode, le studio Hollywoodien introduit avec de gros sabot son futur univers étendu… 


Le Diable Doomdays contre le Dieu Superman.
Le dernier acte de Batman V Superman : L'Aube de la Justice est inspiré par le comics-book qui fit couler beaucoup d'encre à l'époque : La Mort de Superman. Les scénaristes offre à Doomdays, monstre à la force hors du commun une nouvelle origin-story, en faisant de Zod son réceptacle. Son design est une création de l'artiste Patrick Tatopoulos.


Pour sa mise en scène, Zack Snyder aidé par les storyboards de Jay Olivia (The Dark Knight Returns partie 1 & Partie 2) revient à un style de réalisation que le cinéaste avait un peu mis de coté pour Man Of Steel.

Le tempo de la première moitié de Batman V Superman : L'Aube de la Justice, est de l'anti Marvel Studio par excellence, on se rapproche beaucoup plus de son travail sur Watchmen - Les Gardiens, les ralentis en prime. Par exemple l'assassinat des parents de Bruce Wayne et leurs enterrements sont un formidable travail de scénographie - La douille de l'arme à feu du tueur descend lentement vers le sol, en parallèle le jeune Bruce Wayne tombe dans une grotte infesté de chauve souris, les images s'entrecroisent… Et une séquences fantastique où l'on revit le combat final de Man Of Steel mais vu des yeux de Bruce Wayne au sol. Superbe inversion de perspective qui rend la chose encore plus démesurée.

Des cadrages très travaillés avec des plans qui se veulent chargé de sens à l'imagerie messianique.


Le dernier acte aurait pu être encore plus impressionnant et moins générique, mais il y a quand même une tripotée de plans qui font briller nos rétines : Superman & Doomsday qui se battent dans l'espace et qui se prenne un missile nucléaire, la manière dont est filmée cette scène c'est du pur comics-book, c'est également ça que le spectateur veut voir. Et de mémoire de cinéphile, on a jamais vu ni Batman, ni Superman aussi bien iconisé à l'écran. Et pour ceux qui ne comprennent pas les idées de montages ! Non, Bruce Wayne / Batman ne se trouve pas à la fois dans deux endroits différents - L'enterrement à Smalville & la cellule de Lex Luthor. 

Clin d'oeil amusant à The Dark Knight Returns, avec l'Homme d'Acier mourant dans l'espace et qui revit grâce à l'énergie solaire suite à l'explosion de l'ogive nucléaire.

 

Zack Snyder ne comblera peut-être pas tous les curieux mais il pourra garder une certaine fierté, celle d'avoir su trouver l'équilibre entre deux personnages mythologique diamétralement opposés, de livrer une relecture du mythe du super-héros à la fois noble, moderne et nostalgique... Il est indéniable que D.C Comics opte pour un cinéma à la fois spectaculaire, divertissant tout en maintenant un esprit retors et obscur.



dimanche 21 février 2016

Deadpool (2016)

Projet de la dernière chance à Hollywood pour Ryan Reynolds. Le comédien canadien s'est battu contre vents et marées pour que les spectateurs puissent en profiter : Après une première apparition désastreuse dans X-Men Origins : Wolverine, l'acteur a voulu proposer une version de Deadpool telle que les amateurs de comics-book le connaissent. Irrévérencieux, outrancier, vulgaire, il n'est clairement pas dans les canons des films Marvel Studio proposés depuis lors.

Ce projet est en développement depuis de nombreuses années. En Mai 2000, Marvel Studio annonce un film Deadpool en partenariat avec Artisan Entertainment,  cela doit être le tout premier long-métrage produit sans l'aide de major. Cependant en 2004, la société change de crémerie en s'alliant avec New Line Cinema. Intrigue scénarisé par David S. Goyer - Auteur de la trilogie Batman de Christopher Nolan - avec dans le rôle principal Ryan Reynolds, mais ce projet d'adaptation est avorté en 2003, à cause de Blade : Trinity. Le scénariste d'X-Men Origins : Wolverine, David Benioff ayant pensé à tout, intègre cette grande gueule dans son récit, car entre temps 20th Century Fox rachète les droits du comics-book à Marvel Entertainment. En Mai 2009, après la sortie de la médiocre aventure du griffu, le studio annonce la mise en chantier de Deadpool. La productrice historique de la saga X-Men Lauren Shuler Donner annonce qu'il s'agit d'un reboot du personnage et qu'il se rapprochera plus de l'esprit du comics-book... De toute manière X-Men : L'Affrontement Final & X-Men Origins : Wolverine, ne font plus partie de la continuité.

En Janvier 2010, 20th Century Fox embauche deux scénaristes, Rhett Reese & Paul Wernick, responsable de Bienvenue à Zombieland. Rapidement une première ébauche du scénario fuit sur internet, les retours des amateurs du comics-book sont assez positifs, le studio débloque alors un petit budget pour des séquences tests. En parallèle Robert Rodriguez reçoit le script mais après plusieurs négociations, le cinéaste refuse de participer à l'aventure. Le nom du clipper Adam Berg est sérieusement évoqué mais finalement en Avril 2011 c'est Tim Miller, spécialiste des effets-spéciaux, qui remporte la mise comme réalisateur du projet Deadpool.

Les fameuses séquences tests crées en 2012 par Blur Studio, avec Ryan Reynold en motion-capture, sont divulguées sur la toile pendant l'été 2014. Devant les nombreux retours enthousiastes de ce mini-clip, 20th Century Fox annonce la mise en chantier immédiate du long-métrage avec comme date de sortie le 12 Février 2016. Entre temps Simon Kinberg confirme que Deadpool fera partie de l'Univers cinématographique X-Men.

Au cours des longues années de développement, Rhett Reese & Paul Wernick ont rédigé d'autres versions, y compris un récit PG-13. L'un des scénaristes estime "environ soixante dix pour cent du projet initial a fini dans le long-métrage". Suite aux nombreuses modifications, la production de Deadpool a dû faire un choix draconien dans les différents adversaires ou alliés de la grande gueule de Marvel Comics à cause de problèmes budgétaires, adieux CannonBall - Rocket en Français - & Garrison Kane d'X-Force. Ce dernier est supprimé à cause de ses armes cybernétique ingérable en C.G.I pour cette petite production.

Initialement un adversaire supplémentaire de taille est également évoqué par la production, il s'agit de Cable - Le fils de Cyclope & de Madelyne Pryor. Son apparition est supprimé, 20th Century Fox préfère réserver ce célèbre mutant pour une suite potentielle.  

Lors du leak sur internet de la fameuse séquence test, bien que le studio a donné son "green light", la major hollywoodienne suspectant son comédien demande donc à Ryan Reynold d'où vient cette fuite. "Je l'aurais fait, si j'avais su qu'il causerait de ça ! … Maintenant, nous sommes arrivés à faire Deadpool. Nous recevons pas le même budget que la plupart des films de super-héros, mais nous faisons ce que l'on souhaite". En parlant d'argent, Rhett Reese déclare même que le projet se retrouve réduit à la dernière minute de sept millions de dollars, forçant ainsi les scénaristes à effectuer de nombreuses réécritures.

L'ancien mercenaire Walde Wilson devient Deadpool à la suite d'une lourde expérience médicale. Doté d'un pouvoir de régénération surhumain et d'un humour noir sans limite, notre super-héros se lance à la poursuite d'Ajax ou de Francis, l'homme qui a détruit sa vie. Dans sa quête de vengeance il sera aidé malgré lui par deux X-Men : Colossus & Negasonic Teenage Warhead.

Après Les Gardiens de la Galaxie de Marvel Studio, voici que la maison des idées nous refait le coup du Walkman, cette petite touche de nostalgie, ode à la hype du héros cool qui met en pièce ses adversaires ou qui embrasse sa dulcinée sous de la musique eighties. C'est d'une originalité… Nouveau poulain pour sa première aventure sur grand écran, Deadpool arrive enfin au cinéma pour casser la baraque avec son Rated.

Depuis plusieurs années maintenant, DC ComicsMarvel Comics se livre un combat sans répit pour goinfrer le spectateur de super-héros. Pour se différencier les deux maisons d'éditions ont choisi d'inscrire leurs productions dans deux tonalités opposées. D'un côté, vous avez le sérieux, le charisme sombre de DC Comics emmené par le duo Christopher Nolan / Zack Snyder, et de l'autre, vous avez l'esprit ricanant de Marvel Comics, un humour auto référencé qui fait fortune au box-office avec le Marvel Cinematic Universe.

Le premier long-métrage de Tim Miller raconte une énième histoire d'origine monotone et sclérosé par l'archétype Marvel Comics. Pour sa première aventure solo au cinéma Deadpool se retrouve aseptisé comme Wolverine. Notre héros est loin de Rorschach de Watchmen - Les Gardiens, de son nihilisme, de cette solitude haineuse, ; Deadpool n'a pas l'humour noir d'un Ben de C'est arrivé près de chez vous ni la folie sanguinaire enfantine d'Hit Girl de Kick Ass, ni l'indépendance geek d'un Scott Pilgrim. Il n'est qu'un simple produit de plus de l'écurie Marvel Comics, un faux antihéros qui rentre dans le rang pour sauver l'humanité.

Deadpool, ou Walde Wilson, est un mercenaire au passé accablant, qui menace des ados pré-pubères, et qui se voit diagnostiquer un cancer et essaye de sauver sa vie grâce à une clinique clandestine mais l'expérience rate et son corps crame.  Sauf qu'il veut se venger et retrouver son apparence d'avant pour reconquérir sa belle. Notre héros est un sociopathe, c'est dommage que Deadpool n'aille pas au bout de son idée, et s'oblige à sortir les violons dans des moments d'émotions dans un long-métrage qui se veut l'inverse. Rire de soi, se désolidariser d'une mouvance ostentatoire, démystifier l'aura pompeuse des super-héros, c'est l'esprit d'un film, qui à travers son personnage est entre deux eaux : Faire un film de super-héros ou ne pas faire un film de super-héros, that is the question ?! Et c'est le souci ici, à l'image de cette romance qui symbolise l'imposture : On passe du god-ceinture potache amusant qui se défait du stéréotype du mâle alpha, aux scènes lacrymales habituelles lors de l'annonce du cancer ou des retrouvailles de fin où le physique ne comptera plus, où l'amour triomphera. Contradiction vous avez dit ?!.

Tout de même, Deadpool a quelques cartes dans sa manche pour plaire, comme son introduction décomplexée et jouissive, où les crédits habituels du générique sont remplacés par des adjectifs comme "crétin", "abruti", "con", "débile"… sous fond d'Angel of the Morning de Juice Newton. N'oublions pas son esprit pop-corn non dissimulé, son côté anti-spectaculaire efficace, mais le long-métrage de Tim Miller ne dépareillera en rien avec l'écriture habituelle du concurrent Marvel Studio, avec ses méchants navrants comme Ajax / Francis interprété par Ed Skrein sosie de Jay Courtney (Terminator Genesys, Die Hard : Belle Journée pour Mourir) avec encore moins de charisme, ses super-héros de pacotille (Colossus et son discours moralisateur sur les super-héros qui ne sert que de runing-gag à la fausse irrévérence de notre héros), ses personnages secondaires qui ne servent de faire valoir humoristique (le néanmoins drôle taxi indien), cette mise en scène qui manque clairement de souffle et sa photographie d'une laideur low cost assez confondante digne d'un Direct-To-video de Steven Seagal.


Quant à l'humour, il faut l'avouer ce n'est pas très fin, et souvent référentiel (dont une blague sublime sur Gandalf du Seigneur des Anneaux et une séquence de "combat" démembré contre Colossus rappelant Sacrée Graal des Monty Python). Mais ce long-métrage est clairement l'oeuvre que les amateurs du comics-book attendait, les quotas de pulvérisation du quatrième mur, de références, de blagues en tout genres, de sous entendus salaces… Et ce Deadpool ne manque pas d'autocritique sur lui-même "Quoi ?! Que deux X-Men ? On avait pas le budget pour plus ?".



De nombreux clins d'oeil et références à la Pop-Culture sont inclus, voici une petite liste non-exhaustive .

- Avant même que Deadpool ne commence vraiment, on peut voir une image d'un personnage habillé en Green Lantern. À la clinique pour subir sa transformation, Wade Wilson demande qu'on ne lui donne pas un costume de super-héros vert et sans effets spéciaux numérique "Pitié, ne me mettez pas un costume vert… ni en image de synthèse !". Bien évidemment il s'agit d'un clin d'oeil au rôle de Ryan Reynolds dans Green Lantern.

- Walde Wilson tient au début du film, pendant quelques instants, une petit figurine qu'il jette avec un certain désintérêt. Il s'agit de Deadpool lui même mais l'horrible version X-Men Origins : Wolverine. Lors de la conclusion finale, notre héros retire sa cagoule pour montrer son visage à sa douce Vanessa, il porte un masque en papier l'effigie d'Hugh Jackman qui interprète le griffu Wolverine dans saga X-Men.

- Toujours dans la franchise des mutants, lorsque Colossus veut emmener Deadpool au manoir des X-Men pour qu'il voit le Professeur Xavier, notre grande gueule demande "Patrick Stewart ou James McAvoy ? On s'y perd un peu dans leur continuité !" en référence aux deux comédiens qui ont incarné le célèbre chauve de l'univers Marvel Comics.

- Pour les cinéphiles & mélomanes : Après avoir fait un cauchemar, Wade Wilson dit à Vanessa qu'il a rêvé que la fille de Liam Neeson se faisait enlever. Bien sur cela renvoie à la série de film Taken. Quand Deadpool voit pour la première fois Negasonic Teenage Warhead, il compare la jeune fille à la chanteuse Sinéad O'Connor, puis à Ellen Ripley d'Alien 3. Notre héros se mutile la main avec un clin d'oeil à 127 heures. Enfin, lors de la scène post-générique, le psychopathe de Marvel Comics fait une référence au long-métrage La Folle Journée de Ferris Bueller, reprenant le peignoir de Matthew Broderick et le décors, ainsi que les premières phrases de la scène. Ryan Reynolds change cependant légèrement la fin, parlant alors de Samuel L. Jakson dans le rôle de Nick Fury dans le Marvel Cinematic Universe.

- Lors de l'affrontement final contre les mercenaires se déroulant dans l'épave d'un aéroporteur du Shield. Pan de la mythologie Marvel Comics & de Marvel Studio appartenant pourtant à Walt Disney Company. Deadpool tombe sur un de ses anciens amis appelé Bob, clin d'oeil à Bob de l'Hydra. 

Concept-Art de l'aéroporteur du Shield présent dans Deadpool.

Comme dans son propre comics-book, notre héros brise sans cesse le fameux quatrième mur. Deadpool est conscient d'être dans un film et ne cesse de parler face caméra. 

Avec un Ryan Reynolds sans doute dans le rôle de sa vie. Alors en pente descendante à Hollywood, le comédien s'est battu comme un lion pour incarner Deadpool, et il faut dire que si, en temps normal, il ressemble à un blanc-bec, sous le masque du héros, il devient complètement fou. Il y a des personnages tout aussi barrés comme Blind Al, interprétée par Leslie Uggams (Poor Pretty Eddie), sa femme de ménage aveugle dont la passion est de monter des meubles Ikéa ! N'oublions pas la sublime Morena Baccarin (Homeland), en tant que femme de Wade Wildon.

Deux caméos sont visibles lors de la scène dans le club de striptease. Ce bon vieux Stan Lee & Rob Liefeld, co-créateur du personnage.

S'inscrivant dans une veine moins pragmatique et plus humaine du super-héros, qui ne sur-joue jamais le trauma, Deadpool est souvent bourré de surprises, y compris annales, et c'est peut être ce qui manquait aux récents films adapté de comics-book, ce ton sérieux aseptisé. Une franche rigolade, jusqu'au boutiste et finalement, ça fait du bien ! On pourra regretter que le budget réduit emmène le spectateur dans des décors à peau de chagrin (en gros, une casse et un bout d'autoroute), un méchant peu charismatique et inintéressant, une conclusion à contrario de la grande gueule de Marvel Comics… Mais au fond, ça reste une très bonne surprise ! Au faite chère lectrice & lecteur, "tu as quelque chose de coincé entre tes dents !".