lundi 16 juillet 2012

John Carter (2012)

Oeuvre fondatrice de la science-fiction fantasy écrit au début du siècle dernier par  Edgar Rice Burroughs, le célèbre auteur de Tarzan. Une princesse de Mars est le premier roman du cycle de Mars.

Ces ouvrages sont une grande source d'inspiration pour de nombreux auteurs, Arthur C. Clarke (2001, l'odyssée de l'espace), Robert A. Heinlein (Planète rouge) et cinéaste, George Lucas pour Star Wars (Le mythe de la princesse) ou encore récemment, Avatar de James Cameron. Sans oublier, les comics-book & comics-strip avec Superman écrit par Jerry Siegel ou Flash Gordon de Alex Raymond.

Les projets d'adaptations du Cycle de Mars ne date pas d'aujourd'hui. La première tentative date des années 30 chez M.G.M, le réalisateur des Looney ToonsBob Clampett avait réalisé un pilote d'animation en couleur, mais, l'idée fut vite abandonnée, les avis négatifs des exploitants de salle et des projections tests, étouffèrent dans l'oeuf une oeuvre précurseur devant ainsi le premier long-métrage d'animation américain en couleur, devant Blanche neige et les sept nainsLes droits des romans passent entre les mains d'un grand studio Hollywoodien, Walt Disney Company qui planche déjà à une adaptation en 1957, avant un retour dans les années 80, grâce à Jeffrey Kazentberg qui envisage de faire une saga aussi immense que Star Wars, le producteur avait même envisagé comme cinéaste à l'époque : John Mc Tierman (PredatorLast Action Hero), mais le sujet est jugé trop ambitieux et onéreux. A l'aube de l'an 2000, le département animation de la souris, a l'idée d'adapter les romans mais les droits sont alors cédés à Paramount Pictures avec John Favreau (Iron Man), à la tête du long-métrage, la major découragé préfère arrêter la post-production, les droits repartent alors en 2006 chez Walt Disney Company.

Couverture originale du roman
du Cycle de Mars.
Ancien capitaine confédéré de la guerre de sécession, John Carter, amer et dégoûté par la vie. Alors, qu'il explore une caverne, celui-ci se voit propulsé sur Mars. Une fois réveillé, notre héros se trouve en possession d'étrange capacité physique hors-norme, lui permettant de faire des sauts de plusieurs mètres, ou avoir une force herculéenne. Malheureusement, un conflit règne entre deux peuples sur la planète rouge "Barsoom", ainsi dénommée par ses habitants. Parmi ces créatures étranges, le terrien fera la connaissance de la sublime princesse d'Hélium, Dejah Thoris, promis en mariage à l’ignoble et cruel, Sab Than, seigneur de Zodanga.

John Carter est réalisé par l'oscarisé Andrew Stantow, responsable chez Pixar Animation Studios du Monde de Némo & Wall-E, il s'agit d'une libre adaptation de l'oeuvre de Edgar Rice Burroughs. Le cinéaste installe le romancier dans son récit, idée narrative employée par John Huston dans L'homme qui voulut être roi avec la présence de Rudyard Kipling, auteur du livre de la Jungle. Le réalisateur prend le temps de poser son personnage et l'univers riche des romans, nous ne sommes pas dans un blockbuster Hollywoodien bourré de testostérone, d'action à gogo.

Le personnage de John Carter est un ancien capitaine confédéré, homme traumatisé, en colère contre le monde, avoir combattu pour une guerre stupide, et la perte de deux êtres chers. Préférant partir à la chasse au trésor, que combattre. Après avoir touché au but, il se retrouve propulsé sur Mars, dans une lutte armé entre deux camps, le spectateur se retrouve devant la figure typique du héros réticent, au coeur d'un conflit qui n'est pas le sien, au fur et à mesure, il finira par épouser une noble cause pour la liberté. Thématique classique du protagoniste cherchant une nouvelle identité et quête pour continuer à vivre.

Cette introduction de vingt minutes est bien évidement un hommage au Western, genre mythique du cinéma Hollywoodien qui n'est plus à la mode dans la Mecque de la Côte Ouest et semble donc dépassé ou obsolète pour les non-cinéphiles. Les environnements désertiques et arides ne sont donc pas propre à l'émerveillement comme l'est Avatar de James Cameron, un contexte géopolitique qui sert d'analogie avec le conflit Américain entre les Sudistes, les Nordistes & les Indiens au milieu sans oublier le traumatisme du héros et quelques scènes violentes... 

Des exemples ? La scène de décapitation (hors champ certes mais on voit la tête tomber au sol); le traumatisme purement "westernien" du héros, le tout raconté en image (jamais expliqué par le personnage) en une seule et unique scène où John Carter se retrouve seul face à une horde se mettant alors à déployer toute sa rage grâce à ses talents "augmentés" de guerrier dans ce qui peut se voir comme une séquence jouissive de violence exutoire où le montage alterné enchaîne des plans de gerbes de sang certes "bleu" mais ça reste du sang, un choix compréhensible : Étant PG-13, il ne pouvait pas finir Rated et il s'agit d'extraterrestres... Les flash-back sur Terre découvrant les corps de sa femme et sa fille inertes puis nous le retrouvons de nouveau sur Mars à taillader des dizaines de Martiens et enfin, l'enterrement, John Carter tombe à genoux pour finir sur les cadavres qui s'entassent autour de notre héros qui finit par être noyé sous une horde de martiens enragés. Chaque coup donné est un coup de pelle. Ainsi John Carter enterre son passé à ce moment précis.

Une véritable scène d'Héroic-Fantasy comme on n'en voit pas tous les vingt ans dans les salles obscures, surtout dans un film estampillé Walt Disney Company. Puissante, évocatrice, poétique, violente. Surprenant ! Une Belle idée de montage et de narration par l'image. Le choix musical est assez atypique puisque au lieu d'un thème héroïque ou guerrier, Michael Giacchino signe un morceau bouleversant, correspondant à l'état mental du personnage a son traumatisme plus qu'au combat.

Au début de John Carter, une fois notre héros sur Mars, on découvre un nid de Tharks, les martiens "verts" et que découvre le spectateur ?! Le peuple "héros" dont le chef, qui deviendra ami avec John Carter, autorise ses hommes à tuer les bébés de leur propre espèce parce qu'ils sont faibles, une coutume rappelant la mythologie Spartiate. Plus tard, une fois dans leur village, on remarque que leur mode de vie tribal est assez violent : À chaque "faute" commise par un des membres de la communauté, celui-ci se voit marquer au fer rouge. La seconde héroïne Thark en est recouverte et l'accepte…

Andrew Stantow effectue un véritable travail sur ses personnages, leurs différents traumas, les rapports du père Tars Tarkas et de sa fille Sola, mais également de l'autorité entre le chef de tribu et sa communauté soumise. L'aspect mythologique est bien écrits avec ses mythes et légendes. Les différents peuples ont des divinités comme les déesses des tribus barbares possédant des sanctuaires et hôtels pour les vénérer.

Le long-métrage ne tombe jamais dans une critique de ces coutumes, de la mentalité des peuples, l'oeuvre d'Andrew Stantow ne juge pas.

Le cinéaste ne se précipite jamais dans les travers d'un récit moraliste sur le féminisme, ni l'idéalisation avec le fameux mythe du "bon sauvage", Andrew Stantow ne se permet pas de juger les peuples dont il narre le récit. Ce long-métrage est donc bien loin d'entrer dans le carcan des Blockbusters édulcorés. Avatar était un grand film en tout point comparable à John Carter puisque les deux mettaient en scène un "Planet-Opera" un genre rare dans les salles obscures. Si James Cameron a mis des moyens démesurés dans son oeuvre : Gros budget, grande histoire universelle, mise en scène impeccable, personnages caractérisés - même si clichés -  et surtout, son film profitait du renom du réalisateur de Titanic sans oublier sa sortie en Décembre 2009. 

Succès à la clé parce qu'Avatar est un long-métrage qui fait "rêver" et qui idéalise les peuples premiers. Les Na'avis sont parfaits, les Tharks de John Carter sont l'opposé radical : Ils vivent en tribus certes mais leurs coutumes ne sont ni lisses ni joyeuses. Le film de James Cameron est plutôt pro-tribalisme alors que le message d'Andrew Stantow est plutôt inverse : Le retour du tribalisme signe l'arrêt de mort de Barsoom. Le spectateur a plus l'envie d'être un Na'avi alors qu'un Thark... 

Le contexte géographique et géopolitique des deux oeuvres est à peu près le même : Une planète entrain de mourir à cause de la guerre aveugle les espèces de Mars. Deux peuples "civilisés", riches, bénéficiant d'une technologie avancée s'opposent à des tribus mais les cités dévorant ce monde s'opposent entres elles à cause des Therns, des faux-religieux qui peuvent voyager de planète en planète et qui n'ont pas de cause. Ils sont éternels et manipulent des peuples pour gérer des planètes . Comme l'explique le leader Thern, ce sont les hommes qui s'entretuent, qui délaissent leur planète et se divisent une fois que la surpopulation explose. De plus, à force de piller le "radium" nécessaire à leurs propres vaisseaux, les martiens épuisent leur environnement. Les océans sont desséchés, détail peu mis en avant dans le long-métrage sauf dans l'ouverture, et la princesse de Mars est sur le point de trouver une solution pour redorer le blason de sa planète (encore une fois, le rapprochement avec Avatar est justifié : Radium / unobtainium).

Conflits, choc des civilisations, écologie… Andrew Stanton reste assez discret et n'en dit pas trop aux spectateurs, cela peut en gêner certains d'entre-vous d'ailleurs. On remarque les enjeux, tout est là devant nos yeux mais on comprend que ce John Carter a été pensé pour être la première pierre d'une trilogie.

L'introduction sur Terre de John Carter, est un réussite, le coté western, nous montre le charisme du personnage, interprété par Taylor Kitsh. Avec ce premier quart d'heure, Andrew Stantow nous montre l'école Pixar Animation Studios, cette mise en abîme, grâce au mouvement et à l'image. La découverte de la planète Mars est une réussite visuelle, possédant des plans en score d'une beauté saisissante. Le long-métrage est brutal, élément normal dans un conflit armé, avec à l'écran du sang, des amputations et décapitations, une violence graphique inhabituel dans une production Walt Disney Company, le ton est beaucoup adulte et dur. Le side-kick comique, un chien extraterrestre ultra-rapide, est intelligemment utilisé dans la mise-en-scène, contrairement à Jar-Jar Binks dans Star Wars - La Menace Fantôme.

Andrew Stantow arrive à pénétrer le spectateur dans ce film, univers magnifique et grandiose. John Carter est une oeuvre épique et magistrale de la science-fiction fantasy à voir absolument. Dommage que la communication raté et évasive de Walt Disney Company, a tuer plus ou moins les futures suites de ce chef-d'oeuvre ...




1 commentaire:

  1. ‎... On est d'accord. Pour ma part, contrairement aux mauvaises critiques de l'Expres, les Inroks et Télérama, en bon fan de "Space Opera" j'ai surkiffé ce Film d'Andrew Staton, pour la qualité de l'Histoire, des Personnages, la pureté du Graphisme et des Scènes d'Action. Bref comment peuvent-ils critiquer le manque d'originalité, alors que c'est tiré des Romans(1912-1917) de E.R Burroughs, qui a inspiré la plupart des films SF. Concernant le casting, je pense que Mark Strong prouve une fois de + qu'il est 1 excellent "Bad Guy". J'ai aussi trouvé "Lynn Collins" troublante et "Taylor Kitsch" très convaincant pour porté ce rôle, même si mercatiquement il est toujours préférable d'avoir une vraie tête d'affiche pour lancer une nouvelle Franchise... Malheureusement comme tu l'as annoncé, il ne risque pas d'y avoir de suite, au même titre que les très bons "Cowboys & Aliens", "Eragon" ou la "Boussole d'Or". Car même si le Film a marché, les dépenses Prod/Promo étaient tellement importantes, qu'il était contraint de faire un score à la "Dark Knight"...lol... C'est pourtant pas faute que ce film ait fait en France un score honorable, de presque 1Million d'entrées. D'ailleurs pour le soutenir je l'ai vu 3fois au ciné, dont une fois avec mes neveux...lol. Donc j'espère que Alexandre Aja, aura plus de chance pour imposer "Cobra", qu'il compte adapté à l'écran sous forme d'une Trilogie...

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